En phase de décélération

Yves Hulmann

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La croissance du PIB suisse ralentira à quelque 1,6% en 2019, en ligne avec la baisse de régime attendue pour l’économie mondiale.

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Après l’euphorie, le retour à la normale. C’est en substance le message qui ressort des prévisions pour la nouvelle année. En décembre, de nombreuses banques et instituts de recherche conjoncturelle ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour l’économie helvétique en 2019. Ainsi, à la mi-novembre, le consensus des économistes anticipait encore une croissance du produit intérieur brut (PIB) suisse de 1,8% pour 2019. Un mois plus tard, ce pronostic a été ramené à 1,6%, selon les données rassemblées par Consensus Economics. Parmi les révisions à la baisse qui ont marqué les esprits, les experts du Secrétariat à l’Economie (Seco) ont ramené leur prévision de croissance pour le PIB suisse en 2019 à 1,5%, soit bien en-deca des 2% indiqués en septembre. 

Retour vers la «tendance de croissance» normale

Le coup de frein de la conjoncture helvétique au troisième trimestre (0,2%) a incité le Seco à revoir ses prévisions à la baisse. L’organisation Economiesuisse a aussi ramené sa prévision de croissance pour le PIB helvétique à 1,4% pour 2019 (contre 1,7% précédemment). Une baisse relativisée par Rudolf Minsch, son chef économiste, qui rappelait que la conjoncture helvétique revient vers sa «tendance de croissance habituelle». Même argument de la part de Daniel Kalt, le chef économiste d’UBS, qui prévoyait une croissance du PIB suisse de 1,5% pour 2019: l’économise relève aussi qu’il s’agit d’un retour vers la tendance de croissance habituelle de l’économie helvétique.

Parmi les plus optimistes,
Credit Suisse anticipe toujours une croissance suisse de 1,7%.

Parmi les experts les plus prudents, Swiss Life Asset Management anticipe une croissance du PIB helvétique de seulement 1,2% pour 2019. L’institut BAK Economics a aussi fortement révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2019 à 1,2% (1,9% auparavant). Parmi les plus optimistes, Credit Suisse anticipe toujours une croissance du PIB helvétique de 1,7%, l’économie helvétique continuant d’être soutenue par la bonne tenue de la consommation privée en mesure de contrebalancer la faiblesse attendue des exportations.

Croissance mondiale moins soutenue

Car c’est la baisse de régime de l’économie mondiale qui inquiète le plus. La croissance de l’économie mondiale ne devrait atteindre plus que 3,6% cette année, prévoit UBS. Des prévisions qui rejoignent celles de Standard & Poor’s: après une progression estimée à 3,8% en 2018 – son plus haut niveau en six ans -, celle-ci devrait ralentir à 3,6% en 2019, prévoit l’agence de notation. Ce déclin résultera du ralentissement escompté à la fois aux Etats-Unis et en Chine, deux pays qui représentent à eux seuls 40% du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, rappelle l’agence.

«L’exception américaine montre de plus en plus de signes de vulnérabilité.»

Si les formules varient d’un institut à l’autre, tous anticipent un ralentissement. «L’automne arrive», résumait en titre Standard & Poor’s en présentant ses perspectives pour 2019. «La direction prise par l’économie mondiale en 2019 est claire: le PIB va ralentir, sous la direction des Etats-Unis dont le rythme d’expansion devrait chuter aux environs de 2% d’ici la fin de l’année», ajoute l’agence de notation. «L’exception américaine (…) montre de plus en plus de signes de vulnérabilité», relève aussi le gérant d’actifs Carmignac dans une note en décembre.

Economie d’exportation sous pression

La prudence est également de mise pour la zone euro qui ne devrait croître que de 1,6% cette année (après 1,9% en 2018), avec une croissance identique escomptée en Allemagne, premier partenaire économique de la Suisse. La faiblesse des récents indicateurs conjoncturels va aussi dans ce sens: le moral des entrepreneurs allemands mesuré par l’institut Ifo a reculé en décembre pour s’établir à 101 points, contre 102 points un mois plus tôt. «Les signes de ralentissement des exportations grèvent la machine économique allemande», commentait Allianz Global Investors. Avec quelles conséquences pour la Suisse? «Une expansion sans vigueur dans la zone euro et l’affaiblissement de la conjoncture globale vont mettre l’économie suisse d’exportation sous pression», anticipe Thomas Stucki, le responsable des investissements de la Banque Cantonale de St-Gall. «La phase d’expansion arrive à son terme. Nous devrons à nouveau nous habituer à une croissance du PIB plus modérée», conclut-il.

Note de la rédaction: retrouvez tous les jours de cette semaine notre série «La Suisse en 2019».

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