Embargo sur le pétrole russe: Zelensky appelle les 27 à arrêter les «querelles»

AWP

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Les dirigeants européens tentent de trouver un accord à Bruxelles. La Hongrie, jusqu’ici opposée au blocus, se verrait proposer une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé lundi les dirigeants de l’UE réunis en sommet à «cesser leurs querelles» pour adopter rapidement un sixième paquet de sanctions contre Moscou, en particulier un embargo sur le pétrole russe bloqué par Budapest.

«Les querelles en Europe doivent cesser (...), l’Europe doit montrer sa force. Car la Russie ne comprend que l’argument de la force», a déclaré le dirigeant ukrainien par visioconférence.

Contrairement à sa dernière intervention vidéo lors d’un sommet européen en mars au cours de laquelle il s’en était pris au premier ministre hongrois Viktor Orban, il s’est gardé de stigmatiser quiconque.

«Je n’accuse aucun d’entre vous», a-t-il dit. «Ce qui arrive est uniquement la faute de l’Etat russe».

Les dirigeants européens tentaient à Bruxelles de trouver un accord sur un embargo progressif d’ici la fin de l’année frappant le pétrole russe, qui permettrait d’adopter le 6e paquet de sanctions. Mais la Hongrie a conditionné son feu vert à des garanties sur son approvisionnement.

Le projet de conclusions du sommet, consulté par l’AFP, prévoit l’adoption «sans délai» du nouveau train de sanctions, incluant cet embargo, «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc» afin de lever le veto de Budapest. L’extension de l’embargo aux livraisons par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible».

«On est confiant et déterminé (sur un accord). Maintenant il y a toujours une inconnue qui est Viktor Orban», a reconnu le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de l’UE.

Le dirigeant souverainiste hongrois a dès son arrivée posé de nouvelles exigences. «Il n’y a pour l’instant pas de compromis» acceptable, a-t-il averti, réclamant des assurances en cas de coupure de l’oléoduc Droujba qui approvisionne son pays en passant par l’Ukraine.

La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole acheminé par Droujba. Elle s’était opposée à la proposition initiale d’un embargo, à moins de bénéficier d’un délai d’au moins quatre ans et d’environ 800 millions d’euros de financements européens pour adapter ses raffineries.

Elle réclame maintenant de pouvoir être approvisionnée en pétrole russe par voie maritime si l’arrivée par oléoduc venait à être arrêtée. «C’est la garantie dont nous avons besoin», a lancé M. Orban.

Concurrence faussée?

L’unanimité est requise pour l’adoption des sanctions. Le projet de conclusions est soumis pour discussion aux chefs d’Etat et de gouvernement.

Selon un diplomate, un accord sur un embargo progressif cantonné au pétrole transporté par bateau (soit les 2/3 des achats européens de pétrole russe) pourrait être formellement entériné «probablement cette semaine» après un feu vert politique des dirigeants.

Des négociations auront lieu ensuite pour cesser aussi les importations via Droujba (1/3 des approvisionnements européens), dont la branche nord dessert Allemagne, Autriche et Pologne, et la branche sud Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Sans date butoir cependant.

Berlin et Varsovie se sont par ailleurs engagés à arrêter, même s’ils n’y sont pas contraints, leurs importations par Droujba, selon des sources européennes. Au total, c’est 90% des exportations de pétrole russe vers l’UE qui seraient touchés.

Pour Moscou, il est toutefois plus facile de trouver d’autres acheteurs pour ses exportations par tankers que par oléoduc.

La Première ministre estonienne Kaja Kallas se montrait circonspecte sur un accord lors de ce sommet. «Nous essaierons d’y parvenir d’ici le» prochain Conseil européen de juin, a-t-elle estimé, plaidant pour «une approche réaliste».

Des Etats membres redoutent que l’exemption de l’approvisionnement par oléoduc ne fausse les conditions de concurrence pour les achats de pétrole.

En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l’église orthodoxe russe, le patriarche Kirill.

Il comprend l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement du pays.

Le sommet de deux jours doit aborder les conséquences de la crise alimentaire liée à la guerre, la transformation énergétique du continent pour se passer du gaz russe et une proposition d’aide financière jusqu’à neuf milliards d’euros à l’Ukraine en 2022.

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