La chronique des marchés de Vontobel au 14 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +1,04%, SPX +0,70%%, Dow +0,30%, Russell +0,72%, SOX +1,31%, Eurostoxx -0,26%, SMI -0,16%.

Wall Street se prend pour Tensing Norgay et se hisse vers de nouveaux sommets. Les indices clôturent au plus haut de la session, la météo du jour indique un grand soleil, pas de vent et une psyché générale au mieux de sa forme. Nouveaux records historiques à la cloche pour les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX). Techniquement, il s’en passe des choses avec le NDX qui traverse la barre des 9000 points comme une fleur, l’ETF EEM (iShares MSCI Emerging Markets) qui casse sa résistance et son plus haut depuis deux ans, les semi-conducteurs (SOX) qui atteignent un record historique en fin de séance et l’ETF KWEB (Kraneshares CSI China Intern) qui emporte tout sur son passage et réalise une cassure à la hausse (breakout) de toute beauté. On assiste par ailleurs à de nouveaux plus hauts en 52 semaines réalisés par notamment Alibaba, Luckin Coffee, Momo, ZTO Express, NetEase, TAL Education et JD.com. Les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) ne sont pas en reste avec l’indice NYFANG qui se hisse lui-aussi à un niveau jamais exploré. Tesla fait une fois de plus mentir les analystes, son action casse les 500 dollars après qu’Oppenheimer a relevé son objectif de cours de 385 dollars à … 612 dollars, l’analyste avait dû prendre un congé sabbatique ….Les intervenants ignorent (pour l’instant) l’article de Barron’s sur Apple et la propulsent 2,3% plus haut.

La raison de ces hausses? Aucune nouvelle fraiche à signaler. Le marché achète la signature de l’accord commercial entre américains et chinois qui sera effectuée demain.

La volatilité recule encore un peu, était-ce possible? L’indice VIX en baisse de 1,9% à 12,32. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,85%, l’or glisse à 1542 dollars l’once et le pétrole ne résiste pas au regain de tension du dollar, le baril de WTI Light Crude à 58,04 dollars ce matin, pénalisé par le billet vert, la paire eur/usd remontant à 1,1140. Du côté du franc suisse en revanche, notre (très chère) monnaie s’obstine à rester fort lourde face à la devise du vieux continent, la paire euro/suisse à 1,0811.

Si vous êtes un bull (haussier) qui ne veut surtout pas être dérangé dans sa douce torpeur ascendante, ne lisez surtout pas ce qui suit: Wall Street a donc démarré 2020 comme elle a vécu 2019, la fleur au fusil. La vague haussière semble indestructible, on s’y habitue dans les chaumières, comme il est bon et doux de voir son portefeuille prendre quelque valeur chaque jour que Jerome Powell fait. Lorsqu’on observe ce marché de l’intérieur, on constate rapidement qu’il s’est mis en mode «complaisance», l’image du boxeur qui a totalement baissé sa garde. Il faut garder en tête que de nombreux indices traitent désormais sévèrement en territoire suracheté: le NDX, le NYFANG mais aussi des titres comme Apple, Tesla, Microsoft, parmi beaucoup d’autres. Demain aura lieu la signature tant attendue entre Pékin et Washington, Donald Trump tirera la couverture à lui, capitalisera un maximum sur tout ce qu’il fait pour le peuple américain et la bourse applaudira peut-être. Et après? et bien après les marchés tenteront de se convaincre que le deal de phase deux va apporter son lot de soutien à l’économie. Sauf que tout le monde a compris que ce deuxième volet ne sera très probablement pas signé avant l’élection présidentielle américaine de novembre. Et dans ce contexte, un des principaux dangers pour le marché se nomme Elisabeth Warren, sénatrice, brillante universitaire et cauchemar vivant potentiel des marchés car se situant sur l’aile gauche du parti démocrate. Madame Warren dénonce régulièrement les abus de la finance mondiale. En outre, c’est aujourd’hui que débute la saison des résultats de sociétés pour le quatrième trimestre aux Etats-Unis. Le droit à l’erreur n’est pas permis, les valorisations actuelles sont très élevées. Les analystes financiers prévoient un léger recul des profits du S&P 500 par rapport à la même période de 2018, mais ils anticipent ensuite un net redressement en 2020. La vague est belle, on peut tout à fait continuer à la surfer, avec un gilet ce serait nettement mieux.

Le ton montre entre Amazon et Microsoft sur le contrat cloud géant du Pentagone: le premier demande à la justice américaine de bloquer l'exécution de la prestation remportée par le second. Visa a conclu un accord en vue de racheter la société de technologie financière Plaid pour 5,3 milliards de dollars. Roche a signé un partenariat non exclusif de 15 ans avec Illumina pour accéder à des tests de séquençage de nouvelle génération dans le domaine de l'oncologie. Aucun montant financier n'a été dévoilé. Le distributeur alimentaire américain Albertson songe à nouveau à une entrée en bourse, sur la base d'une valorisation qui pourrait atteindre 19 milliards de dollars. Lululemon a gagné 4,4% hier à Wall Street après avoir relevé ses prévisions. Jean-Dominique Senard a réaffirmé la solidité de l'alliance Renault Nissan Mitsubishi dans L'Echo, après les rumeurs propagées par le Financial Times, selon lesquelles Nissan examine un plan de séparation. De son côté, le constructeur japonais a assuré qu'il n'avait pas du tout l'intention de faire disparaître l'alliance. Ça me rappelle UBS et SBS qui criaient à qui voulait l’entendre qu’ils ne fusionneraient jamais…

Un seul indicateur majeur aujourd'hui, l'inflation américaine de décembre, attendue à 0,2% par le consensus. Ce matin, le commerce extérieur chinois de décembre est apparu plus dynamique que prévu. Et dès midi commenceront les publications de résultats de sociétés aux Etats-Unis avec, en vedette aujourd’hui, JP Morgan, Wells Fargo, Citi et Delta Airlines.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui rattrape son retard d’hier, l’indice Nikkei progressant de 0,73% et profitant notamment de l’affaiblissement du yen, la paire dollar/yen à 110. Hong Kong recule de 0,50%, Shanghai abandonne 0,28% et Séoul gagne 0,43%. Les marchés européens ouvrent en léger recul alors que le future SPX abandonne 6 points. ABB présente une opportunité d’entrée, le titre recule de 1% après avoir été dégradé par un analyste.

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