1er Mai: Alain Berset s’inquiète devant la hausse des inégalités

AWP

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A Zurich, des milliers de personnes, près de 10’000 selon les syndicats, ont participé au défilé du 1er Mai lundi matin. Parmi elles, un bloc issu des milieux d’extrême gauche a provoqué des dégâts matériels.

A Bienne pour le 1er Mai, Alain Berset s’est inquiété de l’augmentation des inégalités. Des manifestations ont déjà rassemblé des milliers de personnes à Zurich, Bâle et Aarau.

«Les inégalités sont aujourd’hui aussi extrêmes qu’au début du XXe siècle, c’est-à-dire qu’à l’époque où il n’y avait guère d’Etat social digne de ce nom», a relevé le président de la Confédération. A l’époque où «la politique et la société étaient marquées par la suprématie à peine contestée des plus forts économiquement. Une suprématie qui est à nouveau revendiquée aujourd’hui de manière plus décomplexée et plus forte».

L’augmentation des dépenses de base constitue depuis des années la plus grande charge financière pour les ménages, a-t-il relevé. Parmi les charges qui pèsent, le socialiste a cité les primes d’assurance maladie, qui ont fortement augmenté l’an dernier. «Nous devons trouver des solutions pour freiner la croissance des coûts et réduire le poids des primes», a-t-il affirmé.

Le chef du Département de l’intérieur (DFI) a aussi regretté que des questions importantes soient reléguées à l’arrière-plan, comme la lutte contre le réchauffement climatique, «pourtant urgente».

A Zurich, des milliers de personnes, près de 10’000 selon les syndicats, ont participé au défilé du 1er Mai lundi matin. Parmi elles, un bloc issu des milieux d’extrême gauche a provoqué des dégâts matériels.

A Bâle, un bon millier de personnes sont descendues dans la rue. La police a mobilisé un grand nombre d’agents sur place ainsi qu’un canon à eau. Elle a encerclé le bloc «bloc anticapitaliste» peu avant la place des banques pour procéder à des contrôles d’identité, a indiqué un officier.

A Aarau, le coprésident du PS Cédric Wermuth a appelé à lutter contre la pauvreté n’est pas sorcier, mais il faut le vouloir, a-t-il déclaré dans son discours du 1er Mai.

«Meilleurs salaires et meilleures rentes»

L’USS a organisé des manifestations du 1er Mai dans une cinquantaine de localités. Dans son appel du 1er Mai, la faîtière exige «de meilleurs salaires. De meilleures rentes. L’égalité maintenant !». Selon elle, les revenus de l’immense majorité de la population ne font que baisser. Tandis que les prix, les primes d’assurance maladie et les loyers augmentent, les salaires sont à la traîne et les retraites se réduisent.

Dans les métiers à majorité féminins, l’argent semble toujours manquer pour des salaires décents, dénonce encore l’USS. Et de qualifier «d’injure à tous les travailleurs et travailleuses» le soutien inconditionnel aux géants de la finance, en référence au récent sauvetage de Credit Suisse.

«Cohésion sociale en jeu»

La discrimination salariale des femmes préoccupe aussi Unia, pour lequel la conciliation entre vie professionnelle et vie privée est un parcours du combattant. L’augmentation de l’âge de la retraite contre la volonté des femmes n’est rien d’autre qu’une réduction des rentes, martèle le syndicat dans son appel du 1er Mai.

Sa vice-présidente Véronique Polito a aussi fustigé dans son discours le «cadeau du siècle» fait à UBS dans le cadre de la reprise de Credit Suisse, alors que classe moyenne et classe ouvrière souffrent toujours plus.

Pour Mme Polito, «c’est notre cohésion sociale qui est en jeu». «Le 1er Mai ne doit être qu’une première étape d’une mobilisation pour plus de justice sociale. La prochaine sera celle du 14 juin, la grève des femmes, pour laquelle j’invite toutes et tous à se mobiliser.»

Unia dénonce des hausses de salaires insuffisantes

Le syndicat Unia a dénoncé lundi, à l’occasion des manifestations du 1er mai, de la perte du pouvoir d’achat causée par des augmentations de salaire insuffisantes. L’égalité est également un sujet central des revendications.

«Ces dernières années, plutôt qu’à des avancées, on assiste à un recul au niveau des salaires, des rentes et de la répartition entre le travail rémunéré et non rémunéré», critique la faîtière syndicale.

«La population a de moins en moins de moyens pour vivre», estime le principal syndicat du pays. «La discrimination salariale reste considérable. La conciliation de la vie professionnelle avec la vie privée demeure un parcours du combattant. Les femmes continuent d’être discriminées à la retraite.»

Vice-présidente et responsable du secteur tertiaire d’Unia Véronique Polito se remémore le temps de la pandémie «où l’invisible était enfin devenu visible. Mais que s’est-il passé ensuite? Au lieu d’une hausse des salaires, l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes. Une sacrée gifle!»

Revalorisation demandée

Les salariés du second œuvre de toute la Suisse romande se regroupent en fin d’après-midi à Lausanne pour manifester, dans le cadre des négociations de leur convention collective de travail. Ils revendiquent de meilleurs salaires.

«Après onze ans de blocage salarial, il est grand temps de revaloriser les métiers du second œuvre romand», estime Bruna Campanello, membre du comité directeur d’Unia. «C’est une question de nécessité, mais aussi de respect envers ces travailleuses et travailleurs dont la colère est compréhensible.»

Symboliquement, certains manifestants entendaient remettre une râpe d’or aux associations patronales.

 

Les syndicats mettent en garde contre une aggravation de la crise du pouvoir d’achat

Lors de leurs discours du 1er mai, les dirigeants syndicaux ont mis en garde contre une aggravation de la «crise du pouvoir d’achat». De nombreux employeurs ne veulent même pas adapter les salaires à l’inflation, a relevé Pierre-Yves Maillard, président de l’USS.

Au lieu de cela, les élites économiques demandent une augmentation du temps de travail et de nouvelles hausses de l’âge de la retraite, a souligné le président de l’Union syndicale suisse (USS) à Interlaken BE et Yverdon-les-Bains VD, peut-on lire dans un communiqué. Cela n’a rien à voir avec la défense du bien commun.

M. Maillard a demandé une adaptation des salaires au coût de la vie, une augmentation des rentes AVS et une limitation des primes d’assurance maladie à dix pour cent du revenu net. Son programme n’est pas plus coûteux que celui des partis bourgeois et des milieux d’affaires. «Il est simplement plus juste», a-t-il estimé.

Etendre «l’AVS sociale»

A Thoune BE, l’économiste en chef de l’USS Daniel Lampart a demandé une extension de «l’AVS sociale». Cela alors que les employeurs veulent continuer à baisser les rentes dans le 2e pilier, a-t-il déclaré dans le contexte du référendum en cours contre la réforme des caisses de pension récemment adoptée par le Parlement.

La vice-présidente de l’USS et secrétaire générale du Syndicat des services publics (SSP) Natascha Wey a quant à elle appelé à Schaffhouse à une nouvelle offensive en faveur des revendications syndicales. En font partie l’égalité salariale, des salaires plus élevés pour les professions dites féminines et une meilleure conciliation entre famille et travail.

Pour l’USS, le 1er Mai sert également de prélude à la mobilisation pour la grève féministe du 14 juin.

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