Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Jeffrey Hochegger, Raiffeisen Suisse

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Après la scission des activités aux Etats-Unis, le cours d’Holcim enregistre une nette hausse. Les bourses américaines, elles aussi, battent des records. A croire que la valorisation élevée et le repli économique sont masqués.

Important écart de la performance au sein du SMI: à première vue, le SMI a fait son entrée sur place cette semaine. Dans le détail, le fournisseur de matériaux de construction Holcim s’est distingué (cf. aussi le graphique de la semaine). Ses titres ont progressé de 18% cette semaine. Si la Bourse ne s’est pas emballée pour autant, c’est la faute à Nestlé. Les titres de la multinationale de l’alimentaire ont nettement perdu de la valeur cette semaine à cause des chiffres trimestriels décevants du fabricant américain de produits alimentaires General Mills, avec lequel Nestlé collabore dans le cadre d’une co-entreprise dans le domaine des céréales du petit-déjeuner.

L’Europe stagne: les perspectives pour la conjoncture européenne sont mitigées. Bien que les PMI pour l’Allemagne aient progressé tant pour le secteur des services que pour le secteur industriel, ils se situent toujours au-dessous de 50, à 49,0 et 49,4 respectivement, et sont donc en phase de contraction. Les PMI pour la France se situent également dans cette fourchette. De plus, le développement dans l’Hexagone recule. Au niveau européen agrégé, la situation n’est que peu meilleure. Alors que les données du secteur industriel restent légèrement inférieures au seuil d’expansion, les perspectives des services se sont quelque peu améliorées. Avec une valeur de 50, elles se situent toutefois exactement sur le seuil entre expansion et contraction. Les perspectives restent incertaines.  

Le prix du pétrole permet de lever l’alerte car il a nettement reculé avec l’annonce d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. Le risque que l’or noir redevienne un moteur de l’inflation est pour l’instant écarté. Il s’agit désormais de voir si le cessez-le-feu est fiable. Avec l’attaque d’Israël contre l’Iran et le bombardement des installations nucléaires iraniennes par les Etats-Unis, le prix du pétrole avait fortement augmenté et menaçait de freiner l’évolution conjoncturelle dans le monde entier.  

Les bourses américaines battent des records: le marché américain au sens large, mesuré par le S&P 500, est proche de son plafond historique. L’incertitude qui s’est répandue en avril en raison des droits de douane réciproques s’est dissipée. Chose surprenante. Compte tenu de la baisse des estimations de bénéfices, cela signifie tout simplement que les valorisations se sont renchéries. Parmi les actions les plus fortes, on trouve des sociétés à petite capitalisation comme la société d’analyse de données Palantir, le groupe énergétique NRG Energy ou la société aérospatiale Howmet Aerospace, qui ont progressé entre 90% et 60%. Mais cette année encore, l’indice est stimulé par les poids lourds du secteur technologique comme Nvidia, Microsoft, Meta ou Broadcom, dont la valorisation se situe entre 13% et 22%. Du point de vue d’un investisseur suisse, ce résultat doit toutefois être relativisé, car si l’on tient compte de l’évolution des devises, les Bourses américaines négocient 8% à 10% au-dessous des niveaux du début de l’année. Le billet vert s’est même brièvement négocié cette semaine sous le seuil de 0,80, son plancher depuis 2011.  

Les ventes de Tesla stagnent: en mai, les ventes des voitures électriques en Europe ont chuté de 40% en glissement annuel. Depuis le début de l’année, la baisse est même de plus de 45%. C’est d’autant plus surprenant que les ventes d’automobiles ont augmenté pour le deuxième mois consécutif. Alors que l’entreprise justifie cette baisse par un nouveau design des modèles, les analystes supposent qu’il s’agit d’une réaction des clients à l’engagement politique du CEO Elon Musk, qui, en tant que conseiller du gouvernement du président américain Donald Trump, a provoqué de nombreux licenciements d’employés fédéraux.  

Le yen à son plancher historique, après avoir poursuivi sa chute face au franc suisse. En tant que pays exportateur, l’économie japonaise devrait en fait en profiter. Cependant, les droits de douane américains mettent à mal les entreprises nippones. A cela s’ajoute une inflation élevée plaidant en faveur d’une politique monétaire plus restrictive de la Banque du Japon, mais qui pèse en même temps sur la conjoncture.

Graphique de la semaine

La réaction est claire: les actions du fabricant de matériaux de construction Holcim ont nettement progressé après la scission des activités nord-américaines. Cela signifie que les investisseurs considèrent actuellement l’activité d’origine comme plus attractive que le secteur américain, qui porte désormais le nom d’Amrize et est également coté à la bourse américaine. C’est surprenant car on s’attend à ce qu’Amrize réalise des marges plus élevées et connaisse une croissance plus forte. De plus, les groupes de construction américains sont mieux valorisés que leurs homologues européens.

Gros plan

Meyer Burger dépose le bilan aux Etats-Unis En difficulté, le fabricant de cellules solaires dépose une demande d’insolvabilité aux USA afin d’assainir sa filiale américaine. Ce qui fait polémique, c’est que tous les employés sur place ont déjà été licenciés.

Le programme

PMI suisse

Le 1er juillet, les données des directeurs d’achat de Suisse seront publiées. Elles sont réputées être un indicateur de l’évolution future de la conjoncture.

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