Multi-Asset Solutions de J.P. Morgan Asset Management

John Bilton, J.P. Morgan Asset Management

5 minutes de lecture

La crise actuelle s'est déroulée plus rapidement que toutes les crises précédentes et, bien qu'il s'agisse probablement d'une récession profonde, elle pourrait s'avérer relativement brève.

SYNTHÈSE
  • L'évolution de l'environnement économique et des marchés nous amène à réactualiser nos opinions sur l'allocation d'actifs, généralement publiées après nos sommets stratégiques trimestriels. Dans l'ensemble, nos opinions reflètent une tolérance au risque un peu plus importante et la reconnaissance du fait que les banques centrales sont totalement impliquées.
  • La crise actuelle s'est déroulée plus rapidement que toutes les crises précédentes et, bien qu'il s'agisse probablement d'une récession profonde, elle pourrait s'avérer relativement brève. Les perturbations liées au COVID-19 s'atténuent progressivement et les perspectives économiques s'améliorent.
  • Nous sommes neutres sur les actions par rapport aux obligations. Les risques extrêmes nous semblent équilibrés et nous pensons que les achats de crédit par les banques centrales compensent la menace de l’effet de levier des entreprises. En ce qui concerne les actions, nous privilégions une fois de plus les États-Unis. Si la remontée des actions se poursuit, le leadership se déplacera probablement de manière plus décisive vers les secteurs cycliques et les régions à bêta plus élevé. Nous conservons par conséquent une légère surpondération de conviction des actions émergentes et faisons passer l'Europe en position neutre.
  • Avec des rendements souverains à des niveaux historiquement bas, nous ramenons la duration en légère sous-pondération; nous maintenons une surpondération des liquidités. Dans le crédit, notre principale conviction est la surpondération de la catégorie Investment Grade (IG).
LORS DE LA PUBLICATION À FIN MARS DE NOS OPINIONS SUR L'ALLOCATION D'ACTIFS POUR LE DEUXIÈME TRIMESTRE, NOUS VENIONS TOUT JUSTE D'ASSISTER À LA BAISSE DES MARCHÉS LA PLUS RAPIDE JAMAIS ENREGISTRÉE

Alors que les banques centrales avaient déjà pris des mesures décisives, la réponse budgétaire ne faisait que commencer. Ce qui a suivi en avril et début mai a été un engagement de soutien budgétaire à une vitesse et à une échelle qui n’avaient encore jamais été observés en temps de paix, accompagné d'une extension de l'intervention des banques centrales sur les marchés des actifs qui était encore inimaginable quelques semaines plus tôt. Deux mois plus tard, les marchés des actions et du crédit se sont bien rétablis, mais le sentiment s'est affaibli et le positionnement s’est allégé. Peu d'acteurs ont participé pleinement au fort rebond des actions qui semblait aller à l'encontre de résultats et de données macroéconomiques proprement épouvantables, et l'épisode des prix négatifs du pétrole qui s'est produit en avril reste un rappel brutal de la fragilité des marchés d'actifs. D'importants progrès ont toutefois été réalisés et les perspectives actuelles diffèrent profondément des avis que nous avions à la fin du mois de mars. Les pays du monde entier rouvrent leur économie, les données à fréquence élevée montrent des signes de stabilisation, les prévisions de résultats ont été fortement réduites pour s'aligner sur les perspectives économiques, et le soutien monétaire est généralisé et complet.

Surtout, cette crise s'est déroulée plus rapidement que toutes les précédentes et, bien que la contraction économique soit probablement profonde, la récession pourrait s’avérer relativement brève. En effet, dans la récente évaluation au prix du marché de nos hypothèses sur les marchés financiers à long terme, qui couvrent un horizon d'investissement de 10 à 15 ans, nous avons noté que la croissance potentielle du PIB à long terme ne sera probablement pas significativement affectée par la crise actuelle. Il pourrait même y avoir des raisons d'être optimistes quant à la productivité future, car l'adoption de la technologie a récemment fait un bond en avant, en raison notamment des tendances de travail à domicile.

Pour revenir à un horizon plus immédiat, les perturbations liées au COVID-19 sont en train de s’atténuer progressivement et les perspectives économiques s'améliorent. Il existe des risques extrêmes à ne pas ignorer, dont notamment la récente guerre verbale entre Washington et Pékin, mais le positionnement allégé, le sentiment modéré des investisseurs et les puissants effets de base résultant de l'effondrement récent de l'activité font apparaître un tableau plus constructif. Les marchés d'actifs, et notamment les marchés actions, anticipent la croissance future. Compte tenu de la faiblesse du point de départ actuel, la trajectoire de la croissance sera probablement positive. Nous pensons en effet que l'économie a déjà passé le creux de la vague d'une récession certes très prononcée. Les acteurs du marché continuent toutefois de débattre de la pente et de la forme de la reprise à venir.

DES RISQUES EXTRÊMES ÉQUILIBRÉS DANS LES DEUX SENS

Cette évolution de l'environnement économique et des marchés nous amène à réactualiser un peu nos opinions sur l’allocation d'actifs. Celles-ci sont généralement publiées après nos sommets stratégiques trimestriels, mais compte tenu de l'évolution rapide de la situation économique et politique, une mise à jour hors cycle nous semble appropriée. Dans l'ensemble, elle reflète une tolérance au risque un peu plus importante et la reconnaissance du fait que les banques centrales sont totalement impliquées.

