USA: Jerome Powell promet d’agir «en conséquence» pour contrôler l’inflation

AWP

2 minutes de lecture

Lors de son audition de second mandat devant le Sénat, le président de la Fed prépare les esprits à un relèvement des taux potentiellement incisif.

Le président de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell a promis mardi d’agir «en conséquence» si l’inflation, actuellement à un niveau record, venait à persister au second semestre de cette année, préparant les esprits à un relèvement des taux potentiellement incisif.

M. Powell, qui avait été choisi par l’ancien président Donald Trump et que Joe Biden a décidé de renommer, était auditionné devant le Sénat en vue de la confirmation de son second mandat de quatre ans à la tête de la puissante Réserve fédérale (Fed).

Il a décrit une économie en voie de guérison avec un marché de l’emploi qui «se remet incroyablement rapidement» de la crise dans laquelle la pandémie de COVID-19 l’avait plongé au printemps 2020.

Les travailleurs trouvent des emplois facilement au point que chaque mois, des millions de personnes démissionnent pour saisir une meilleure opportunité professionnelle et un meilleur salaire.

En décembre, le chômage est en effet tombé à 3,9%, revenant près de son niveau d’avant la pandémie (3,5%), a-t-il observé, même si les créations d’emplois sont à la traîne.

«Jay» Powell a reconnu que le retour au travail d’une partie des salariés restait difficile. De nombreuses offres d’emplois restent vacantes et le chômage des minorités reste aussi très élevé.

Mais l’inflation est aujourd’hui la menace la plus préoccupante, a-t-il souligné, justifiant la série de hausse des taux directeurs qui se profile à l’horizon.

«Il est vraiment temps pour nous de commencer à passer d’une situation d’urgence liée à la pandémie à un niveau plus normal», a-t-il opiné.

Contrôler l’inflation est aussi incontournable pour assurer à long terme une expansion stable des États-Unis, a-t-il fait valoir.

Menace sérieuse

Selon lui, relever les taux ne devrait pas avoir d’impact négatif sur le marché de l’emploi. Au contraire, «l’inflation est une menace sérieuse pour parvenir au plein emploi», a-t-il noté.

«Jay» Powell est crédité pour avoir pris des mesures rapides et radicales nécessaires pour maintenir l’économie à flot pendant la récession historique provoquée par la pandémie, de sorte que sa confirmation semblait une formalité.

Mais il sera attendu au tournant en ce début de second mandat alors que des millions d’Américains pâtissent de la flambée généralisée des prix.

Les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté en novembre à un rythme inédit en près de 40 ans, à 6,8% le mois dernier comparé à novembre 2020.

C’est très loin de la cible de 2% de la Fed considérée comme saine pour l’économie. Les données pour le mois de décembre seront publiées mercredi.

L’inflation sape la confiance des consommateurs, ce qui pourrait ralentir aussi la croissance.

«Si nous voyons l’inflation persister à des niveaux élevés plus longtemps que prévu, si nous devons augmenter davantage les taux d’intérêt au fil du temps, nous le ferons», a assuré M. Powell.

Calibrage

Pour le patron de la Fed, la voie à suivre est toutefois périlleuse car il va falloir calibrer avec précision le relèvement des taux directeurs.

Car si la Réserve Fédérale les augmente trop vite, l’économie pourrait faiblir et même sombrer dans la récession, anéantissant les espoirs de l’objectif d’»emploi maximum».

Mais agir trop lentement pour contenir les pics de prix risque d’entraîner une inflation encore plus élevée.

L’un de ces deux scénarios serait aussi un cauchemar pour les démocrates du président Joe Biden au cours d’une année électorale de mi-mandat.

Dans tous les cas, une hausse des taux n’aura pas d’effet immédiat. De plus, elle va intervenir alors que la première économie du monde ralentit.

Celle-ci a connu une reprise rapide, mais elle est aussi secouée par des vagues successives de contaminations du fait des variants de Covid-19.

Jerome Powell a admis qu’Omicron pourrait avoir un impact important.

«Omicron peut vraiment, surtout si la Chine s’en tient à une politique de non-COVID (avec des quarantaines strictes et massive), perturber à nouveau les chaînes d’approvisionnement, bien que cela puisse être plus bref cette fois», a-t-il dit. «Nous surveillons attentivement» la situation.

A lire aussi...