Que choisir entre AMC et ETF activement géré?

Levi-Sergio Mutemba

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L’un est un produit structuré, l’autre un fonds, mais tous deux se caractérisent par une gestion active à faibles coûts.

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Comment trancher entre un certificat activement géré (AMC) et un exchange-traded fund (ETF), lui aussi activement géré? Bien qu’étant décrits par les gestionnaires d’actifs comme étant des solutions d’investissement foncièrement différentes, la question se pose dans la mesure où leurs définitions respectives se confondent par endroit dans leurs fonctions. Cependant, l’un est un produit structuré, l’autre un fonds, impliquant des structures fondamentalement différentes.

Par exemple, la Securities and Exchange Commission (SEC) explique que les ETF activement gérés ne reposent pas sur un indice. Mais que, au lieu de cela, ceux-ci cherchent à remplir un objectif déclaré en investissant dans un portefeuille d’actifs sous-jacents. «Contrairement à un ETF basé sur un indice, le conseiller d’un ETF activement géré peut acheter et vendre des composants du fonds sur une base quotidienne et de façon discrétionnaire, sans se conformer à un indice», détaille la SEC dans son bulletin aux investisseurs.

«Il n’est pas nécessaire de se doter d’une référence ou benchmark concernant un AMC, contrairement à un ETF»

S’agissant des AMC, l’Association Suisse des Produits Structurés (SSPA) en donne la définition suivante: «Les AMC sont des produits structurés dont les actifs sous-jacents sont gérés de façon discrétionnaire durant la durée de vie du produit, conformément à une stratégie d’investissement spécifique.» La SSPA précise que le manager ou le conseiller peut à tout moment modifier la composition du portefeuille. Ces éléments sémantiques ne permettent pas vraiment d’établir une différence de fond entre ces deux solutions.

«Les ETF activement gérés ont des réglementations plus fortes que les AMC, mêmes s’ils sont actifs», explique le CIO François Savary, qui était en charge de l’allocation d’actifs au cours des dernières décennies sur la place financière genevoise. «Les frais sur les AMC sont beaucoup plus libres et c’est le manager qui les gèrent qui en décide le montant», poursuit l’expert contacté par Allnews. «De plus, il n’est pas nécessaire de se doter d’une référence ou benchmark concernant un AMC, contrairement à un ETF, qu’il soit activement géré ou non», précise François Savary. Qui ajoute que les AMC offrent également une plus grande liberté de gestion en termes du type d’actifs que le produit peut couvrir.

«Le point commun entre un AMC et un ETF géré activement réside en effet dans la gestion active de la stratégie d'investissement», confirme Nadia Gouné, ingénieur spécialiste des produits financiers, basée à Genève. «Toutefois, en dehors de ce point, il existe de nombreuses différences, y compris dans l’objectif lié à leur création», poursuit celle-ci. Elle souligne l’importance de distinguer entre deux types de démarches dans l’activité AMC.

Une démarche appelée push et une autre dite client driven. «Dans le cas du push, une banque émettrice veut proposer aux clients un AMC propriétaire dans lequel elle propose une stratégie d’investissement telle qu’un AMC thématique sur les énergies vertes ou les crypto monnaies, par exemple. C’est cette catégorie que l’on peut éventuellement comparer aux ETF gérés activement disponibles sur le marché et au sein de laquelle la banque émettrice joue le rôle de conseiller de l’indice tout en étant l’émetteur», explique Nadia Gouné.

«Le premier challenge d’un AMC est de générer du rendement plus que de l’alpha.»

«L’autre catégorie d’AMC est celle qui répond spécifiquement aux besoins d’un client. Ce client est alors l’advisor de l’AMC», poursuit la spécialiste. Dans ce cas de figure, la banque émettrice met à disposition du conseiller une plateforme et un ensemble d’actifs dont ce dernier peut disposer. La stratégie d’investissement et les rebalancements sont alors de la responsabilité du client, qui peut être un tiers gérant, par exemple.»

Certes, certains AMC peuvent être comparés à un benchmark ou une thématique ou encore à des peers. Toutefois, selon Nadia Gouné, la réalité est différente. «Le premier challenge d’un AMC est de générer du rendement plus que de l’alpha. Par ailleurs, l’ensemble des outils disponibles dans les AMC, tels que la couverture systématique du change ou la stratégie de couverture, est tel que comparer l’AMC à un benchmark n’a plus vraiment de sens selon moi», souligne-t-elle.

Enfin, notons que les AMC et les ETF activement gérés répondent à des besoins et attentes culturellement différentes, selon que l’on est européen ou américain. «Au départ, l’AMC est une spécificité suisse qui répondait aux besoins de certains clients tels que des tiers gérants», indique Nadia Gouné. «Ils sont en forte croissance et gagnent du terrain en Europe, où l’environnement réglementaire est un sujet clé dans le développement de ces produits. Raison pour laquelle on en voit plus en Europe qu’aux États-Unis, ce dernier étant un marché plus habitué aux ETF», conclut Nadia Gouné.

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