La Banque nationale suisse (BNS) a abaissé son taux directeur de 25 points de base à zéro, marquant ainsi sa sixième baisse consécutive. La Suisse avait été le premier pays du G10 à amorcer le cycle mondial d’assouplissement monétaire en mars de l’année dernière, après avoir maîtrisé les pressions inflationnistes héritées de la période COVID. Une préoccupation majeure pour la BNS aujourd’hui est que l’inflation est devenue négative en mai, tandis que le franc suisse s’est apprécié de près de 11% depuis le début de l’année. Une monnaie forte a contribué à la révision à la baisse des prévisions d’inflation de la BNS, alors que les incertitudes commerciales pèsent sur les perspectives de croissance. L’afflux de capitaux vers les valeurs refuges en raison des tensions géopolitiques et la réorientation hors du dollar américain ont soutenu un franc fort, qui a continué de s’apprécier malgré la décision du jour de baisser les taux.
- Le président de la BNS, M. Schlegel, n’a pas exclu des taux négatifs à l’avenir, mais a également évoqué les effets secondaires «indésirables» d’un tel scénario, soulignant qu’une telle décision «ne serait pas prise à la légère». Nous ne nous attendons donc pas à une telle mesure dans un avenir proche, même si le marché attribue une probabilité de 60% à une telle possibilité d’ici mars prochain.
- Le franc suisse s’est renforcé à la fois face au dollar américain et à l’euro après l’annonce, malgré la réaffirmation de la volonté de la BNS «d’intervenir sur le marché des changes si nécessaire». Bien qu’aucune annonce majeure n’ait été faite lors de la conférence de presse, la courbe des taux suisses s’est redressée sur toutes les échéances : le court terme a augmenté jusqu’à 10 points de base, et le long terme entre 4 et 5 points, le marché ayant perçu une certaine résistance de la BNS à aller plus loin dans les baisses de taux pour le moment.
- Nous maintenons une position neutre sur l’EUR/CHF, les flux vers les valeurs refuges étant compensés par la réticence de la BNS à tolérer une appréciation excessive du franc, ainsi que par notre anticipation d’un renforcement de l’EUR/USD vers 1,20 d’ici la fin de l’année. Notre opinion neutre sur les actions suisses reflète la nécessité de surmonter l’obstacle des incertitudes commerciales, les négociations bilatérales restant en suspens et les droits de douane sectoriels présentant des risques. Nous restons néanmoins confiants dans la qualité des valeurs suisses et dans l’attrait des actions à fort dividende pour les investisseurs domestiques dans un contexte de taux directeurs nuls.