Les perspectives du commerce mondial ont été bouleversées plus tôt cette année, alors qu'une hausse des droits de douane bilatéraux et sectoriels a contribué à une forte baisse des indicateurs économiques «soft». Les attentes en matière d'emploi, les intentions d'investissement, la confiance des PDG et le moral des consommateurs ont été affectés par la crainte de hausses de prix et de risques pour la croissance économique, comme en témoignent les réponses soumises dans divers sondages financiers. Même si la contraction du PIB au premier trimestre a été largement relativisée en raison d’un pic des importations lié à des achats anticipés et à une accumulation des stocks, le marché s’est néanmoins inquiété de la possibilité d’un ralentissement des données «hard» comme l’emploi et les ventes au détail, ne débattant plus que du moment et de l’ampleur du déclin. Les craintes que le projet de loi budgétaire en discussion au Sénat américain puisse creuser le déficit de 2400 milliards de dollars sur la prochaine décennie, combinées à des coûts d’emprunt élevés, ont accru le malaise des investisseurs et relancé les discussions sur une dédollarisation.
Les négociations commerciales se poursuivent, et le projet de loi budgétaire américain pourrait encore être amendé. Toutefois, le rebond des actions mondiales au deuxième trimestre et la baisse de la volatilité du marché racontent une autre histoire. Le report partiel de la mise en œuvre de certains droits de douane annoncés, ainsi que quelques premiers signes de désescalade – notamment des exemptions visant à alléger la pression sur certaines industries – ont renforcé la confiance selon laquelle le pic tarifaire d’avril serait désormais derrière nous. Bien que la création d’emplois montre des signes de modération, la croissance des salaires demeure à des niveaux incompatibles avec un environnement récessionniste. Les ventes au détail tiennent bon, tandis que les volumes de conteneurs ont rebondi, contribuant à l’amélioration des indicateurs de croissance en temps réel, qui signalent une croissance positive au deuxième trimestre. Les données «hard» ralentissent depuis des niveaux élevés, mais ne montrent pas de signes de fléchissement à court terme, tandis que les indices de confiance semblent se stabiliser.
Bien que l’incertitude puisse se prolonger tout au long de l’été, le marché trouve du réconfort dans la résilience des bénéfices des entreprises américaines, qui ont progressé à deux chiffres pour le deuxième trimestre consécutif, bien au-delà des attentes. Plus important encore, les révisions négatives des bénéfices semblent toucher un plancher, et la faiblesse du dollar américain pourrait aussi soutenir les perspectives bénéficiaires. Les marges bénéficiaires se maintiennent à des niveaux élevés, laissant une marge de manœuvre pour absorber partiellement d’éventuelles hausses de coûts. Le sentiment des investisseurs reste contenu, et les indicateurs de positionnement suggèrent que les investisseurs mondiaux disposent encore d'une marge pour accroître leur exposition – en particulier si l’administration américaine conclut de nouveaux accords ou se concentre sur des politiques favorables à la croissance.
Dans ce contexte, nous continuons de privilégier les actions américaines, qui ont bien performé le mois dernier. Les rendements américains évoluant près du sommet de leur fourchette des trois derniers mois et la courbe s’étant pentifiée cette année, nous réitérons également notre conviction forte sur les valeurs financières américaines, qui pourraient bénéficier de vents favorables supplémentaires en cas de déréglementation.
En Europe, nous avons pris des bénéfices de manière tactique après le récent rallye, étant donné qu’il reste à surmonter l’obstacle des discussions commerciales non résolues, et pensons que la rotation relative hors des actifs américains observée ces derniers mois devrait ralentir. Cela dit, les facteurs de soutien internes aux marchés européens devraient continuer de profiter à des secteurs comme l’industrie et la finance.
La croissance économique a mieux résisté que prévu, tandis que l’inflation est récemment tombée sous l’objectif de 2%, permettant à la BCE de baisser ses taux pour la septième fois consécutive, tout en laissant entrevoir une pause le mois prochain. Les écarts de taux des pays périphériques restent étroitement contenus, ce qui témoigne d’une confiance dans la transmission de la politique monétaire. En crédit, nous conservons une préférence relative pour les obligations de qualité investment grade à 7-10 ans. Bien que notre position sur les actions reste surpondérée, nous continuons également de privilégier une allocation stratégique vers les alternatives, avec une surpondération des hedge funds et une exposition ciblée aux infrastructures privées, comme moyen de réduire les risques extrêmes restants et de rechercher des actifs non corrélés.