La chronique des marchés de Vontobel au 26 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -2,4%, SPX -2,1%, Dow -1,77%, Russell -2%, SOX –3,3%, Eurostoxx -1,5%, SMI -0,8%.

Wall Street perd pied vendredi, Donald Trump lançant son offensive commerciale contre la Chine, qui dévoile aussitôt une liste de droits de douane qu’elle pourrait imposer sur des importations de produits américains. La crainte d’un tel conflit fait craindre un ralentissement de la croissance mondiale. On en parle beaucoup moins mais le taux LIBOR (London InterBank Offered Rate) en dollars à 3 mois est fortement monté depuis décembre, de 1,69% à 2,29%. Cela a un impact sur les entreprises américaines (2 trillions $ de corporate debt liés au LIBOR). Le ratio de la dette des entreprises US non financières est monté à 45% du PIB américain, un niveau record depuis la crise des subprimes. Dans ce contexte mieux vaut éviter les actions de sociétés trop dépendantes de leur dette. Les particuliers sont également touchés (emprunts à taux flottant) ainsi que le Trésor américain. Le plafond de la dette ayant été «gelé» jusqu’en 2019, le Trésor a dû emprunter massivement et a également fortement diminué ses réserves de cash. 

Les valeurs défensives sont recherchées et l’indice S&P500 (SPX) clôture quasiment sur sa moyenne mobile à 200 jours, un niveau de support important, idéalement à ne pas casser. L’indice Nasdaq 100 (NDX) se fait littéralement «fumer» et abandonne 7,3% sur la semaine, Micron en baisse de 8% vendredi après ses résultats n’a pas vraiment aidé… Les investisseurs se réfugient dans les valeurs dites «refuges» et achètent des bons du trésor US ainsi que de l’or, le métal jaune revenant à 1’347$ l’once. La volatilité est élevée, l’indice VIX à 23,29 et le dollar est sous pression, le Dollar Index DXA à 89,31 ce matin. On sent une forme de capitulation en fin de séance vendredi avec environ 120'000 contrats futures échangés sur mini S&P, en une dizaine de minutes…

Ce matin, les marchés asiatiques terminent la séance relativement bien, en ordre dispersé mais quasiment tous bien au-dessus de leur bas du jour. L’Europe ouvre autour de l’équilibre alors que le future S&P500 traite en hausse de 1%. A l’approche de Pâques, le marché a peu de nouvelles à digérer et on sait que les intervenants n’aiment pas être livrés à eux-mêmes. Cette semaine, on suivra tout de même le consommateur américain avec le rapport «personal consumption expenditure PCE» jeudi et la confiance des consommateurs au mois de mars, demain. Les gouverneurs de la Fed de Cleveland et New York, Loretta Mester et William Dudley, parleront tous deux et on suivra aussi la statistique de l’emploi en Allemagne, jeudi. Cette semaine sera écourtée, Vendredi Saint étant un jour férié dans de nombreux pays.

Que faire dans ce contexte tumultueux? 
Tout d’abord ne pas vendre ses actions, la réalité économique reste bonne. Rester patient tout en saisissant l’opportunité d’une volatilité élevée en investissant notamment dans des produits à capital garanti. Sur la partie actions, on peut se mettre à investir à nouveau, par tranches (en trois fois par exemple), dans des valeurs ayant souffert et que l’on considère comme bonnes. Les marchés se stabilisant, je regarderais ABB, Volkswagen, BMW et Swatch (au-dessus de 414 francs). Facebook est intéressante, elle traite à un P/E (price / earnings ratio) de 22 ce qui la rend 30% plus chère que le S&P500. Cela dit, c’était 140% il y a trois ans. En outre, les revenus de FB croissent 5 fois plus vite que ceux du SP et ses marges sont 3 fois plus élevées. L’or est bien monté, à 1’360$ l’once on peut envisager de vendre des calls…

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