UBS réduira davantage ses coûts, et dans un délai plus court

Yves Hulmann

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Avec 3000 postes supprimés en Suisse, l’impact sur l’emploi dans notre pays sera cependant moins marqué que redouté initialement.

©Keystone

Lors d’une conférence de presse très attendue jeudi à Zurich, Sergio Ermotti, le directeur d’UBS, a oscillé entre propos offensifs concernant les ambitions de l’établissement en Suisse et à l’international et justification du choix d’intégrer pleinement les activités helvétiques de Credit Suisse au sein du nouveau groupe bancaire. La décision d’opter pour une intégration complète de l’entité helvétique de Credit Suisse au sein d’UBS d’ici à 2025 n’a pas été prise à la légère, a assuré Sergio Ermotti.

Sept options ont été évaluées en tout, a souligné le directeur qui a repris les rênes de la banque en mars dernier après avoir déjà dirigé UBS tout au long de la dernière décennie. Qu’il s’agisse d’une cotation en bourse séparée de la division helvétique, d’une vente ou d’une intégration partielle, tous les scénarios ont été soigneusement analysés. Au final, il en est ressorti que l’intégration complète de Credit Suisse au sein d’UBS était la «meilleure solution, pas seulement pour les actionnaires mais aussi pour l’ensemble des parties impliquées ainsi que pour l’économie suisse», a assuré le Tessinois.

3000 postes seront supprimés en Suisse

Côté effectifs, l’impact sur l’emploi de l’intégration complète de Credit Suisse au sein du nouveau groupe bancaire n’a été précisé que pour la Suisse. En tout, ce sont 3000 postes qui seront supprimés en Suisse, soit un nombre très en-deçà des estimations allant jusqu’à 10'000 postes qui avaient circulé ces derniers mois. L’occasion aussi pour Sergio Ermotti de préciser que sur les 3000 postes supprimés, seuls 1000 emplois biffés le seront en raison de la décision d’intégrer entièrement les activités helvétiques de Credit Suisse au sein d’UBS.

En tout, UBS comptait quelque 20'000 collaboratrices et collaborateurs en Suisse, Credit Suisse environ 16'000.

Regrettant que chaque perte d’emploi est douloureuse, Sergio Ermotti s’est voulu rassurant en soulignant que plusieurs facteurs contribueront à atténuer les conséquences sur l’emploi du rachat de Credit Suisse par UBS. D’une part, il y a les fluctuations naturelles de personnel. D’autre part, le groupe recourra moins à des prestataires externes («contractors»), ce qui réduira la pression sur le personnel.

Pas d’indication sur les suppressions de postes au niveau global

Sur un effectif cumulé de 119'000 personnes à fin juin pour les deux entités, combien de postes pourraient être supprimés ces prochaines années au sein du nouveau groupe ? Sergio Ermotti s’est refusé à avancer un quelconque nombre d’emplois, affirmant même qu’il s’agissait de la mauvaise manière d’approcher le problème. Toujours est-il que quelques indications fournies par le directeur financier (CFO), Todd Tuckner, ont permis d’apporter un peu de clarté concernant l’évolution des effectifs du groupe: selon ce dernier, quelque 8000 collaborateurs ont déjà quitté la banque durant la première moitié de l’année, dont environ la moitié aux Etats-Unis et en Asie.

10 milliards d’économies visées d’ici à 2026

Si son directeur s’est refusé à fournir des indications sur les suppressions d’emplois à venir au niveau du groupe, UBS a revu à la hausse ses prévisions de réduction des coûts au cours des prochaines années. Au lieu des 8 milliards de dollars d’économies devant être réalisées d’ici à 2027 communiqués auparavant, UBS vise désormais 10 milliards de dollars de réduction des coûts mais d’ici à 2026, comme le groupe l’a indiqué en présentant ses résultats jeudi.

Aucun ratio de fonds propres ne remplace la confiance

Au final, la conférence de presse organisée à l’occasion de la publication des chiffres à fin juin a aussi été l’occasion pour Sergio Ermotti de s’exprimer sur ce qu’il considère comme le véritable capital d’une banque, à savoir la confiance de ses clients. A la question de savoir si le groupe bancaire, qui gérait à fin juin des actifs totalisant 5530 milliards de dollars, accepterait des exigences de ratios de fonds propres plus élevés compte tenu de sa taille accrue, le directeur d’UBS a relativisé le rôle de la régulation dans la stabilité d’un établissement. «Aucune exigence de capital ou de liquidité ne peut remplacer la confiance», a conclut Sergio Ermotti.

Sergio Ermotti: «Les conseillers à la clientèle qui quittent une banque n’emmènent pas plus de 20% des avoirs»

UBS devrait-elle s’inquiéter des nombreux départs de conseillers à la clientèle qui quittent Credit Suisse pour rejoindre d’autres établissements? «En moyenne, les conseillers à la clientèle qui quittent une banque ne parviennent à emporter avec eux que 20% des actifs», a relativisé Sergio Ermotti. Le directeur d’UBS ne minimise toutefois pas l’ampleur du défi qui attend la banque: «Ce ne sera pas facile, nous n’allons pas faire preuve de complaisance», a-t-il souligné. UBS ne ménagera «aucun effort» pour récupérer les actifs qui ont quitté Credit Suisse en raison de la fragilité de la banque depuis l’automne dernier.

Les afflux nets d’argent frais chez UBS ont rassuré les investisseurs

Du côté des analystes, ceux-ci ont été visiblement rassurés par les afflux de fonds enregistrés par UBS au cours du deuxième trimestre. Dans son activité principale de gestion de fortune, l’unité Global Wealth Management, la banque a enregistré un afflux net record de capitaux depuis plus de dix ans pour un deuxième trimestre, soit 16 milliards de dollars entre avril et juin. Citigroup a relevé que la capitalisation et l'apport net d'argent frais étaient meilleurs que prévu. A la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Michael Klien a mis en évidence l'afflux net d'argent frais de 16 milliards de dollars chez UBS au deuxième trimestre. Au total, les afflux nets de dépôts de la nouvelle UBS se sont même élevés à 23 milliards de dollars.

Dans tous les cas, les chiffres publiés jeudi par UBS et les annonces concernant l’intégration de Credit Suisse ont convaincu les investisseurs. Jeudi, l’action d’UBS a terminé la séance en hausse de 6,05% à 23,5 francs, signant la meilleure performance au sein de l’indice SMI. – (YH)

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