Au niveau des classes d'actifs, nous sommes neutres sur les actions par rapport aux obligations au lieu de notre sous-pondération de la fin du mois de mars. Nous estimons que les risques extrêmes sont équilibrés dans les deux sens et que les achats d’obligations par les banques centrales compensent l'effet de levier important des entreprises. En effet, nous avons appris lors de la dernière crise à ne pas «lutter contre la Fed», de sorte que notre penchant initial à ajouter du risque principalement par le biais des actions est désormais davantage équilibré entre actions et obligations d'entreprises. Nous estimons que le niveau peu élevé des rendements obligataires et les achats d'actifs des banques centrales pourraient pousser les actions à la hausse, ce qui laisse à penser que les niveaux actuels du marché pourraient être plus durables que ce que l'activité économique justifie à elle seule. Sachant que les rendements souverains ont atteint des niveaux historiquement bas, nous ramenons la duration en légère sous-pondération, ce qui reflète également les signaux négatifs de nos modèles quantiques. Et malgré l'amélioration de nos perspectives, nous maintenons une surpondération des liquidités, à la fois pour lester les portefeuilles et pour conserver des munitions.

En ce qui concerne les actions, nous maintenons notre préférence pour les États-Unis, mais après la forte reprise des grandes capitalisations, en particulier dans le secteur des technologies, nous recherchons une plus grande exposition aux petites capitalisations au sein de notre allocation en actions américaines. Si la tendance haussière se poursuit, le leadership se déplacera probablement de manière plus décisive vers les secteurs cycliques et les régions à bêta élevé. C'est la raison pour laquelle nous conservons par conviction une faible surpondération des actions émergentes et faisons passer l'Europe en position neutre pour refléter les récents changements positifs de politique qui laissent envisager une réponse budgétaire plus coordonnée. Le Japon reste sous-pondéré en raison de sa faiblesse persistante et du risque d'une nouvelle appréciation de sa monnaie; c'est également une région délaissée par nos modèles quantitatifs.

En ce qui concerne les obligations, nous sommes neutres sur les bons du Trésor américain, préférant détenir des TIPS plutôt que des titres nominaux, et avons une légère sous-pondération des obligations souveraines non américaines. À un niveau plus fin, nos modèles quantitatifs favorisent les marchés obligataires à faible volatilité comme le Japon et ceux à rendement plus élevé comme l'Australie, mais dans l'ensemble, nous pensons que les rendements ont peu de marge de baisse. En ce qui concerne le crédit, notre principale conviction est la surpondération de la catégorie Investissement Grade (IG), et bien que les spreads se soient déjà bien réduits, nous pensons que le portage offert par le crédit se compare favorablement aux rendements souverains. Enfin, en ce qui concerne le haut rendement, nous sommes prudemment neutres, estimant que les risques sont équilibrés, mais avec une possibilité accrue de pertes pour défaut de paiement. Globalement, les changements sont modestes et reflètent une légère augmentation de la tolérance au risque. Nous recherchons un portefeuille équilibré dans son exposition aux risques haussiers, tout en reconnaissant que nous n’en sommes qu’au tout début d'un retour vers une plus grande stabilité macroéconomique.

Informations clés et principales de Multi-Asset Solutions

Ces informations clés et ces «grandes idées» reflètent les opinions collectives de base des gérants de portefeuille et des équipes de recherche au sein de Multi-Asset Solutions. Elles constituent des points de vue communs sur lesquels nous revenons et que nous testons régulièrement dans toutes nos discussions sur l'allocation d'actifs. Nous nous servons de ces «grandes idées» pour valider la logique des biais de nos portefeuilles et veiller à ce qu'elles se reflètent dans l'ensemble de nos portefeuilles.

  • Nous avons changé de phase et nous trouvonsmaintenant dans un nouveau cycle, qui aura ses propres caractéristiques.
  • La relance budgétaire est devenue la nouvelle norme, mais la relance monétaire reste le premier mode de réponse.
  • Les rendements obligataires resteront probablement faibles pendant la récession, mais à moyen terme, les courbes seront plus pentues.
  • Les pertes du crédit pourraient se prolonger à mesure que l'endettement des entreprises se réduit, mais les plafonds d'achat officiels augmentent.
  • Le leadership du marché des actions pourrait changer au cours de ce nouveau cycle, en termes de facteurs comme de région.
  • Un soutien politique «suffisant» pourrait coïncider avec un pic du dollar.
  • À mesure que nous ajoutons du risque, un équilibre entre les actions et le crédit est le meilleur reflet du soutien apporté par la politique monétaire.
  • La prochaine étape d'une hausse des actions se caractérisera probablement par un rôle plus important des secteurs cycliques.
Opinions en matière d’allocation d’actifs

En temps normal, ces avis sur les classes d'actifs s'appliquent sur un horizon de 12 à 18 mois. Cependant, au vu de la volatilité et de l'incertitude actuelles, ils reflètent un horizon de plusieurs mois tout en étant sujets à révision à mesure que de nouvelles informations seront disponibles. Nous actualiserons ce tableau d'évaluation au moins une fois par mois pendant la période actuelle de volatilité. Les points représentent notre avis directionnel. Les flèches vers le haut ou vers le bas signalent une variation positive ou négative de notre avis depuis la dernière mise à jour. Ces avis ne doivent pas être interprétés comme une recommandation de portefeuille. La présente synthèse de nos avis par classe d'actifs illustre notre force de conviction et nos préférences relatives concernant un large éventail d'actifs, mais reste indépendante de nos considérations de construction de portefeuille.

A lire aussi...