Gonet: l'actualité des marchés au 30 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,00%, S&P 500 +1,42%, Nasdaq +1,79%, Russell 2000 +1,08%, SOX +3,27%, Eurostoxx +1,51%, SMI +1,15%.

C’est un cocktail plutôt printanier qui anime le marché hier, on apprécie de retrouver quelque sérénité sur les parquets de trading. Alors soyons clairs, ne nous emballons pas trop vite, la raison de la belle hausse du jour est à chercher surtout du côté de la Chine, d’où un vent d’espoir souffle qui ravive le sentiment des taureaux de l’ouest. La réorganisation majeure annoncée par Alibaba est perçue comme un signe que Pékin pourrait assouplir sa posture vis-à-vis de son secteur technologique. En parallèle, Jack Ma, le paria du politburo, revient aux engagements publics, ce que le marché applaudit des deux mains, allez comprendre…Enfin on sait que la Chine vise une croissance de 5% cette année après deux ans de vaches amaigries par une politique austère visant notamment à combattre le covid. Tout semble donc aller mieux en Chine, gardons cependant en tête que Xi  Jinping, seul maître à bord, peut changer d’avis à tout moment et renvoyer le secteur technologique dans les cordes comme il lui plait.

Le cocktail haussier de ce mercredi ne se limite pas à la Chine. Le marché applaudit des deux mains les résultats de Lululemon (LULU +12,7%) et Micron (MU +7,2%), qui montrent tous deux que le consommateur n’a pas abdiqué. En parallèle, le flux de nouvelles semble se calmer en provenance du secteur financier, la crise serait-elle contenue? Le marché, coquin comme pas deux, se dit aussi que le resserrement de l’accès au crédit induit par cette crise produit exactement le même effet qu’une hausse de taux d’intérêts, Jerome Powell doit se dire la même chose, le taux terminal de la Réserve Fédérale américaine a du coup peut-être déjà atteint qui sait. Dans la foulée, les rendements obligataires se stabilisent quelque peu, le 10 ans US évolue ce matin à 3,56%, tandis que le 2 ans traite à 4,07%. En Suisse, l’annonce du retour de Sergio Ermotti divise les partis politiques, en revanche la majorité des acteurs de la finance valide la décision, le futur ex ex CEO d’UBS a déjà prouvé qu’il sait réorganiser un navire de cette taille, il faudra un sacré capitaine à bord pour ce faire.

À Wall Street, les mastodontes de la technologie prennent les choses en mains hier, littéralement baba des nouvelles en provenance de Chine (je sors…). Le podium du jour du SPX se compose de la technologie, de l’immobilier et de la consommation discrétionnaire. Les trainards du jours sont à chercher dans la pharma, les biens de consommation de base et les services de communication. N’en jetez plus, l’appétit au risque prend les commandes hier. La volatilité recule de 4,3%, le VIX revient à 19,12. Les financières sont aussi recherchées et l’indice Nasdaq100 (NDX) a désormais récupéré plus de 20% depuis son récent plus bas du 6 janvier. Techniquement, le NDX est donc de retour en bull market, ce qu’il va devoir confirmer lors des prochaines séances. Le SPX repasse au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours, il clôture à 4028 points et regarde désormais son récent top à 4078 pts. Ensuite ce sera le tour des 4100 pts et, seulement alors pourrons-nous envisager qu’une tendance haussière pérenne soit en train de se dessiner. Notons enfin que le SPX est de retour au-dessus de son niveau d’avant la crise de SVB.

Une mauvaise nouvelle de plus pour les ours, les petits spéculateurs sur les contrats à terme sur indices ont à nouveau shorté (vendu à découvert) le marché comme rarement. On le sait, lorsque ces opérateurs se comportent de la sorte avec de tels instruments à effet de levier, les actions ont tendance à bien performer. C’est la malédiction de cette population d’investisseurs qui se positionne systématiquement à l’envers.

Dans cet océan de détente généralisée, un indicateur refuse mordicus de valider la hausse des actions, l’indice MOVE, le pendant obligataire du VIX, qui recule certes de 3,4% à 150,58 mais se maintient à un niveau historiquement très élevé. Le MOVE nous rappelle simplement que baisser sa garde aujourd’hui est probablement prématuré et que personne ne sait si le rebond des actions opéré depuis deux semaines a suffisamment de jambes pour envoyer le SPX et ses pairs dans une nouvelle tendance haussière pérenne. Rappelons ici que la saison des résultats de sociétés au premier trimestre de cette année va bientôt débuter, elle jouera probablement le rôle d’arbitre.

Selon Isabel Schnabel, les turbulences des marchés financiers n'ont pas entraîné de sorties de dépôts dans les banques de la zone euro. «Nous avons constaté un certain déplacement des dépôts à vue vers les dépôts à terme, mais nous n'avons pas observé de fuite générale des dépôts bancaires», déclare la membre du directoire de la BCE. La région pourrait toutefois connaître un certain resserrement des conditions de crédit.

La FDIC envisage de répercuter une part plus importante que d'habitude du coût de 23 milliards de dollars des récentes faillites bancaires américaines sur les plus grands prêteurs du pays, selon l’agence Bloomberg. Elle prévoit une évaluation spéciale du secteur en mai pour consolider le fonds d'assurance des dépôts de 128 milliards de dollars, et souhaite limiter la pression sur les banques locales.

Selon un rapport de la City of London, New York partage désormais la première place avec Londres en tant que principal centre financier du monde.

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, est arrivée à New York pour une escale de deux nuits aux États-Unis, dans un contexte de tensions déjà vives entre Washington et Pékin. Hier encore, Janet Yellen déclare que les États-Unis envisagent d'éliminer la double imposition pour Taïwan, une mesure destinée à encourager les investissements dans les puces, mais qui risque d'irriter encore plus Pékin. Mme Tsai déclare que la sécurité mondiale dépend du sort de l'île: Taïwan est en première ligne de la démocratie.

Au menu macro-économique du jour, l'inflation allemande préliminaire de mars est attendue à 14h00, juste avant, aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et la dernière estimation du PIB du quatrième trimestre 2022.

Concentrix rachète Webhelp pour environ 4,8 milliards de dollars. Vodafone envisage de supprimer environ 1’300 emplois en Allemagne, notamment des postes administratifs et de gestion. EQT examine le rôle de Credit Suisse dans l'introduction en bourse de Galderma. Warner Music supprime 4% de son personnel dans le monde. Temenos signe avec une «importante» banque américaine. Plusieurs dizaines d'experts de l'intelligence artificielle demandent une pause dans la frénésie du développement des IA, pour aborder un certain nombre de problématiques majeures, notamment éthiques.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en légère hausse, hormis Tokyo qui rend 0,36% à la cloche. On refuse donc d’embrasser l’enthousiasme boursier occidental. Le future SPX n’en a cure et progresse de 8 points, tandis que l’Europe est indiquée en hausse de 0,6% à l’ouverture de 9 heures. Le dollar reste faible, la paire EUR/USD traite à 1,0838, l’or évolue à 1968 dollars par once et le pétrole se stabilise à 73 dollars le baril de WTI Light Crude.

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