Le comportement du marché confirme chaque jour un peu plus que le sentiment général semble en voie de guérison. Il suffit de jeter un œil au future Nasdaq ce matin, qui évolue en territoire positif malgré les résultats décevants d’Apple et Amazon publiés hier après la clôture du NYSE. La bonne tenue des indices ces derniers jours peut être attribuée à deux facteurs. Tout d’abord les espoirs que le pataquès géant provoqué par qui vous savez autour du commerce mondial se dissipe quelque peu, d’ailleurs cette nuit la Chine annonce évaluer une proposition américaine sur les droits de douane, insistant ceci dit lourdement sur le fait que ce serait Washington qui demanderait le dialogue et pas l’inverse. Pékin tente de prendre fermement la main en précisant que «si les Etats-Unis veulent discuter, ils doivent montrer leur sincérité à le faire, être prêts à corriger leurs mauvaises pratiques et annuler les droits de douane unilatéraux et agir». Guerre commercial accompagnée d’une guerre d’ego donc, mais le marché ne voit qu’une chose, une porte qui s’entrouvre vers des négociations, c’est là tout ce qui compte et cela nous rappelle combien ce point est de loin le plus important actuellement pour des investisseurs de plus en plus déboussolés par l’absence croissante de visibilité provoquée par le grand blond depuis le 20 janvier. En parallèle à ce vent d’optimisme qui souffle sur les parquets de trading, les intervenants continuent d’espérer que la Fed baisse ses taux directeurs cette année encore, 3 voire 4 fois (25 points de base par coupe). Les esprits taquins rappelleront que la croissance américaine est en danger et que l’inflation semble retrouver des couleurs, dans les salles de marchés on verra ça plus tard, chaque chose en son temps.
Huitième séance consécutive de hausse pour l’indice S&P500 (SPX) hier, pour sa part le Nasdaq100 (NDX) se hisse au-dessus de son niveau du 2 avril, il a donc effacé le gros trou d’air provoqué par le désormais célèbre «Liberation Day» de qui vous savez. Les mastodontes de la tech portent la cote comme à la belle époque (l’an passé donc), on célèbre les résultats trimestriels de Microsoft et Meta, le podium du jour du SPX se compose sans surprise de la tech, des services de communication et de la consommation discrétionnaire. En jetant un œil au breadth, on constate rapidement que la hausse d’hier est loin d’être générale avec 214 actions du SPX qui progressent contre 286 qui reculent, d’ailleurs l’indice S&P500 équipondéré (SPW) recule de 0,14% sur la journée, l’armée refuse donc de suivre les généraux sur la colline, admettez que cela peut s’avérer gênant à terme.
Sur la partie technique, le SPX récupère sa moyenne mobile à 50 jours et a réintégré son canal haussier entamé le 13 octobre 2022. Le NDX récupère lui aussi sa 50 jours, il regarde désormais sa 200 jours, qui se situe à 20'177 pts contre une clôture à 19'786 pts. La volatilité fait du surplace hier, le VIX termine la séance à 24,60, son alter ego obligataire le MOVE rend 4,5%, indiquant une certaine détente sur le marché des obligations. Notons qu’en Europe l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) a désormais récupéré sa 200 jours, qu’il regarde sa 100 jours à 528,81 contre une clôture hier à 527,60 et est de retour dans son canal haussier entamé en octobre 2022. Le rendement du 10 ans US évolue ce matin à 4,22%, pile sur sa 200 jours, s’il la casse, une visite à 4% semble s’imposer. Côté monnaies, le dollar a retrouvé des couleurs, la paire EUR/USD traite à 1,1328, l’euro reste en tendance haussière contre le billet vert, en revanche la paire voit un support horizontal à 1,1308, niveau à surveiller.
Résumons: l’appétit au risque est de retour sur les parquets de trading, malgré des résultats trimestriels de sociétés moins bons que dans un passé récent et une macro potentiellement chancelante. À court terme c’est la guerre commerciale globale qui jouera le rôle d’arbitre avec en toile de fonds la Fed, à qui le marché semble s’accrocher comme rarement. La question à mille milliards de dollars est de savoir ce que Jerome Powell et ses amis peuvent réellement faire dans un tel contexte.
Le dernier rapport trimestriel d’Apple ne rassure pas les investisseurs. Malgré des résultats globaux meilleurs que prévus, l’action perd 4% dans les échanges après-bourse en raison de ventes décevantes en Chine et de la menace de hausses de tarifs douaniers. Les ventes en Chine ont reculé de 2,3%, atteignant 16 milliards de dollars, en dessous des attentes. Apple y subit la concurrence des marques locales (Huawei, Xiaomi, Oppo) et les restrictions gouvernementales contre les technologies étrangères. Les tensions commerciales entraînent une hausse des coûts: 900 millions de dollars supplémentaires sont attendus ce trimestre en raison des tarifs. Apple prévoit un chiffre d’affaires en hausse de quelques pourcents seulement et ne fournit aucune prévision au-delà du trimestre en cours. L’entreprise peine également à suivre la concurrence en intelligence artificielle, surtout en Chine, où sa plateforme Apple Intelligence n’est pas encore disponible. Par ailleurs, Apple lance un nouvel iPhone 16e à 599 dollars, plus cher que l’ancien modèle d’entrée de gamme, ce qui pourrait avoir freiné les ventes. Un iPhone pliable est prévu pour l’an prochain. Dans un contexte difficile (pressions réglementaires, procès sur l’App Store, incertitudes sur l’accord de recherche avec Google), Apple annonce tout de même un rachat d’actions de 100 milliards de dollars et une augmentation de 4% du dividende. Enfin, face aux tensions commerciales, Apple délocalise sa production: la moitié des iPhones destinés au marché américain sont désormais fabriqués en Inde, et les autres produits de plus en plus au Vietnam.
