Les Bourses asiatiques ont affiché des performances contrastées jeudi, tandis que les prix du pétrole poursuivaient prudemment leur remontée, dans des marchés jaugeant la trêve entre Iran et Israël et tournant leur attention vers le spectre persistant des tensions commerciales.
Bourses divergentes, l’inquiétude géopolitique s’estompe
A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en hausse de 1,64% à 39’584,58 points et l’indice élargi Topix de 0,81% à 2804,69 points.
En revanche, la Bourse de Sydney a reculé de 0,10%, celle de Séoul de 0,92%, et l’indice hongkongais Hang Seng abandonnait 0,74% vers 06H30 GMT. Taipei a résisté (+0,28%).
«Les marchés asiatiques sont jeudi incertains sur la direction à suivre, après deux séances de hausse qui ont vu les actions se redresser», soulagés «après une crise géopolitique qui, au final, n’a fait que peu de dégâts» en termes de perturbation sur les flux de pétrole et en matière d’impact économique, souligne Stephen Innes, de SPI Asset Management.
Dans la foulée du cessez-le-feu entre Israël et Téhéran, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi une reprise dès la semaine prochaine des discussions entre Washington et Téhéran, évoquant un possible accord sur le programme nucléaire iranien.
Le marché du pétrole tentait toujours de recouper une partie de ses pertes après sa dégringolade de mardi.
Vers 06H30 GMT, le baril de WTI américain gagnait 0,86% à 65,48 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 0,80% à 68,22 dollars.
«Les Etats-Unis ne sont plus l’otage du détroit d’Ormuz. Après une décennie de renaissance du pétrole schiste (sur leur sol), ils sont le premier producteur mondial et beaucoup moins dépendants des flux du Golfe. Cette autosuffisance a donné à Washington une plus grande marge de manoeuvre géopolitique», souligne M. Innes.
«Aujourd’hui, avec la baisse d’adrénaline, les traders sont tiraillés, incertains de la prochaine tempête à affronter (...) confrontés à un paysage plus brumeux que prometteur» entre guerre commerciale et spéculations sur la politique monétaire américaine, poursuit M. Innes. «Ils devraient probablement rester en mode gestion des risques», avertit-il.
Signe de cette prudence, l’or -- valeur refuge traditionnelle -- reste recherché des acteurs de marché, s’affichant en progression de 0,12% à 3.336 dollars l’once.
Fébrilité sur les tensions commerciales
Les investisseurs renouent avec la nervosité alors qu’approche la fin imminente début juillet de la «pause» des surtaxes douanières américaines dites réciproques.
Alors que les économies d’Asie sont fortement visées par ces surtaxes et très dépendantes des exportations, les négociations menées par les différents gouvernements de la région (Japon, Vietnam, Corée du Sud...) semblent s’enliser.
Certes, le marché tokyoïte a été dopé jeudi par les valeurs technologiques dans la foulée d’une solide performance de ce secteur à Wall Street la veille (avec un nouveau sommet historique pour le champion des puces Nvidia), soulignent les experts du courtier Tokai Tokyo Intelligence.
«Mais les investisseurs sont impatients de voir progresser les négociations commerciales, et des mouvements de ventes pourraient suivre la vague d’achats» qui portent la Bourse japonaise, préviennent-ils.
Le négociateur japonais est de retour à Washington cette semaine pour tenter de faire avancer les pourparlers, et «le marché espère que les surtaxes (déjà en vigueur) sur l’automobile pourront être réduites», ajoutent-ils.
Dollar en berne, la Fed guettée
Vers 06H30 GMT, le billet vert s’enfonçait de 0,61% face à la devise japonaise, à 144,36 yens pour un dollar.
«La demande de dollar américain, redevenu valeur refuge, a diminué suite au cessez-le-feu entre Israël et l’Iran», observe Lloyd Chan, de la banque MUFG.
Par ailleurs, «les anticipations du marché concernant deux baisses de taux de la Fed au second semestre restent inchangées, malgré la réaffirmation par le président de l’institution Jerome Powell de l’attentisme de la Fed» face aux risques économiques, estime M. Chan.
M. Powell a rappelé mercredi qu’il était «difficile» de prédire dans quelle mesure les nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump, et dont l’impact économique est redouté, pourraient faire grimper les prix.