Trop tôt pour se prononcer

Salima Barragan

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«Attendons fin mars pour avoir plus de clarté sur l’identité du candidat démocrate» déclare Maria Paola Toschi de J.P. Morgan AM.

Le plus grand événement politique de l’année – qui éclipsera sans nul doute tous les autres - est l'élection présidentielle américaine du 3 novembre. Le coup d’envoi des primaires sera donné par le traditionnel caucus (un peu désuet) de l’Iowa ce lundi 3 février. Alors que le parti Démocrate semble divisé, Trump règne en maître absolu sur les Républicains malgré ses déboires juridiques. Comme l’histoire nous l’a montré, les présidents sortants sont toujours favorisés. Jeu de questions-réponses pour un premier point sur les primaires avec Maria Paola Toschi, stratège des marchés mondiaux chez J.P Morgan Asset Management.

Si Trump n'est pas réélu, quelles seraient les implications pour les marchés?

L'histoire favorise fortement le président sortant. En remontant jusqu’aux élections de 1932, on constate que près des trois quarts des présidents en exercice ont été réélus. Durant toute cette période, aucun président sortant n'a jamais échoué à se faire réélire, sauf en cas de récession lors de son mandat…Ce qui explique peut-être le ton plus conciliant adopté récemment par Trump en matière de commerce car sa cote de popularité est inférieure à celle des autres présidents sortants au moment de leur réélection. Disons que de manière générale, les marchés ont tendance à réagir positivement immédiatement après l’élection d'un président républicain, car ils considèrent leurs politiques comme plus favorables aux marchés financiers. Notons que ce n’est qu’une règle empirique. Si Trump n'est pas réélu, la réaction des marchés financiers dépendra avant tout de l'identité du démocrate qui sera élu…

 Warren et Sanders préconisent des changements politiques
radicaux, notamment la refonte du système de santé.
Quelles seraient les conséquences d'une victoire d’un des trois candidats actuellement en tête de la liste Démocrate: Bernie Sanders, Joe Biden ou Elisabeth Warren?

Joe Biden est le candidat le plus centriste alors que Bernie Sanders et Elisabeth Warren sont positionnés à l'aile gauche du parti. Warren et Sanders préconisent des changements politiques radicaux, notamment la refonte du système de santé, le démantèlement des grandes banques et des géants technologiques, l'interdiction de la fracturation des schistes pour l’extraction de pétrole et de gaz, l'imposition sur la fortune et enfin un impôt plus élevé sur les sociétés. A côté, les politiques proposées par Biden sont relativement modérées, mais comprennent également l'annulation de la réduction d'impôts de 2017. Michael Bloomberg et Pete Buttigieg sont deux autres candidats modérés, actuellement moins favorisés par les sondages. Pourtant, ils méritent également d'être observés.

A partir de quel moment aurons-nous davantage de clarté?

Nous devons attendre la fin du mois de mars pour avoir plus de clarté sur l’identité du candidat démocrate ainsi que sa probabilité d'être élu et le programme qu’il ou elle mettra en place. Lorsque les deux tiers des résultats primaires par nombre de délégués seront connus.

 Les conditions sont toujours réunies
pour soutenir le marché américain.
Comment les marchés devraient-ils évoluer jusqu'aux élections de novembre?

Après la forte reprise de 2019, nous avons assisté à une certaine exubérance sur les marchés des actions, due aux injections de liquidités des banques centrales et à la signature de la phase 1 des accords commerciaux. Cet événement, positif pour les investisseurs, confirme l'intention des deux grandes puissances, les États-Unis et la Chine, de progresser dans leur différend. Les conditions sont toujours réunies pour soutenir le marché américain: la dynamique économique reste favorable, les estimations de bénéfices sont toujours positives et le bilan de la Fed qui s'accroît à nouveau apporte des liquidités aux marchés. Enfin, le sentiment des investisseurs s'est amélioré et les valorisations sont plus élevées, sans pour autant de situer à des niveaux extrêmes.

Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de l'élection et quels secteurs surpondérez-vous?

Les secteurs de croissance, comme la nouvelle économie et la technologie ont fortement progressé lors du dernier rallye et continuent d’attirer les investisseurs, surtout si la dynamique économique se renforce davantage.

A quoi les investisseurs doivent-ils s'attendre d'ici les élections?

Historiquement, la volatilité du S&P 500 a généralement été plus élevée pendant les années électorales, car les marchés ont tendance à réévaluer la probabilité des politiques futures de l'administration.

 

Lire également l'entretien avec Didier Borowski d'Amundi
Les primaires en quelques probabilités

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