«Nous augmentons l’autonomie des clients»

Emmanuel Garessus

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La nouvelle offre digitale d’Indosuez WM s’inscrit dans la vision de clients et de collaborateurs augmentés, selon Nicolas Bayet.

Nicolas Bayet, Global Head of Marketing and Business Development

Indosuez Wealth Management a lancé en décembre une nouvelle plate-forme digitale. Selon de bons connaisseurs de l’offre, celle-ci devrait permettre à l’établissement de renforcer sa position parmi les meilleurs acteurs de la gestion. En termes de qualité de contenu et de profondeur d’instruments à disposition des clients avec mandat de conseil, l’offre digitale constitue un pas majeur. Allnews fait le point sur ces progrès et sur leur impact sur la clientèle avec Romain Jérôme, Chief Digital Officer et Nicolas Bayet, Global Head of Marketing and Business Development.

Quelle était l’ambition de votre projet de nouvelle plateforme digitale et quand a-t-il démarré?

Nicolas Bayet: Le but consiste à accroître l’autonomie de nos clients en matière d’investissement. Nous leur permettons d’interagir avec la banque à leur propre rythme. Certains clients apprécient les contacts directs à toute heure avec leur conseiller, d’autres désirent être plus autonomes en profitant d’une plateforme contenant nos convictions d’investissement et les meilleurs instruments pour les mettre en oeuvre.

Les développements ont débuté en mai 2021 et ont abouti en novembre dernier.

«Nous avons associé les clients au développement de la plateforme dès le début du projet, sans attendre sa mise sur le marché.»

Romain Jérôme: Le projet a été développé en interne et non par une fintech. La banque s’est en effet dotée d’un «Innovation Lab» en 2019 qui nous permet de développer des produits digitaux destinés aussi bien aux collaborateurs qu’aux clients. Nous sommes dans un mode de développement dit «agile», avec des progrès itératifs qui enrichissent le produit progressivement. Nous avons d’ailleurs associé les clients au développement de la plateforme dès le début du projet, sans attendre sa mise sur le marché.

Est-ce que l’intelligence artificielle est intégrée dans cette nouvelle plate-forme?

R.J. Nous n’avons pas recours à l’intelligence artificielle dans le conseil. Nous numérisons la communication entre le conseiller et le client, tant sur les idées d’investissement que sur l’exploration de l’univers d’investissement et le suivi du portefeuille. A long terme, nous explorerons la possibilité d’aller plus loin dans l’autonomisation.

Est-ce que cette nouvelle plateforme répond à un changement de génération au sein de la clientèle?

N.B. Les usages sont en train d’évoluer, même parmi les clients plus âgés. Certaines typologies de clients recherchent une offre digitale en complément aux relations avec un conseiller. Notre plateforme accompagne cette évolution.

Est-ce une extension du service qui est déjà à disposition des conseillers?

R.J. Nous avons en effet capitalisé sur un outil initialement développé pour nos conseillers à l’interne mais la plateforme destinée à nos clients a fait l’objet de développements significatifs en termes d’ergonomie. L’amélioration concerne également le reporting de produits complexes tels que les produits structurés. Il est dorénavant plus aisé de suivre de manière granulaire le comportement d’un produit structuré par rapport à ses sous-jacents tels que les dates de paiements de coupons et ou de rappels des produits.

Romain Jérôme, Chief Digital Officer
En termes de concurrence, est-ce que le but de la banque est d’être la banque la plus digitale du marché?

N.B. Nous ne voulons pas nous limiter à des solutions de gestion de fortune purement digitales, ni être des robots conseillers. Pour le client, l’accès reste omnicanal. Il nous appartient de nous adapter à son désir de communication.

Nous voulons accroître l’autonomie des clients et développer une vision de collaborateurs augmentés pour leur faciliter l’accès aux informations, accroître la visibilité de nos convictions et faciliter le suivi de comportement de produits complexes.

Est-ce que cette augmentation de la qualité et de la quantité de l’offre s’accompagne d’une hausse des frais pour les clients?

N.B. Non. Nous mettons la plateforme digitale à disposition de nos clients sous convention «conseil». Ce service est inclus dans la prestation de conseil.

Qu’en est-il des autres catégories de clients?

N.B. Un client qui est en gestion discrétionnaire délègue cette responsabilité à la banque. Il est moins intéressé par la manière dont la banque implémente ses convictions du moment.

Cette plateforme s’adresse aux clients qui souhaitent s’impliquer dans la gestion de leurs actifs financiers et prendre leurs propres décisions d’investissement tout en bénéficiant de conseils d’experts.

Cherchez-vous, avec ce service, à multiplier les conseils d’investissements ou à en sélectionner un petit nombre?

N.B. Nous visons avant tout à créer une valeur ajoutée pour le client. Nous avons développé cette plateforme digitale avec des spécialistes du conseil, à la différence d’autres banques, afin de présenter un service sur-mesure.

«La plateforme permet à nos clients d’accéder aux notations ESG basées sur une méthodologie définie avec Amundi, l’Asset Manager du groupe Crédit Agricole.»
Comment intégrez-vous l’offre ESG dans la plateforme?

N.B. Nous n’avons pas attendu la réglementation pour avancer sur ce thème.

La plateforme permet à nos clients d’accéder aux notations ESG basées sur une méthodologie définie avec Amundi, l’Asset Manager du groupe Crédit Agricole. Prochainement, avec l’ouverture de la plateforme à l’univers de fonds, nous communiquerons également sur leur notation ESG avec une méthodologie alignée, et nous afficherons aussi leur classification SFDR. Nous allons plus loin qu’une simple classification basée sur l’exclusion.

Est-ce que la digitalisation va rendre l’architecture de l’offre plus ouverte ou guider le client vers l’offre maison?

N.B. Nous ne voulons pas «cadenasser l’information». Le principe est d’offrir un service à nos clients en leur donnant accès à nos expertises et convictions. Le client a accès à l’ensemble de cet univers et il a la possibilité d’appliquer les filtres qu’il désire.

Est-ce que vous offrez aussi le conseil en cryptomonnaies?

N.B. Non. Elles ne sont pas intégrées sur la plateforme. La banque ne donne pas de conseil sur ces investissements.

Est-ce que ce nouveau service digital permet à la banque de réaliser des économies?

N.B. Non, ce n’est pas l’objectif. Le but est de mieux accompagner nos clients. J’insiste plutôt sur l’idée de collaborateurs et de clients augmentés. Nous voulons leur donner davantage de moyens afin d’avoir une relation plus fluide et directe.

Est-ce que le mobile banking est le premier canal utilisé par les clients?

R.J. L’offre digitale au sens large, du conseil aux paiements, se traduit par un accès e-banking et mobile banking. Nous constatons que les taux de connexion sont plus élevés dans le mobile banking. Cette plateforme est disponible sur le e-Banking et sera accessible depuis un mobile ces prochains mois.

Quelle sera la prochaine étape de votre développement technologique?

R.J. Nous élargissons l’univers d’investissement avec les fonds de placement et travaillons à son accès depuis un téléphone mobile.
N.B. Ensuite, nous envisagerons de renforcer l’intégration de cette expertise digitale au sein d’autres outils.

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