La finance mutualiste

Présélection prix Turgot 2018

2 minutes de lecture

Sous la direction du Pr. Michel Roux, Revue d’Economie Financière, n°134.

Michel Roux professeur d’université, doyen honoraire Paris 13-Sorbonne auteur de nombreux ouvrages et lauréat d’un prix spécial collectif TURGOT.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Jean-Louis Chambon

Ce nouveau numéro de la REF, s’est donné pour finalité de participer à l’indispensable effort de pédagogie pour éclairer l’opinion, les étudiants et les  acteurs de la finance, sur ce secteur à la fois mal connu et sur lequel pèsent de nombreuses contre-vérités.

Manifestement, ce prestigieux collectif, réunissant des praticiens chevronnés, des décideurs de très haut niveau (dont notamment des présidents nationaux, du Crédit coopératif, Jean-Louis Bancel et du Crédit Mutuel, Nicolas Théry) et des économistes spécialisés de la «Finance Mutualiste» s’en est donné les moyens tant d’analyses, exceptionnellement documentées, que de propositions concrètes d’actions.

Aussi, ce rappel du doyen honoraire de l’Université Paris 13 Sorbonne, Michel Roux, éminent expert et enseignant-chercheur de ce secteur, est particulièrement le bienvenu, en soulignant «..ce secteur de la finance est indispensable pour le développement d’une économie réelle et, plus humaine».

Dans sa quête de reconnaissance, vis à vis de ses compétiteurs, la Finance Mutualiste peut s’appuyer sur deux atouts majeurs, sans sous-estimer ses faiblesses:

Son premier atout réside dans une logique managériale et de gouvernance, c’est à dire, «le temps long». Comme tient à le préciser Arnaud Chneiweiss, délégué général de la FFA; ne pas (trop) subir la dictature du cours de Bourse à chaque trimestre et le harcèlement des publications et autres normes associées, donne «du temps au temps».

Le second point d’appui, lié à la philosophie de la gouvernance mutualiste, repose sur l’implication directe de ses Sociétaires (ailleurs on dirait client) dans la vie de l’entreprise: chez un assureur mutualiste par exemple, le «client-sociétaire» est à la fois Assureur et Assuré. Aussi cette adhésion forte est porteuse bien évidemment d’un cercle vertueux  en termes de fidélisation, de coûts maitrisés dans la conquête commerciale, etc.

Toutefois, reste que le défi majeur, une des faiblesses structurelles du monde mutualiste, touche au périmètre des marchés financiers: en effet, ni pour son développement ni pour ses éventuelles restructurations, l’augmentation classique de capital par émission d’actions nouvelles, n’est possible. Si le recours à l’endettement reste une solution, elle reste limitée à l’accumulation réglementée de fonds propres et finalement, «somment du paradoxe mutualiste, aux profits réalisés, (souvent considéré comme un gros mot!) mais servant «d’alimentation au capital éxigé», notamment, (mais pas seulement, la performance de la gestion financière garde aussi ses droits), par une réglementation drastique.

Si la raison d’être du modèle mutualiste est en parfaite résonnance avec les attentes nouvelles de l’opinion pour un capitalisme responsable, (intérêt général, RSE, etc), ce modèle devra s’adapter en permanence aux enjeux de la finance mondialisée et aux politiques monétaires dites «modernes».

Les nouvelles utopies de la finance, comme celles d’un prix «du risque et du temps», paraissant s’être dissout avec les taux d’intérêts négatifs dans de nouvelles lunes fragilisant à l’excès le Système bancaire et assurantiel, doivent impérativement tenir le Modèle de la finance Mutualiste en éveil et, se préparer sans doute à de profondes remises en cause.

Il reste toutefois, que «dans ce contexte d’incertitudes exacerbées, le modèle mutualiste pourra faire valoir sa capacité à faire primer l’intérêt collectif sur le bénéfice individuel et montrer par la force de ses actions, qu’il est possible et souhaitable, de privilégier l’intérêt de long terme sur le profit immédiat…»

«Si le statut ne suffit pas pour produire de la vertu, les acteurs mutualistes disposent d’une capacité de différenciation pour concilier performance et contribution positive au «mieux commun».

Une parution indispensable pour mieux comprendre «L’autre monde de la finance» et en tirer profit.