Les Bourses asiatiques ont hésité vendredi, la place tokyoïte se hissant au plus haut depuis fin janvier, dans des marchés aidés par un regain d’optimisme sur la guerre commerciale et par des anticipations accrues de baisses de taux de la Fed aux Etats-Unis.
Tokyo brille, espoir d’un report sur les droits de douane
A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en hausse de 1,43% à 40.150,79 points, franchissant la barre des 40.000 points pour la première fois en cinq mois, et l’indice élargi Topix en progression de 1,28% à 2.840,54 points.
Les autres places asiatiques étaient plus contrastées: l’indice Hang Seng de Hong Kong cédait 0,25% vers 06H30 GMT, effaçant ses gains de la matinée; Sydney a terminé en repli de 0,43% et Séoul a perdu 0,77%, mais Taipei a au contraire gagné 0,39%.
Les marchés évoluaient au gré d’échanges volatils à la suite d’une nette hausse des Bourses européennes et américaines la veille, poussées par les espoirs d’un accord commercial entre Etats-Unis et UE et d’un report des surtaxes douanières américaines.
La Maison Blanche a suggéré un possible report de la date butoir du 9 juillet, à partir de laquelle des droits de douane dits réciproques doivent être imposés sur les importations aux Etats-Unis en provenance de dizaines de pays, notamment d’Asie.
Par ailleurs, le président américain Donald Trump a annoncé jeudi la validation par Pékin et Washington d’un accord commercial, qui --selon un responsable-- porte notamment sur l’accélération des expéditions de terres rares vers les Etats-Unis.
«Les détails de cet accord n’ont pas été divulgués, mais s’il est perçu comme un apaisement des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, cela constituera un atout pour les marchés d’actions», commentaient les experts du courtier Tokai Tokyo Intelligence.
Ils notaient aussi la robustesse des titres liés aux semiconducteurs, comme Tokyo Electron (+4,30%), dans la foulée de bonnes performances du secteur à Wall Street.
Outre l’atténuation des tensions géopolitiques après la trêve Iran-Israël, les investisseurs gardent par ailleurs un oeil sur la politique monétaire américaine.
Les yeux tournés vers la Fed, le dollar sous pression
Les spéculations se multiplient concernant le mécontentement de Donald Trump à l’égard de Jerome Powell, président de la Fed (banque centrale américaine), et sur son possible remplacement par un responsable plus enclin à accélérer les baisses de taux.
«Mary Daly, gouverneure de la Fed de San Francisco, a laissé entrevoir une baisse des taux cet automne, soulignant que les risques d’inflation liés aux surtaxes douanières pourraient ne pas persister autant qu’on le craignait: une opinion de plus en plus consensuelle» qui conforte l’hypothèse de baisses de taux, souligne Stephen Innes, de SPI Asset Management.
De quoi redonner de l’élan aux marchés boursiers.
En revanche, la devise américaine reculait de 0,1% face à la monnaie japonaise vers 06h30 GMT, à 144,31 yens pour un dollar.
Le billet vert est miné depuis jeudi par les remarques acerbes de Donald Trump contre M. Powell, dont il pourrait désigner le successeur dès l’automne selon le Wall Street Journal, alimentant les doutes sur l’indépendance de l’institution.
«Dans l’ensemble, la situation en Asie est positive: faiblesse du dollar, stabilité des prix de l’énergie et inflexion de la politique monétaire mondiale vers une position plus accommodante (...) sans s’emballer, l’appétit pour le risque se raffermit», juge M. Innes.
Pétrole solide
Les cours du pétrole continuaient leur rebond, aidés par l’image d’une demande satisfaisante aux Etats-Unis et par la faiblesse persistante du dollar --monnaie dans laquelle sont libellés les achats de brut.
Vers 06h30, le baril de WTI américain grimpait de 0,48% à 65,55 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 0,49% à 68,06 dollars.
Xiaomi s’envole de 8%, son SUV enthousiaste
Le géant technologique chinois Xiaomi voyait son titre s’envoler de plus de 8% à la Bourse de Hong Kong en début d’échanges avant de modérer ses gains.
Le groupe, connu pour ses smartphones mais étendant désormais ses activités à l’automobile, dit avoir reçu près de 300.000 précommandes en l’espace d’une heure pour son premier SUV électrique --avec lequel il espère concurrencer un modèle de Tesla en Chine grâce à un prix de vente plus attractif.