Marchés en tension – Flash boursier de Bonhôte

Julien Staehli, Karine Patron, Pierre-François Donzé, David Zahnd, Bertrand Lemattre et Pascal Maire, Banque Bonhôte & Cie SA

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La semaine dernière a été marquée par l’escalade des incertitudes budgétaires aux Etats-Unis et un regain de protectionnisme sous l’impulsion de l’administration Trump.

Pression sur les taux longs

Au cœur de l’agitation: la proposition budgétaire du président Trump, qualifiée de « grande et belle loi », qui vise à concrétiser plusieurs promesses électorales, notamment en matière de réductions d’impôts et d’augmentation des dépenses publiques. Cependant, cette orientation budgétaire soulève de vives inquiétudes quant à la soutenabilité de la trajectoire de la dette fédérale, estimée à 36'000 de dollars. Moody’s a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme en abaissant la note des États-Unis, rejoignant ainsi S&P et Fitch. Si la solvabilité du pays n’est pas remise en cause à court terme, le signal envoyé aux marchés est clair: l’indiscipline fiscale chronique du Congrès et l’accumulation des déficits compromettent la stabilité à long terme du financement de l’Etat fédéral.

Cette réévaluation du risque souverain a entraîné une pression significative sur les taux d’intérêt à long terme. Le rendement du Trésor américain à 30 ans a franchi les 5,15%, un sommet depuis octobre 2023, tandis que celui à 10 ans a dépassé les 4,60%. Cette hausse des taux reflète non seulement la défiance des investisseurs, mais aussi l’anticipation d’un coût de financement plus élevé pour Washington. Elle remet en cause le statut de valeur refuge traditionnel des Treasuries, tout en affaiblissant le dollar, qui a reculé face à la plupart des devises majeures, à l’exception du yen.

Dans ce contexte, la Fed a adopté un ton prudent. Plusieurs membres du FOMC ont rappelé que la priorité restait la stabilité des prix, tout en soulignant la nécessité de patienter avant d’envisager une baisse des taux. Aucune détente monétaire significative ne semble prévue avant septembre, renforçant le sentiment d’attentisme sur les marchés.

Parallèlement, le climat économique en Europe reste contrasté. L’inflation d’avril est restée stable, mais l’activité du secteur privé s’est contractée pour la première fois en cinq mois. Ces signaux mitigés soulignent une reprise encore faible dans la zone euro, déjà fragilisée par les tensions commerciales transatlantiques.

Tensions commerciales transatlantiques

En effet, vendredi l’annonce de Trump sur les droits de douane, de 50% sur les importations européennes à partir du 1er juin, a ravivé les craintes de guerre commerciale. Une pause a finalement été accordée dimanche jusqu’au 9 juillet pour intensifier les négociations, mais l’épisode illustre l’imprévisibilité de la politique commerciale américaine.

Sur le front des sociétés, Apple a également été visée, avec la menace d’une taxe de 25% sur les iPhones non assemblés aux Etats-Unis.

Seule éclaircie notable, la saison des résultats du premier trimestre. Le S&P 500 affiche une croissance des bénéfices de +13,6%, supérieure aux attentes initiales. Les géants technologiques ont fait état d’une croissance de +28% sur un an, mais les questionnements sur la monétisation de l’IA augmentent.

Avec les incertitudes fiscales aux Etats-Unis et les tensions géopolitiques, les marchés évoluent dans un équilibre précaire. Le S&P 500 a clôturé la semaine en baisse de 2,61%, le Nasdaq de 2,39%, le SMI de 1,11% et le Stoxx Europe 600 de 0,75%.

L’essentiel en bref

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