La logique cachée des récentes politiques économiques

Dylan Figueiredo, Haute Capital Partners

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En imposant 50% de tarifs supplémentaires à la Chine (pour un total dépassant 110%), le président Trump révèle une mentalité typique d’un état de guerre plutôt qu’une réforme économique classique.

 

Quelque chose dans les récents tarifs douaniers échappe à la logique économique classique. L’urgence et la forte tolérance à la douleur économique à court terme suggèrent une motivation plus profonde, allant bien au-delà d’une simple relance de la production nationale ou du rééquilibrage commercial. En imposant 50% de tarifs supplémentaires à la Chine (pour un total dépassant 110%) et en qualifiant ces actions commerciales d’«urgence nationale» et de «question de sécurité nationale», le président Trump révèle une mentalité typique d’un état de guerre plutôt qu’une réforme économique classique.

Positionnement géopolitique et militaire

Plusieurs mesures récentes paraissant étranges au premier abord se révèlent stratégiques une fois reliées entre elles:

  1. Le Groenland: les tentatives américaines d’acquérir ce territoire visent à sécuriser les minerais critiques nécessaires à la suprématie militaire et technologique, notamment face aux activités croissantes de la Russie et de la Chine dans l’Arctique.
  2. Le canal de Panama: les discussions renouvelées pour le sécuriser ou l’acquérir montrent une volonté américaine de contrôler les voies maritimes stratégiques.
  3. Le Canada: l’attention portée aux territoires nordiques canadiens reflète les inquiétudes liées aux frontières arctiques vulnérables.
  4. Iron Dome américain: proposer un système de défense antimissile Iron Dome, malgré une défense déjà excellente, indique la crainte d'une menace imminente.
  5. Dépenses OTAN: la pression exercée sur les alliés pour atteindre 5% du PIB en dépenses militaires annonce un conflit géopolitique majeur.

Ces actions révèlent une stratégie cohérente visant à renforcer la position stratégique globale des États-Unis.

L’urgence d’indépendance des chaînes d’approvisionnement

Les services secrets américains prévoyaient une invasion potentielle de Taïwan par la Chine vers 2027. Cependant, de récentes informations laissent craindre un conflit imminent, potentiellement accéléré par la politique agressive de Trump. Les simulations militaires du Pentagone montrent qu’un tel conflit aurait des coûts énormes, poussant Trump à renforcer rapidement les capacités de production nationales, notamment dans le secteur naval.

La pandémie de COVID-19 et le conflit en Ukraine ont mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement américaines. L’administration Trump considère donc la sécurisation des chaînes logistiques nationales comme une nécessité vitale, dépassant la simple autosuffisance économique.

En outre, le déficit chronique du compte courant américain et son excédent symétrique en compte de capital révèlent une vulnérabilité financière majeure. Avec une position nette d’investissement international d’environ -22 trillions de dollars, les États-Unis dépendent fortement de capitaux étrangers susceptibles de fuir en temps de crise. Un tel retrait provoquerait une hausse brutale des coûts d’emprunt, risquant de déstabiliser l’économie américaine précisément au moment où le pays aurait besoin de financements massifs.


Changements dans la politique monétaire

Les marchés financiers ont rapidement détecté ces risques. Depuis l’annonce des tarifs douaniers, le ratio put-call a fortement augmenté, révélant un sentiment baissier marqué. Malgré cela, la liquidité reste abondante, l’inflation faible, mais les prévisions de croissance se détériorent.
Ces conditions rendent quasi certaine une réponse monétaire à venir, notamment sous forme de baisses de taux. Les marchés anticipent déjà quatre baisses de taux, contre une seule initialement prévue en début d’année, illustrant ainsi la rapidité d’adaptation face aux nouvelles menaces.

De manière intéressante, dans ce contexte volatil, les crypto-monnaies, notamment le Bitcoin, montrent une remarquable résilience. Leur performance depuis début 2025 jusqu'au 6 mai 2025 (+3,48% pour Bitcoin contre -5,02% pour le S&P 500) confirme leur rôle croissant comme couverture macroéconomique et bénéficiaires potentiels d’un assouplissement monétaire anticipé.

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