Prudential se scinde en deux sociétés

AWP

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Les deux nouveaux groupes, qui auront chacun leur siège à Londres, seront cotées séparément, même si les actionnaires actuels de Prudential détiendront des intérêts dans chacun d’entre eux.

L’assureur et gérant d’actifs britannique Prudential va se scinder en deux sociétés cotées distinctes afin de se concentrer d’une part sur l’Europe et de l’autre sur les marchés porteurs en Asie, aux Etats-Unis et en Afrique.

Prudential a fait cette annonce mercredi dans un communiqué publié en même temps que ses résultats annuels qui font apparaître un bond de son bénéfice net.

La société portant le nom de Prudential sera dédiée surtout aux activités d’assurance dans des marchés en croissance comme l’Asie, les Etats-Unis et l’Afrique.

L’autre société, nommée M&G Prudential, regroupera la gestion d’actifs et l’assurance-vie en Europe et au Royaume-Uni.

Les deux nouveaux groupes, qui auront chacun leur siège à Londres, seront cotés séparément, même si les actionnaires actuels de Prudential détiendront des intérêts dans chacun d’entre eux.

Prudential ne donne pas de calendrier précis pour la réalisation de cette scission qui est soumise à de nombreux facteurs dont le transfert, de M&G Prudential vers le nouveau Prudential, des activités d’assurances à Hong Kong et qui ne pourra être effectif que fin 2019.

M&G Prudential en profite en outre pour céder un portefeuille de gestion de retraites de 12 milliards de livres au groupe de services d’assurance Rothesay Life.

«Il est dans le meilleur intérêt du groupe d’être séparé en deux entreprises cotées distinctes, capables de se concentrer sur leurs priorités stratégiques et dans les zones géographiques de leurs choix», souligne dans un communiqué le président du conseil d’administration de Prudential, Paul Manduca.

Ce dernier explique que le conseil a évalué plusieurs options, dont le statu quo, avant de finalement opter pour la scission. Il s’attend par ailleurs à ce que les deux groupes fassent partie de l’indice vedette de la Bourse de Londres, le FTSE-100.

Prudential avait ouvert la voie à cette scission durant l’été 2017, en regroupant au sein d’une même entité, M&G Prudential, ses différentes activités au Royaume-Uni et en Europe, en particulier dans la gestion d’actifs, alors que ces dernières étaient à la peine par rapport aux performances de l’Asie et des Etats-Unis.

Bond des bénéfices

Le directeur général de M&G Prudential John Foley explique que son groupe sera mieux positionné pour «jouer un rôle de premier plan» sur le marché de l’épargne en Europe, qui évolue à grande vitesse.

Le métier de la gestion d’actifs, en particulier en Europe, est moins rémunérateur que par le passé compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt et de la concurrence de produits bon marché se contentant de répliquer le mouvement d’indices ou de paniers d’actions.

La différence de performances entre les différentes régions dans le monde pour Prudential a été illustrée une nouvelle fois dans la publication des résultats annuels du groupe mercredi.

Il a dévoilé un bénéfice net en forte hausse de 24% en 2017, principalement grâce au dynamisme de ses activités en Asie.

Le profit net a atteint 2,39 milliards de livres (2,7 milliards d’euros) au cours de l’année écoulée, les bénéfices ayant été également gonflés par des cessions d’actifs et de moindres pertes sur des produits financiers de couverture contre les risques de marché.

Les investisseurs semblaient quant à eux convaincus par les annonces de Prudential, son titre bondissant de 4,49% à 1.907,00 pence à la Bourse de Londres vers 10h00 GMT.

«Une séparation semblait probable» après l’annonce de l’été dernier, mais «elle vient plus vite que prévu» et «dans une organisation aussi complexe et variée que Prudential, elle fait sens», souligne Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Pour Richard Hunter, analyste chez Interactive Investor, cette scission «géographique» est logique «en termes commercial et stratégique».

Il observe notamment que la présence en Asie est l’un des meilleurs atouts du groupe, où il poursuit son développement grâce à l’essor de la classe moyenne, tandis qu’il est également bien placé aux Etats-Unis pour tirer parti de la gestion des retraites des baby-boomers.