Le point sur les banques exposées à l’Ukraine et à la Russie

Salima Barragan

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Les risques sont en partie portés par le «shadow banking» et non les banques, estime Mélanie Hoffbeck de La Française AM.

Le conflit en Ukraine n’est pas sans implications pour les banques européennes qui devront certainement relever leurs provisions pour pertes sur prêts ainsi que pour couvrir leurs filiales russe ou ukrainienne. Bien qu’il soit difficile à ce stade d’estimer l’ensemble des dommages, La Française AM a testé certains établissements avec des scénarii de stress plus sévères que ceux publiés par ces derniers. Les résultats démontrent que les banques sont suffisamment capitalisées. Unicredit et Raiffeisen Bank International envisagent déjà leur retrait de Russie. Le point avec Mélanie Hoffbeck, Analyste Crédit à La Française AM.

Des simulations plus exigeantes

Les banques viennent de publier des scénarii d’expropriation de leurs actifs russes, ukrainiens ou biélorusses (et donc de perte de capitaux propres et d’actifs associés) en raison d’une éventuelle nationalisation par l'entité locale. La Française AM va plus loin avec des tests de résistance qu'elle qualifie de plus sévères mais aussi d'improbables. «Nous ajoutons une baisse des revenus au niveau du groupe du fait d’une potentielle variations des titres financiers au bilan des banques. De plus, les banques peuvent estimer les pertes futures attendues sur leurs encours de prêts et comptabiliser une provision en conséquence. Dans nos thèses, nous ajoutons donc une provision pour perte sur prêts (10% ou 25% du total des prêts sur les trois pays) en raison de l’incertitude du remboursement futur par leurs clients dans les régions impactées par la guerre actuelle. Enfin, nous comparons les coussins de fonds propres de chaque établissement après les deux scénarii par rapport aux exigences réglementaires de la Banque centrale européenne», détaille Mélanie Hoffbeck.

Selon son hypothèse la plus optimiste, la seule banque qui présente un risque de solvabilité est Raiffeisen Bank International.

Les résultats démontrent que le secteur bancaire européen est faiblement exposé à la Russie, à l’Ukraine et à la Biélorussie. «Nous avons sélectionné les banques européennes les plus exposées à ces pays via leur filiale: 13,7% pour Raiffeisen Bank International, 1,9% pour UniCredit, 1,8% pour Société Générale, 1,2% pour Intesa Sanpaolo et 0,6% pour ING Groep», explique Mélanie Hoffbeck.

Le ratio de solvabilité de Raiffeisen

Selon son hypothèse la plus optimiste, la seule banque qui présente un risque de solvabilité est Raiffeisen Bank International. «Le ratio de fonds propres durs – dits Common Equity Tier 1 – de la banque autrichienne passe en dessous de l’exigence réglementaire initiale de 10,39%, c’est-à-dire hors assouplissement temporaire mis en place en mars 2020 lors de la pandémie. Mais selon son scénario plus sévère, le ratio Common Equity Tier 1 de Raiffeisen passe en dessous de l’exigence après l’assouplissement accordé par la BCE à la suite de la crise du Covid qui est en place jusqu’à fin 2022, soit 7,89%. La conséquence du non-respect de ces exigences est la possibilité d’un non-paiement des coupons des dettes Additional Tier 1 CoCo», poursuit-elle.

Peu impactés par les tests de résistance, les autres établissements mentionnés dans l’analyse présentent peu de risque de solvabilité. Si l’experte écarte tout risque systémique sur le système bancaire, elle tire la sonnette d’alarme sur le danger porté par le «shadow banking», et notamment les sociétés de gestion.

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