Amazon publie des résultats solides pour le premier trimestre 2025, dépassant les attentes des analystes. Pourtant, son action recule d’un peu plus de 3% après la cloche, en raison d'inquiétudes liées aux nouveaux tarifs douaniers américains sur les produits chinois. Le chiffre d’affaires progresse de 9% et le bénéfice net augmente nettement par rapport à l’an dernier. Les activités publicitaires et les services cloud continuent de croître, même si Amazon Web Services affiche une performance légèrement en dessous des prévisions. Pour le deuxième trimestre, Amazon prévoit une croissance modérée, mais reste prudent sur ses prévisions de bénéfice. Cela contribue à l’hésitation des investisseurs. La menace de nouvelles taxes douanières pèse sur les vendeurs tiers de la plateforme, qui génèrent plus de la moitié des ventes en ligne. Amazon s’inquiète des effets possibles sur le comportement des consommateurs. Parallèlement, l’entreprise continue d’investir massivement dans l’intelligence artificielle et dans ses infrastructures cloud, avec pour objectif de renforcer sa position dans ce secteur stratégique. Malgré de bons résultats financiers, les perspectives à court terme restent incertaines, notamment en raison du contexte géopolitique.
Marco Rubio occupera le poste de conseiller intérimaire à la sécurité nationale après la mise à l'écart de Mike Waltz par Donald Trump dans le sillage du «Signalgate». Rubio conservera son poste de secrétaire d'État, tandis que Waltz a été relégué nommé ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies.
Dans son budget 2026, Donald Trump demande au Congrès une réduction de 23% des dépenses intérieures et un financement record de 1,01 billion de dollars pour la sécurité nationale. Sa demande devrait être publiée aujourd'hui.
Le président des Etats-Unis déclare qu'il imposera des sanctions secondaires aux pays ou aux entreprises qui achètent du pétrole iranien, accentuant ainsi la pression sur Téhéran alors que les négociations sur le nucléaire sont dans l'impasse. Il indique par ailleurs que ces pays ne seraient pas autorisés à faire des affaires avec les États-Unis.
Au menu macro-économique de ce vendredi, tous les regards se tournent vers l'emploi US du mois d'avril, qui sera publié à 14h30 avec ses multiples composantes (salaire horaire, taux de chômage, emploi salarié...).
Airbus a dépassé les attentes au T1. Le titre progressait de 3,8% aux USA après les chiffres. Sanofi a finalisé la vente de 50% de sa division santé grand public, Opella, à CD&R, contre 10 milliards d'euros en cash. BASF confirme ses perspectives mais met en garde contre le niveau élevé d'incertitude lié aux droits de douane. Le président du conseil d'administration de HSBC, Mark Tucker, quittera le groupe d'ici à la fin 2025 après huit ans en poste. Ryanair menace d'annuler sa commande auprès de Boeing si les droits de douane ont un impact sur le prix. General Motors abaisse ses prévisions 2025 à cause des droits de douane. Tesla a lancé la recherche du successeur d'Elon Musk, selon le WSJ, mais la société a démenti. Apple a ignoré le jugement sur l'accès aux boutiques d'applis concurrentes, selon la justice américaine. Les Etats-Unis envisagent d'assouplir les restrictions sur les puces Nvidia à destination des Emirats arabes unis. Trump indique qu'IBM et RTX pourraient remporter un contrat américain pour moderniser le système de contrôle du trafic aérien. Amazon va investir 4 milliards de dollars pour étendre son réseau de livraison dans les zones rurales aux Etats-Unis.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 1,04% à la cloche, Hong Kong avance de 1,76%, Shanghai est fermée, Séoul grappille 0,12% et le Nifty50 recule de 0,14%. Le future SPX avance de 0,5% supplémentaires et l’Europe ouvre en hausse d’un peu plus de 1%. L’or rend du terrain depuis quelques séances, l’once cote 3252 dollars, le pétrole est repassé en-dessous des 60 dollars le baril de WTZI Light Crude.
Vous reprendrez bien une coupe de prosecco? Moët Hennessy, la division vins et spiritueux de LVMH (Champagne, Cognac), prévoit de réduire ses effectifs de plus de 10%, soit environ 1’200 postes, principalement via un gel des embauches et le non-remplacement des départs. Cette décision fait suite à une baisse de 9% des ventes organiques au premier trimestre 2025, notamment aux États-Unis et en Chine, et à une hausse des coûts de 35% depuis 2019, alors que le chiffre d'affaires stagne. La division, récemment réorganisée avec l’arrivée de Jean-Jacques Guiony comme PDG, est aussi confrontée à des droits de douane américains de 20%, qui pèsent sur ses exportations.