Des banques ont mis à jour des éléments douteux et ont informé le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent de l’Office fédéral de la police.
Le Ministère public vaudois a ouvert une enquête pour fraudes présumées aux crédits destinés à atténuer les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus. Plus d’un million et demi de francs auraient été transférés à l’étranger. Un suspect est en détention.
«Les banques qui ont octroyé les crédits COVID ont procédé à des vérifications. Elles ont mis à jour des éléments douteux, dont elles ont informé le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent de l’Office fédéral de la police. Ce dernier a procédé à des vérifications. Comme il n’a pas pu lever le doute, il a averti le Ministère public vaudois, qui a été saisi de l’affaire», a expliqué lundi à Keystone-ATS le procureur Anton Rüsch.
Mardi dernier, le Parquet a lancé une vaste opération tendant à interpeller «plusieurs» individus. Les locaux de «plusieurs» entreprises ont été perquisitionnés. «Plusieurs types de sociétés sont concernées, plutôt des PME», a ajouté le procureur, sans donner davantage de précisions, secret de l’instruction oblige.
De nombreux comptes ont été bloqués. Les auteurs présumés sont des ressortissants suisses, originaires de Turquie. Ils sont suspectés d’avoir obtenu des aides totales de plusieurs millions de francs auprès de diverses banques sur la base de déclarations mensongères.
Il leur est reproché d’avoir induit les banques en erreur sur les chiffres d’affaires réalisés par les entreprises en profitant des contrôles limités prévus par le système en place. Ils auraient également employé les fonds prêtés à d’autres fins que pour les besoins courants de leurs entreprises.
«Il se pourrait que ces crédits n’aient pas été employés pour les besoins de l’entreprise en liquidités», explique le magistrat. Plus d’un million et demi de francs ont été transférés à l’étranger. «On suspecte qu’ils ont été utilisés à tout autre chose», ajoute Anton Rüsch.
Des mesures ont été prises afin de permettre le rapatriement de ces fonds. «Il faudra trouver les moyens adéquats et les plus rapides possible», explique le procureur. L’arnaque concerne «essentiellement le canton de Vaud». Le magistrat «n’a pas connaissance», à ce stade, de fraude plus importante en Suisse. Mais «on parle de soupçon, d’éléments douteux», insiste-t-il.
L’enquête se poursuit. Une instruction a été ouverte pour escroquerie, abus de confiance, gestion déloyale aggravée, faux dans les titres, blanchiment d’argent et contravention à l’ordonnance sur les cautionnements solidaires liés au COVID-19.