Et voilà, les indices américains d’actions sont de retour au-dessus de leur niveau du 2 avril, le fameux jour du grand plongeon de la libération de qui vous savez. Tout ça pour ça me direz-vous… Quoi qu’il en soit ce mois d’avril fut franchement étrange, le marché est passé par tous les états d’âme possibles et inimaginables pour finalement effectuer un retour à la case départ, dans un contexte d’espoir croissant d’un apaisement dans la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump (surtout entre Pékin et Washington), d’une Fed accommodante (on y croit…ou pas), de résultats trimestriels de sociétés au final pas si mauvais que cela et d’une macro qui tente de faire de la résistance, bien que présentant des craquelures de-ci de-là.
Le grand blond aux idées noires annonce de nouveaux droits de douane de 100% sur les films produits en-dehors des Etats-Unis ce qui semble n’inquiéter plus ou moins personne, le discours du président des Etats-Unis est de moins en moins audible tellement il parle. Le Wall Street Journal indique ce matin que cette nouvelle décision protectionniste pourrait avoir un effet dévastateur sur les studios hollywoodiens, dossier à suivre. Le sentiment général qui prévaut dans les salles de marchés en ce début de semaine est que le pire semble derrière le marché, qui sait désormais comment remettre le locataire de la Maison-Blanche à sa place et n’hésitera pas un instant à le refaire si nécessaire. Les risques de ralentissement économique, voire de récession, sont bien réels, tout comme un réveil potentiel de l’inflation à terme, mais le comportement du marché de la semaine écoulée confirme ce retour à une certaine forme de sérénité.
C’est une jolie semaine que vivent les indices d’actions avec environ 3% de progression pour le S&P500 (SPX), le Nasdaq100 (NDX) et le Russell2000 (RTY). Même constat en Europe avec +2,5% pour l’Eurostoxx50, +4,6% pour le Dax et +3,3% pour le Swiss Performance Index (SPI). Les rendements obligataires grappillent un peu de terrain des deux côtés de l’Atlantique, le dollar retrouve une certaine vigueur mais reste fragile techniquement, notamment face à l’euro, l’or fait l’objet de prises de bénéfices et le baril de WTI Light Crude plonge à 56,87 dollars, la faute à l’OPEP+, qui décide d’augmenter la production à raison de 400'000 barils par jour dès le mois de juin.
Neuvième séance consécutive de hausse pour le SPX vendredi, on n’avait plus vu ça depuis 2004. Le podium du jour de l’indice se compose des services de communication, des financières et des industrielles. L’indice se rapproche de sa 200 jours, tandis que son alter ego équipondéré (SPW) performe mieux (+1,73%) et récupère sa 50 jours en clôture. La surperformance du SPW face au SPX indique une participation générale des composants à la hausse du jour, c’est un bon signe pour la suite. Les 7 magnifiques se portent bien, hormis Apple (AAPL -3,74%) et Amazon (AMZN -0,12%) qui digèrent leurs résultats trimestriels, Amazon est attaquée sur son domaine de prédilection du cloud, notamment par Microsoft (MSFT +2,32%) qui chipe la place de plus grosse capitalisation boursières au monde à Apple au passage. Le NDX récupère le niveau de 20'000 points en clôture, il s’approche très près de sa 200 jours, le RTY repasse pour sa part au-dessus de sa 50 jours et des 2'000 points.
La configuration technique des principaux indices de Wall Street s’améliore on le constate aisément et il est intéressant de remarquer que cela se produit alors que le sentiment des gérants de fortune aux Etats-Unis n’avait pas été aussi mauvais depuis quasiment 30 ans. C’est ce que nous apprend l’hebdomadaire Barron’s, qui conduit un sondage national deux fois par an. Les 119 gérants ayant répondu à la toute fin du mois de mars sont haussiers (à un horizon de 12 mois) à raison de 26%. 32% d’entre eux sont baissiers et un impressionnant 42% n’a aucune idée de quoi penser de l’avenir. C’est pire lorsqu’on regarde ce que pensent leurs clients, dont 56% sont baissiers. Les raisons invoquées sont les craintes d’un ralentissement économique (24%), d’une récession (19%), de troubles politiques aux Etats-Unis (14%) d’un retour de l’inflation (11%), de résultats de sociétés décevants (10%), de troubles géopolitiques (7%) et autres (15%). C’est donc bel et bien la guerre commerciale de qui vous savez qui fait le plus de mal au sentiment, on comprend mieux pourquoi les indices rebondissent dès que l’ombre d’une lueur d’espoir pointe le bout de son nez à ce sujet. Ce pessimisme rare ne constitue pas forcément une mauvaise nouvelle pour la suite des événements, il indique par exemple que ces gérants n’ont probablement pas encore fait le plein d’actions, on peut regarder cela d’un point de vue contrariant, c’est à suivre.
Tiens, en parlant de sentiment, le VIX perd 7,7% vendredi à 22,68 points. Même constat sur son alter ego le MOVE, qui rend 5,5% à 101,4, on semble se détendre progressivement sur les parquets de trading. Sur le front obligataire, le rendement du 10 ans US remonte à 4,31%, sa 100 jours se situe à 4,41%. Le dollar se stabilise ce matin, la paire EUR/USD traite à 1,1328, on se prépare à l’annonce de la Fed ce mercredi soir qui vient. À ce propos, Donald Trump répète ce weekend qu’il ne veut pas mettre Jerome Powell à la porte, mais qu’il veut une baisse de 25 points de base mercredi. C’est ballot, le marché prévoit 2% de probabilités que cela se produise. Scott Bessent essaie aussi de convaincre la Réserve Fédérale de faire un geste mercredi, la Fed réponse par le biais de Christopher Waller, qui suggère vendredi qu’une baisse en juin est peu probable. Pour l’échéance de juin, le marché est pour sa part plus ouvert, il accorde 50% de probabilités à une baisse de 25 points de base à cette occasion.
