Affaire Greensill: Credit Suisse aurait ignoré des alertes internes

AWP

2 minutes de lecture

Selon Bloomberg, des experts de la grande banque avaient fait part dès 2016 de soupçons quant à certaines transactions. Les investisseurs restent de marbre.

Le débâcle de la société britannique de services financiers en faillite Greensill et ses liens avec le magnat britannique de l’acier Sanjeev Gupta continuent de ternir l’image de Credit Suisse et de sa direction. Selon Bloomberg, les dirigeants du numéro deux bancaire helvétique auraient ignoré des avertissements internes quant à l’endettement de la constellation d’entreprises de M. Gupta.

Citant vendredi des sources proches du dossier, Bloomberg affirme que des banquiers de Credit Suisse spécialisés dans le financement du négoce de matières premières avaient placé dès 2016 la firme Liberty Commodities, une société du groupe Gupta, sur une liste noire. Ces experts avaient fait part de soupçons quant à certaines transactions du groupe.

Deux ans plus tard, ayant appris l’octroi d’un prêt à Liberty Commodities via plusieurs fonds de placements communs avec d’autres instituts financiers, l’unité de financement de négoce a fait part de ses préoccupations à ce sujet au service de conformité de Credit Suisse ainsi qu’au département en charge des crédits, selon Bloomberg. En avril dernier, la banque aux deux voiles a indiqué que GFG Alliance, la holding familiale de M. Gupta, devait 1,2 milliard de dollars aux fonds Greensill.

Credit Suisse avait une exposition de quelque 10 milliards de dollars par le biais de quatre fonds pour le compte d’investisseurs dans lesquels la banque avait placé des titres de dette émis par Greensill. Credit Suisse représentait le principal créditeur de Greensill, devant le japonais Softbank, alors que GFG Alliance et Liberty devaient des milliards de livres à la société financière en faillite.

Sous la menace d’actions en justice

Déjà sous pression dans cette affaire, Credit Suisse a indiqué à Bloomberg par la voix d’une porte-parole basée à Londres vouloir se concentrer sur le remboursement des fonds investis dans les instruments financiers de Greensill. Mardi dernier, la banque de la Paradeplatz zurichoise a indiqué afficher encore un montant de 5,9 milliards de dollars (5,3 milliards de francs) investi dans ces fonds dits «Supply Chain Finance Funds» (SCFF), soit plus de la moitié du total.

L’établissement avait alors annoncé la présentation d’un nouveau point de la situation concernant les fonds Greensill pour la fin mai ou début juin. Après avoir fait part début mars de la liquidation de ces fonds, il avait effectué un premier remboursement de 3,1 milliards de dollars en date du 26 février, suivi d’un deuxième de 1,7 milliard le 15 avril.

Alors que l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a ouvert une enquête en vue d’analyser «les indices de manquements dans la gestion des risques» de Credit Suisse, un fonds de pension américain, City of St. Clair Shores Police & Fire Retirement System, a porté plainte contre la banque.

Fin mars, la société londonienne Alcimos avait indiqué envisager une procédure contre le numéro deux bancaire helvétique et chercher des investisseurs pour se joindre à une plainte collective. Elle a cet effet mandaté deux cabinets d’avocats, dont Chabrier Avocats à Genève, pour examiner d’éventuelles réclamations émanant d’investisseurs concernés par les véhicules d’investissements SCFF.

Dans son rapport annuel, Credit Suisse a évoqué une éventuelle action en justice intentée par différents investisseurs. Un cabinet d’avocats américain spécialisé dans les plaintes collectives a annoncé rechercher des personnes ayant pâti de la déconfiture de Greensill et prêts à en découdre devant les tribunaux.

L'action Credit Suisse a clôturé vendredi en progression de 0,9%, alors que l'indice SMI a augmenté de 0,76%.

La rupture des relations avec Softbank serait au programme
Credit Suisse souhaite mettre un terme aux relations commerciales avec le groupe bancaire japonais Softbank, a rapporté vendredi l’agence Bloomberg. Softbank était un partenaire commercial important de Greensill Capital en faillite. 
Selon l’agence, la banque aux deux voiles ne fera plus d’affaires avec le groupe japonais, s’appuyant sur des personnes informées. Cela concerne principalement la banque d’investissement de Credit Suisse. Contacté par AWP, un porte-parole de Credit Suisse n’a pas voulu faire de commentaire à propos de la dépêche de Bloomberg.
Plusieurs entreprises du portefeuille de Softbank ont obtenu des prêts via les fonds de financement que Credit Suisse avait mis en place avec Greensill Capital, selon Bloomberg. Simultanément, Softbank a aussi investi en partie dans les fonds Greensill de Credit Suisse. Le groupe japonais est en outre un important créancier de Greensill Capital en faillite. 
Pour rappel, début mars, Credit Suisse avait une exposition de quelque 10 milliards de dollars par le biais de quatre fonds pour le compte d’investisseurs dans lesquels la banque avait placé des titres de dette émis par Greensill. Mardi dernier, la banque de la Paradeplatz a indiqué afficher encore un montant de 5,9 milliards de dollars investi dans ces fonds dits «Supply Chain Finance Funds» (SCFF), soit plus de la moitié du total.

A lire aussi...