Banques suisses: l’essor d’acteurs de niche se poursuit

Yves Hulmann

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A l’ombre des géants, plusieurs établissements spécialisés abordent l’année 2019 d’un bon pied. Potentiel de rebond aussi pour Credit Suisse et UBS.

©Keystone

2018 a-t-elle été vraiment une année noire pour les valeurs financières helvétiques? Si la dégringolade des actions des grands groupes bancaires helvétiques durant le quatrième trimestre a marqué les esprits, le bilan apparaît plus nuancé si l’on considère l’ensemble des titres du secteur. Même si à fin 2018, les actions d’UBS (-29%), de Credit Suisse (-37%) et de Julius Bär (-40%) figuraient en queue de peloton du SMI, plusieurs moyennes capitalisations bancaires se sont nettement mieux sorties d’affaires.

Bonne tenue des banques cantonales

C’est le cas de plusieurs établissements cantonaux, à l’exemple, de l’action de Banque cantonale du Valais (BCVS) qui a compté parmi les dix meilleures performances au sein de l’indice SPI ou de la banque en ligne Swissquote, tous deux en hausse de plus de 20% l’an dernier en incluant les dividendes. D’autres banques cantonales, comme celle de Genève (+17%) ou de Berne (+9%) sortent aussi la tête haute de l’année écoulée, tandis que le titre de la Banque Cantonale Vaudoise (BCV) a stagné l’an dernier. En 2019, ces établissements, diversifiés d’un point de vue sectoriel et bénéficiant d’une forte position dans leur aire géographique d’origine, disposeront toujours de bonnes cartes pour tirer parti de la croissance positive attendue pour l’économie helvétique.

Le spécialiste de la banque de détail Valiant
a poursuivi son expansion l’an dernier.

Dans un segment proche de celui des banques cantonales, le spécialiste de la banque de détail Valiant a, lui, poursuivi son expansion l’an dernier. Une majorité d’analystes continuent de recommander l’action du groupe bernois à garder ou à accumuler.

Dans des créneaux plus spécifiques, Swissquote a fait état, jeudi, d’une hausse de 14% de son produit d’exploitation et de 16% de son bénéfice d’exploitation, profitant notamment de l’essor des activités liées aux crypto-monnaies l’an dernier. Si l’annonce de ces résultats partiels a obtenu un accueil mitigé sur les marchés, les analystes se montrent au début de 2019 globalement toujours positifs à propos des perspectives de la société vaudoise.

Les paris sur Leonteq sont ouverts

S’agissant des gérants d’actifs, le tableau d’ensemble a été noirci par la déroute de GAM, dont le titre a perdu les quatre cinquièmes de sa valeur l’an dernier. Dans la gestion de fortune, le titre d’EFG International a, lui, perdu plus de 40% en un an. Malgré les signes de stabilisation observés pour ces deux titres au début de 2019, seule une minorité d’analystes osent recommander EFG International à l’achat - tandis qu’il n’y en aucun pour GAM.

Le titre de Leonteq a perdu le tiers de sa valeur l’an dernier.

Les avis sont plus partagés à propos du spécialiste des produits dérivés Leonteq, dont le titre a perdu le tiers de sa valeur l’an dernier. La société a fait les frais notamment d’une augmentation de capital annoncée en juillet et d’un changement à la direction. Si une majorité d’analystes maintiennent le titre à «garder», l’action de la société zurichoise bénéficie désormais à nouveau de quelques recommandations à l’achat.

Rebond modéré attendu pour CS et UBS

Credit Suisse et UBS ont mieux commencé l’année qu’ils n’ont terminé la précédente. Si les deux grandes banques ont adapté leur modèle d’affaires aux nouvelles exigences réglementaires, réduit leurs risques et diminué leur base de coûts ces dernières années, cela n’a pas, jusqu’ici, suffi à convaincre les investisseurs de revenir vers ces titres qui semblent en partie souffrir du désintérêt des gérants pour les valeurs bancaires européennes, au profit de leurs rivales américaines.

Paradoxalement, c’est des Etats-Unis qu’est venu récemment un soutien pour les deux titres. Lundi, Merrill Lynch a certes abaissé son objectif de cours sur l’action de Credit Suisse à 16 francs (contre 19 francs auparavant) et sur celle d’UBS à 17 francs (20 francs précédemment). Toutefois, comparé aux cours respectifs de 11,6 francs pour Credit Suisse et de 12,9 francs pour UBS jeudi, le potentiel de hausse n’est pas négligeable. Au sujet d’UBS, JP Morgan Chase & Co a annoncé cette semaine maintenir son objectif de cours à 20 francs, tandis que RBC le situe à 17 francs.
 

Note de la rédaction: cet article est le dernier de notre série «La Suisse en 2019».
Première partie: 
En phase de décélération
Deuxième partie: Actions suisses: place aux défensives
Troisième partie: Sortie des taux négatifs? Pas pour tout de suite
Quatrième partie: La hausse des surfaces vacantes n’effraie pas encore les investisseurs

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