En Europe, les indices d’actions vous saluent bien. Le Stoxx Europe 600 (SXXP) a récupéré ses 200, 100 et 50 jours en une semaine, belle prouesse technique, tandis que le SMI se bat avec sa 100 jours, à suivre de près.
Les investisseurs font face à une avalanche de résultats et de données macroéconomiques. En Europe, la croissance dépasse légèrement les attentes, mais les inquiétudes persistent. Aux États-Unis, le PIB recule de 0,3% sous l’effet du commerce. L’inflation reste floue, mais l’emploi tient bon. La Banque du Japon maintient ses taux et revoit à la baisse ses prévisions de croissance face aux tensions commerciales.
Le bilan des résultats trimestriels des principales entreprises américaines (72% du S&P 500 a publié) demeure positif: la proportion d’entreprises dépassant les attentes des analystes, ainsi que l’ampleur de ces dépassements, reste dans la norme. Les annonces douanières imprévisibles de la Maison Blanche ne provoquent pas de choc notable en l’état. Dans les secteurs les plus sensibles à la conjoncture, les dirigeants adoptent un ton prudent, mais les analystes ajustent peu leurs prévisions annuelles à la baisse.
Allez! On se penche sur les tops et les flops de la semaine passée: Toyota Industries s’envole de 25,78%, portée par une rumeur relayée par Bloomberg selon laquelle Toyota Motors envisage de racheter entièrement sa filiale. Cette information agite fortement la Bourse de Tokyo. Rheinmetall grimpe de 13,67%, alors que le groupe allemand de défense voit son chiffre d’affaires progresser de 46% au premier trimestre, bien au-delà des attentes. Il confirme ses objectifs annuels, soutenu par un carnet de commandes record de 62,6 milliards d’euros. Xiaomi gagne 11,32%, poursuivant sa dynamique positive en Bourse. Le groupe chinois bénéficie également de l'engouement autour de l’intelligence artificielle avec le lancement de son propre modèle de langage open-source, MiMo. Microsoft, de son côté, progresse de 11,08% et reprend son titre de première capitalisation mondiale devant Apple. La croissance vient encore une fois du cloud Azure, et l’entreprise profite pleinement de l’intégration de l’IA dans l’ensemble de ses services. Airbus évolue à peine (+0,11%), mais publie de solides résultats trimestriels, avec un bénéfice net en hausse de 33%. Le groupe confirme ses objectifs pour 2025, dont la livraison de 820 appareils et une génération de trésorerie de 4,5 milliards d’euros, hors effets douaniers. Meta gagne 9,09%, portée par la progression de ses revenus publicitaires. Les outils d’IA séduisent les annonceurs, entraînant une hausse de 10% du prix moyen des publicités. Le groupe relève aussi ses prévisions d’investissements pour 2025, désormais situées entre 64 et 72 milliards de dollars. À l’inverse, Qualcomm recule de 5,89%, pénalisée par des prévisions inférieures aux attentes. L’entreprise anticipe un chiffre d’affaires de 10,3 milliards d’euros, en raison d’une demande atone pour ses puces destinées aux smartphones. Eli Lilly perd 6,89%. Le laboratoire publie des résultats solides, meilleurs qu’attendu, mais les ventes de son traitement phare contre l’obésité, le Zepbound, suscitent une certaine réserve du marché. Adidas baisse de 4,75%: malgré un bon trimestre, avec des revenus en hausse et un bénéfice net en forte progression, les prévisions ne convainquent pas. Ne produisant rien aux États-Unis, la marque reste exposée à une menace tarifaire sur environ 20% de son chiffre d’affaires. Take-Two cède 2,61% après l’annonce du report de GTA 6, considéré comme le jeu vidéo le plus attendu de la décennie. Enfin, Apple recule de 1,88%. Malgré une publication jugée solide et plusieurs tentatives pour rassurer les investisseurs, le groupe reconnaît un impact significatif lié à la mise en place de nouveaux droits de douane.
Donald Trump déclare que des accords commerciaux pourraient «très bien» être conclus cette semaine, sans préciser les pays concernés. Plus tôt, il affirme dans l’émission Meet the Press de NBC qu’il est prêt à réduire les droits de douane sur la Chine «à un moment donné», tout en saluant certaines déclarations de Pékin qu’il juge positives.
Warren Buffett surprend même son successeur en annonçant qu’il quittera son poste de CEO de Berkshire Hathaway à la fin de l’année. Greg Abel hérite d’un mastodonte de 1’200 milliards de dollars et de pas mal de cash à mettre au travail.
Au menu macro-économique du jour, L'indice PMI des services aux Etats-Unis en avril sera publié à 16h00.
Sur l'agenda des sociétés: le rythme de publications de résultats se calme mais reste soutenu. Palantir, AMD, Walt Disney et Uber sont attendus aux Etats-Unis. En Europe, Novo Nordisk, AXA, Zurich Insurance ou encore AB Inbev dévoileront leurs chiffres. Apple ouvre ses iPhone aux paiements hors de sa boutique d'applications. La fusion entre Bunge Global et Viterra (Glencore) est bloquée par les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, a rapporté vendredi Bloomberg. Samsung Electronics conteste une demande fiscale de 520 millions de dollars en Inde et pointe du doigt les pratiques de Reliance.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont quasiment tous fermés, seul le Nifty50 traite et clôture en hausse de 0,44%. Le future SPX recule de 0,7% et l’Europe ouvre à l’équilibre.