Comment jouer les émergents? 2e partie: l’Amérique du Sud

Salima Barragan

3 minutes de lecture

Actions, dette souveraine ou obligation d’entreprise? Tour d’horizon des principaux blocs en trois épisodes avec Edmond de Rothschild AM.

 

Après avoir survolé l’Asie lors d‘un premier épisode, nous nous intéresserons à dénicher les meilleures opportunités d’investissement en Amérique du Sud. Les économies étant hétérogènes, la sélection des instruments et des émetteurs exige une connaissance pointue de ces différents marchés.

Cap sur les titres cycliques brésiliens

Le Brésil est dans une forme éclatante suite aux réformes entreprises. La hausse de 9% de l’ibovespa depuis le début de l’année - une des meilleures performances boursières - reflète le redressement des revenus des sociétés de l’indice. Mais les prochaines élections sont dans le viseur car le relèvement éventuel de l’âge de la retraite pourrait avoir une incidence sur son déficit fiscal de 6,2% du PIB. Pour l’instant, Ludovic Vauthier, Responsable de la Gestion Actions émergentes, table sur le potentiel de ce pays dont la toile de fond macroéconomique est réjouissante: le taux de chômage se réduit alors que le pouvoir d’achat et la confiance des ménages et des entreprises s’intensifient. On note aussi une inflation contenue à moins de 3% ce qui est un record historique. Les taux d’intérêt sont descendus de 12% à 7% ce qui signifie que le cycle monétaire d’assouplissement va arriver à son terme mais c’est un marché à haut bêta qui offre un différentiel de rendement opportuniste. Le pétrole, le gaz, les banques, la pulpe pour la production de papier, les métaux, le transport, la pétrochimie et le tourisme sont des secteurs porteurs. Le voyagiste brésilien CVC a connu 20% de croissance des bénéfices. Localiza, le «rent-a-car» brésilien est également en forte croissance. Sur la dette d’entreprise, les opportunités sont nombreuses. «Suite au scandale de 2015 qui avaient mis les valorisations sous pression, elles redeviennent abordables pour des rendements compris entre 5% et 7,5%.» commente Stéphane Mayor, Responsable Obligations corporate émergentes. Jean-Jacques Durand, Responsable Dettes et devises émergentes, de son côté, s’intéresse à des sociétés en restructuration telles que le groupe de télécom Oi Brazil.

Focus sur la dette souveraine mexicaine

Au Mexique, le risque politique reste très présent et l’activisme se ressent sensiblement. Le peso mexicain est dévalué de 10% à 20% selon la parité du pouvoir d’achat. Ce potentiel de réversion et le portage attractif de la devise mexicaine favorise donc la dette gouvernementale en monnaie locale car avec un taux d’intérêt à plus de 7%, le rendement réel est important. «Bien que le Mexique soit assez corrélé au marché obligataire américain, nous voyons plus de valeur contrairement au Pérou, au Chili ou la Colombie qui sont des marchés aussi influencés par la pression des taux américains», explique Jean-Jacques Durand.

Attention à l’Argentine

Les comptes courants de l’Argentine se détériorent et le peso argentin se déprécie en rapport ; la dette souveraine avait atteint des rendements trop bas avant la correction récente, en partie due à un positionnement trop consensuel et trop lourd des investisseurs. «Les obligations à 1 ans offraient alors 2,5% de rendement, un profil risque/rendement peu attractif par rapport à un T-Bill US à 1 an qui offre du 2%», souligne Jean-Jacques Durand. Même son de cloche du côté du crédit, qui semble intéressant dans ce pays où les rendements sont de l’ordre de 6% à 7% dans le secteurs pétrolier et 6,5% sur les obligations des provinces.

Venezuela «en restructuration»

Le Venezuela, en défaut, offre un maximum de potentiel au niveau des obligations «en restructuration». «La valeur de marché tourne aujourd'hui autour des 30 cents mais j’estime la valeur de recouvrement au-dessus des 60 cents», explique Jean-Jacques Durand.

Obligations d’entreprise LATAM

Sur les obligations d’entreprise, Stéphane Mayor, cible le segment à haut rendement (notation de crédit comprise entre B et BB) en devise forte pour un rendement moyen attendu d’environ 6.5%. «Les marchés résistent bien à la hausse des taux d’intérêts et les différentiels de taux ne se sont, pour l’instant, pas trop écarté», commente le gérant. La cadence des prochaines hausses de taux mais surtout l’évolution du dollar seront des paramètres décisifs pour l’évolution de cette classe d’actif. Mais pour le moment, une envolée des taux ne fait pas partie du scénario d’Edmond de Rothschild Asset Management.

 

Lire aussi: Comment jouer les émergents? Première partie: l’Asie

Rendez-vous mardi pour découvrir le dernier épisode.

 

Ludovic Vauthier

Gérant de portefeuilles actions sur l'Inde

Il a rejoint Edmond de Rothschild Asset Management en décembre 2004 en tant que gérant de portefeuilles actions sur l’Inde et participe activement à la gestion du fonds EdR Fund Global Emerging  depuis 2009. En 2017, il reprend également la gestion d’Edmond de Rothschild Fund China et est nommé Responsable de la Gestion Actions Emergentes en décembre 2017. Ludovic Vauthier détient un DESS Banque Finance et un Master en Droit de l’Université Paris-V.

Jean-Jacques Durand

Gérant de portefeuille senior sur la dette émergente et les devises

Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2011 en tant que gérant de portefeuille senior spécialisé sur la dette émergente et les devises. Avant de rejoindre le Groupe Edmond de Rothschild en 2011, Jean-Jacques Durand créée sa propre société d’investissement Macro Commodities, Gecko Capital Partners Ltd, dans laquelle il travaille en tant que fondateur et gérant-analyste principal de 2008 à 2011. Jean-Jacques Durand est diplômé de l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris).

Stéphane Mayor

Responsable Obligations corporate émergentes

Il est Responsable Obligations corporate émergentes. Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2007 en qualité de gérant de portefeuille sur la dette émergente. Stéphane Mayor est diplômé de l’université de Genève en Sciences Politiques et dispose d’un post-graduate degree en analyse financière et gestion de portefeuille (CEFA). Il est par ailleurs membre de la Swiss Financial Analyst Association (SFAA).

 

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