Du «Trump(et) Show» à la «Commedia dell'Arte»...

Damien Weyermann, Decalia Asset Management

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Maintien du scénario macro global malgré la résurgence des incertitudes géopolitiques qui touchent la périphérie de l'Europe.

  • Economie mondiale en phase de décélération - Découplage progressif entre l'UE et les Etats-Unis en faveur de ces derniers.
  • Recrudescence des risques géopolitiques - Couche d'incertitude supplémentaire avec la périphérie européenne à nouveau dans le viseur.
  • Période de turbulences à haute altitude loin d’être terminée - Mais pas (encore) de tempête en vue pour les marchés.

Malgré la résurgence des incertitudes géopolitiques qui touchent la périphérie de l'Europe (Italie et Espagne), nous maintenons notre scénario macro global inchangé dans les grandes lignes, après avoir déjà adopté un ton plus prudent le mois dernier. En effet, la décélération récente de l'économie mondiale (ex. mauvaises surprises économiques) et le ralentissement des révisions à la hausse des bénéfices des entreprises, associés à la poursuite du resserrement des politiques monétaires des grandes banques centrales, avaient déjà été autant de signaux d’alerte. Certes, la couche supplémentaire d'incertitude liée aux tensions politiques en Italie et, dans une moindre mesure, en Espagne, devrait entraîner une volatilité accrue du marché, mais comme nous avons pu en faire l'expérience dans le passé, nous ne nous attendons pas que de tels événements fassent dérailler le scénario de base sous-jacent. Cela dit, même si nous ne prévoyons pas une tempête sur les marchés financiers mondiaux à court terme, nous devons néanmoins nous préparer à une nouvelle période de turbulence à haute altitude, au fur et à mesure que les nuages s’accumuleront pendant cette dernière étape du cycle économique. En effet, alors que situation générale demeure saine actuellement, la détérioration progressive des fondamentaux augure néanmoins d’une phase de transition inéluctable. Dans ce contexte, nous restons constructifs pour les mois à venir mais recommandons une approche toujours plus sélective en matière de régions, secteurs, et titres, tout en continuant à prendre des bénéfices de manière opportuniste.

Les fondamentaux du marché des actions
sont encore loin des niveaux plancher et restent globalement sains.

A ce stade, nous maintenons donc une allocation de portefeuille «Neutre» pour les actions. Il faut bien admettre que tant les dernières tendances du cycle que les tensions géopolitiques susmentionnées (Italie / Espagne, Russie, Iran, guerres commerciales) justifient une plus grande prudence, alors que la décélération de la croissance économique, l'inflation grandissante, les banques centrales, et la hausse des taux d'intérêt laissent dorénavant entrevoir la fin de la période «Goldilocks» récente. Cependant, les fondamentaux du marché des actions sont encore loin des niveaux plancher et restent globalement sains, notamment grâce à des politiques monétaires encore accommodantes, à une croissance toujours solide des BPA et à des niveaux de valorisation plus abordables désormais, le tout plaidant encore pour un positionnement constructif à court terme. A ce titre, nous anticipons donc toujours une hausse cahoteuse des marchés boursiers pour la fin de cette année, typique des fins de cycle, reflétant principalement la dynamique positive des bénéfices sous-jacents. C'est dans ce contexte que nous avons récemment ramené à Neutre notre allocation en actions de la zone euro et continuons à privilégier une approche sectorielle équilibrée avec un léger biais procyclique.

Concernant le marché obligataire, nous gardons notre vue prudente inchangée dans la mesure où 2018 devrait constituer un vrai tournant pour les politiques monétaires mondiales. Ainsi, même après la récente hausse des rendements nominaux et réels, nous percevons toujours un risque de baisse non-négligeable par rapport aux niveaux actuels. Cela dit, nous maintenons une position stratégique en bons du trésor américain à 10 ans comme couverture contre la tourmente géopolitique. Enfin, le renforcement récent de l'USD a certes exercé une pression sur les marchés émergents mais nous restons positifs sur la dette, tant en monnaie locale qu’en devise forte, au vu de l’amélioration graduelle des fondamentaux, les crises actuelles en Argentine et en Turquie restant contenues.

Force est de constater que les fluctuations monétaires continuent à jouer avec les nerfs des investisseurs. Nous avons récemment remonté à Neutre notre perspective à court terme sur le dollar, au vu notamment du découplage favorable de la dynamique économique américaine (versus l'UE), des dernières turbulences politiques maintenant l'euro sous pression, d’un différentiel de taux d'intérêt plus attractif, ainsi que du positionnement toujours extrême des investisseurs en EUR (très nombreuses positions «long»). Cependant, à moyen terme, nous conservons notre préférence pour l'EUR par rapport au CHF et au USD, la monnaie européenne bénéficiant toujours de sa valorisation relative plus attractive (PPP), de l'excédent actuel des comptes courants en Europe et d’une hausse prochaine des taux directeurs par la BCE.