Des mesures sans précédent sont prises à l'échelle mondiale pour lutter contre la perte de biodiversité, et les investissements dans ce domaine jouent un rôle clé. Avec le taux d'extinction le plus élevé depuis la disparition des dinosaures, un million d'espèces sont gravement menacées. Plus de la moitié de l'économie mondiale dépendant de la nature, cette perte met en péril les moyens de subsistance à l'échelle mondiale. L'homme en est le principal responsable, en raison des changements d'affectation des terres, du changement climatique, de la pollution et des espèces envahissantes.
Ce défi mondial nécessite de repenser l'évaluation de la biodiversité et de la gestion des terres. De nouveaux investissements privés et des politiques de soutien doivent inciter les propriétaires fonciers à agir. Les approches fondées sur l'économie de marché peuvent à la fois élargir la portée politique et stimuler les investissements favorables à la biodiversité grâce à des incitations à la protection, à la gestion et à la restauration. Avec les incitations appropriées, la protection des écosystèmes devient une source de revenus pour les propriétaires fonciers plutôt qu'un facteur de coût.
Il existe déjà des approches privées existantes et émergentes en matière d'investissements fonciers favorables à la biodiversité, dont trois sont présentées ci-dessous.
Vente et servitudes de zones de protection de la nature
Les États-Unis, pays pionnier en la matière, misent sur un cadre économique clair pour la vente et les servitudes de zones de protection de la nature. Elles permettent aux acteurs publics et privés de protéger la biodiversité sur des terrains privés en acquérant des droits de propriété partiels ou totaux. Lors de la vente d'un terrain, les droits de propriété sont transférés dans leur intégralité – la transaction s'apparente à une vente immobilière classique. Les servitudes de protection de la nature sont des accords juridiques volontaires qui limitent de manière permanente la construction afin de préserver les valeurs de la nature. Les propriétaires forestiers peuvent ainsi générer des revenus et protéger la biodiversité tout en conservant la propriété et la gestion de leurs forêts. Les servitudes «forêts gérées» autorisent par exemple la sylviculture et la récolte du bois, mais interdisent la construction ou le changement d'affectation des terres.
Programmes de conservation
Le Conservation Reserve Program (CRP) est l'un des plus grands programmes privés de protection des terres aux États-Unis, avec plus de 24,8 millions d'acres (2023). Financé par le ministère américain de l'Agriculture, ce programme aide les propriétaires de terres agricoles à mettre en œuvre des mesures de conservation et de restauration de la nature sur des sites écologiquement sensibles, afin de préserver les habitats fauniques, la qualité de l'eau ou les sols. Les participants reçoivent des paiements annuels au titre du bail, des remboursements de frais ou des primes d'encouragement pour des contrats d'une durée de 10 à 15 ans.
Développement de marchés pour les crédits de biodiversité
Les crédits de biodiversité créent des incitations fondées sur le marché pour investir dans la nature en versant des paiements pour des résultats mesurables et scientifiquement vérifiés en matière de biodiversité (espèces, écosystèmes, habitats). L'intérêt pour ces crédits est croissant, en partie grâce au marché volontaire du carbone. Plusieurs cadres indépendants et gouvernementaux sont en cours d'élaboration, mais ils se heurtent à des défis tels que la mise en place de normes et de méthodes de quantification communes, la constitution de pipelines de projets solides avec un approvisionnement intégré en crédits et le développement de sources de demande viables.
Qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs?
Près de la moitié des investisseurs institutionnels investissent déjà dans des terres forestières et agricoles afin d'obtenir des effets positifs sur l'environnement dans leur portefeuille. Les investissements fonciers génèrent des avantages mesurables pour la biodiversité grâce à la création de zones protégées, à une meilleure gestion et à la restauration active des écosystèmes. Les exemples présentés montrent qu'il existe de nombreuses possibilités d'accès qui s'imposent de plus en plus auprès des investisseurs et créent de nouveaux domaines liés au capital naturel. Ces structures de marché sont en constante évolution, de sorte que les capitaux des investisseurs peuvent être utilisés de manière encore plus ciblée pour des stratégies favorables à la biodiversité.