Giorgio Pradelli, directeur d’EFG International, anticipe une croissance soutenue dans les fonds. Il veut aussi accélérer la croissance en Asie.
EFG International a publié des chiffres en forte hausse pour son exercice 2021. Un bénéfice net en progression de 78% à 205,8 millions de francs, une masse sous gestion en hausse de 8,3% à 172 milliards de francs, portée à la fois par la bonne performance des marchés qui y ont contribué à hauteur de 8,7 milliards et des afflux nets d’argent frais de 8,8 milliards. Dans ce contexte, le gestionnaire de fortune basé à Zurich proposera aussi une augmentation de son dividende à 0,36 franc par action au titre de l’année 2021, en hausse de 20% par rapport à l’an précédent. Quelles sont les priorités pour le groupe qui compte près de 3000 employés et qui s’apprête à présenter en octobre prochain sa nouvelle stratégie jusqu’à 2025? Le point avec Giorgio Pradelli, CEO d’EFG International.
Oui, nous sommes confiants et convaincus d’y parvenir. Comme cela a été expliqué lors de la présentation des résultats, nous avons mis en place un processus de gestion du pipeline de projets très efficace. Chez EFG International, les conseillers à la clientèle gèrent non seulement ce qu’ils ont mais ils doivent aussi toujours établir des plans pour augmenter leurs actifs, soit avec leur clientèle existante, soit avec de nouveaux clients. Je pense que nous avons pu démontrer qu’il est possible d’augmenter la taille des actifs gérés par chaque CRO (Customer Relationship Officer). Non seulement les nouveaux conseillers à la clientèle que nous sommes en train de recruter mais aussi les gestionnaires existants ont eu la possibilité au cours des dernières années d’accélérer la croissance des actifs qu’ils gèrent. Je pense que c’est dû au fait que l’on a amélioré la qualité de nos procédures ainsi que le degré de connaissance de notre marque (branding). Il est ainsi plus facile pour les gestionnaires d’augmenter le chiffre d’affaires qu’ils réalisent avec la clientèle existante.
Un taux de croissance de 19% est effectivement assez exceptionnel. D’un point de vue stratégique, nous sommes en train de développer les fonds EFGAM et la gestion d’actifs non seulement pour les clients issus du private banking mais aussi pour la clientèle institutionnelle. Nous continuerons aussi de développer le segment institutionnel. Bien sûr, il s’agit d’un domaine qui peut être plus volatil en fonction de l’évolution des marchés. En 2021, l’évolution a été très positive mais les choses peuvent aussi changer très vite. Néanmoins, notre objectif est de doubler les volumes dans la gestion institutionnelle pour arriver à une masse sous gestion de l’ordre de 20 milliards (ndlr: 11,6 milliards à fin 2021). Un autre segment de marché où nous cherchons aussi à accentuer nos efforts est celui de la région de l’Asie Pacifique. C’est une région où nous avons eu une croissance plus faible que la concurrence et nous allons concentrer nos efforts pour atteindre une progression plus importante.
Au cours des dix années que j’ai passées chez EFG International, les affaires au Royaume-Uni ont toujours connu des taux de progression élevés, situés dans le haut de la fourchette de 5 à 8% que nous visons sur ce marché. En ce qui nous concerne, le Brexit n’a pas eu vraiment d’impact sur nos activités au Royaume-Uni. Notre clientèle à Londres est surtout internationale ou composée de personnes internationales qui résident au Royaume-Uni. Elle est ainsi moins dépendante de l’évolution à l’intérieur du pays.
En 2022, l’impact de la hausse des taux d’intérêt ne sera encore que partiel. L’effet de la remontée des taux sera positif mais pas encore vraiment significatif – ce sera davantage le cas à partir de 2023.
Nous ne sommes pas encore satisfaits de ce ratio. Nous pensons pouvoir descendre à moins de 75%. Cela devrait être possible si l’on tient compte du fait que nous anticipons une hausse de nos revenus entre 5 et 7%, tandis que nos coûts devraient, eux, augmenter entre 2 et 3%. La hausse de nos revenus atteint donc près du double de celle de nos coûts, ce qui signifie qu’il y a encore une marge pour améliorer notre ratio coûts/revenus.
La croissance organique, c’est ce que l’on peut contrôler. En matière d’acquisitions, on dispose du savoir-faire nécessaire – je viens moi-même de la corporate finance – et nous savons comment nous pouvons intégrer des sociétés rachetées. Nous avons déjà l’expérience de la reprise de la BSI. Maintenant, s’agissant de la réalité du marché, 2020 et 2021 ont été deux années où il n’y a pas eu beaucoup d’occasions sur le marché. Nous avons mené seulement deux missions exploratoires durant lesquelles nous avons pris contact avec des établissements. Si le mouvement de consolidation devait à nouveau s’accélérer, nous sommes favorables à des acquisitions. Cela dépend toujours des possibilités qui s’offrent, des marchés concernés, etc. Sur le principe, nous sommes en faveur des acquisitions.