La dette européenne à haut rendement a le vent en poupe

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

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La hausse de la charge d’intérêt moyenne devrait être graduelle et donc gérable pour la plupart des émetteurs.

Dans la perspective des baisses de taux des banques centrales, qui sont attendues dans le courant du second semestre, les investisseurs sont plus que jamais à la recherche de classes d’actifs susceptibles de leur permettre de continuer à profiter des taux élevés actuels au cours des prochaines années.

A cet égard, nous estimons que la dette européenne à haut rendement est l’une des options qui mérite d’être considérée.

Excellents fondamentaux

Les fondamentaux de cette classe d’actifs sont en effet solides puisque d’une part, 67% du marché est noté BB*, soit l’une des plus haute notation de l’univers «haut rendement», et d’autre part, elle bénéficie du fait que les entreprises se sont peu endettées ces dernières années, dans la mesure où la pandémie de Covid et l’invasion de l’Ukraine les ont contraint à protéger leurs bilans. En outre, puisqu’il s’agit d’un marché à taux fixe, les coûts d’emprunt des entreprises européennes à haut rendement sont restés relativement contenus malgré la hausse marquée des taux obligataires au niveau mondial. Ainsi, le coupon moyen pondéré sur ce marché s’élève actuellement à seulement 4,0%*.

Dans l’univers du haut rendement européen, nous pensons que c’est le secteur immobilier qui subira les défauts les plus nombreux.

Risques liés au mur de la dette

La principale crainte des investisseurs au sujet du marché européen des emprunteurs à haut rendement porte sur sa capacité à faire face au «mur de refinancement la dette» qui se profile, puisque 44% du marché actuel devra être refinancé d’ici la fin 20261. Cependant, 65% de la dette arrivant à échéance ces deux prochaines années est notée BB3, soit une notation élevée, ce qui devrait permettre aux émetteurs de se refinancer aisément sur les marchés obligataires. La hausse des coûts de financement devrait néanmoins entrainer une augmentation du taux défaut à environ 2,5%, soit un niveau plus élevé que l’année dernière et légèrement supérieur à la moyenne à long terme en Europe (1,6%2). Dans l’univers du haut rendement européen, nous pensons que c’est le secteur immobilier qui subira les défauts les plus nombreux.

Facteurs techniques positifs

Les facteurs techniques ont clairement été l’un des principaux facteurs de soutien au marché européen à haut rendement en 2023. En effet, malgré une demande stable, la faiblesse des émissions nettes et le grand nombre d’«étoiles montantes» (titres passant des catégories High Yield à la catégorie supérieure Investment Grade) ont nettement réduit la taille du marché.

En 2024, l’offre devrait rester faible, dans la mesure où la majorité des émissions obligataires sera encore utilisée pour renouveler des obligations existantes, arrivant à échéance. Du coté de la demande, nous nous attendons en revanche à ce que celle-ci se renforce en 2024 compte tenu des perspectives de baisses de taux des banques centrales.

Valorisations

Après leur baisse fin 2023, les spreads des obligations européennes à haut rendement sont actuellement proches de leur moyenne sur 10 ans. Ils restent toutefois supérieurs à leurs homologues du marché américain, lequel présente pourtant une qualité de crédit moyenne inférieure. En outre, cette comparaison des spreads historiques doit être ajustée pour tenir compte de la duration qui est actuellement extrêmement courte (3,6 ans jusqu’à l’échéance contre une moyenne de 4,8 ans sur 10 ans)*.

Enfin, les rendements globaux («all-in»), qui se situent dans le 85e centile sur les 10 dernières années, demeurent élevés*. Compte tenu de la configuration actuelle (faible duration et rendements élevés), il faudrait une augmentation d’environ 230 points de base* des taux pour neutraliser le portage annualisé actuel de l’indice.

Conclusion

Bien que les besoins de refinancement des emprunteurs obligataires à haut rendement vont augmenter au cours de prochaines années et conduire à une augmentation de leurs coûts de financement et du taux de défaut, nous estimons que la hausse de la charge d’intérêt moyenne devrait être graduelle et donc gérable pour la plupart des émetteurs.

Par ailleurs, les bons fondamentaux des émetteurs de crédit à haut rendement conjugués à une situation technique favorable, caractérisée par une offre stable et une demande en hausse, devraient également soutenir ces marchés.

Enfin, la perspective des baisses de taux des banques centrales et d’un atterrissage en douceur de l’économie mondiale, devraient pousser les investisseurs à privilégier cette classe d’actifs afin de pérenniser les rendements obligataires élevés actuels.

 


* Source: Bloomberg, 22 janvier 2024.
1 Source: Banque d’investissement de J.P. Morgan : Recherche sur le crédit européen, 31 décembre 2023. Les données excluent les émissions bancaires et hybrides.
2 J.P. Morgan. Données au 31 décembre 2023. L’univers de calcul des défauts repose sur le pourcentage en valeur nominale de l’univers des obligations d’entreprises à haut rendement (hors financières) en EUR et GBP. Les défauts comprennent le non-paiement de coupon, les restructurations et les opérations d’échange d’émetteurs en difficulté (distressed).

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