Vers une diminution des interférences politiques

Salima Barragan

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«Les fondamentaux vont reprendre le dessus», estime Christopher Hillary, CEO de Roubaix Capital.

 

La hausse des taux d’intérêt, la campagne de résultat et la victoire démocrate à la chambre basse ont secoué le marché des actions américaines. Pourtant, Christopher Hillary, CEO de Roubaix Capital et gérant de la stratégie long-short UCITS de Prosper, estime que ce résultat est un non-évènement car le marché va dorénavant se concentrer sur les fondamentaux. Une aubaine pour les stock-pickers.

Le résultat des élections de mi-mandat va aboutir sur un gouvernement plus équilibré. Une bonne nouvelle pour le pays. Mais les politiques «pro-business» de Trump seront entravées par la nouvelle répartition du Congrès. «Il n’y a pas beaucoup de marge pour une amélioration des politiques en cours car la branche exécutive est motivée à annuler les accords en place», affirme Christopher Hillary, basé à Denver dans le Colorado. Le gérant est devenu plus prudent en raison de la croissance qui ralentit, mais il estime que les changements au Capitole vont diminuer les interférences politiques: «Le marché actions a réagi fortement lors des résultats mais les fondamentaux vont reprendre les dessus».

Le cycle économique a peut-être
encore du potentiel.

Ainsi, dans un contexte de reprise économique lente, les facteurs décisifs pour la reprise d’une hausse du marché seront la poursuite de ce cycle  de croissance économique molle et les résultats des entreprises. Les réductions d’impôt de 2018 ont soutenu la croissance de leurs bénéfices et incité les entreprises à investir en Capex. Mais après avoir atteint le niveau de croissance des bénéfices le plus élevé depis 2010, qu’en sera-t-il en 2019? Les projections de la base de données et d’analyses Factset sont moins optimistes et anticipent déjà un fléchissement pour les trimestres à venir.

Christopher Hillary garde les pieds sur terre et s’attend à davantage de volatilité mais aussi, entre autres, à un affaiblissement du cycle de Capex et de la confiance des chefs d’entreprise: «La plupart des indicateurs ont été très forts mais vont se replier car la croissance devient plus difficile». Le cycle économique a pourtant peut-être encore du potentiel car si l’on se réfère à la courbe de différentiel des taux d’intérêt courts et longs, celle-ci n’est pas encore en territoire négatif, ce qui historiquement est un indicateur avancé d’un début de récession. Généralement, ce signal présage une récession après une période de 18 mois en moyenne, ce qui semble donc aujourd’hui encore assez éloigné. Cela laisse encore aussi un peu de sursis pour Trump dont le mandat finit en 2021.

Les secteurs bénéficiaires de cette nouvelle répartition du pouvoir sont  pour l’instant difficile à discerner, mais certains pourraient voir leur sous-performance s’accentuer. «Avec une plus grande représentation des Démocrates, nous nous attendons à un cadre plus contraignant pour les secteur de l'énergie et les financières, à mesure que les déréglementations s'atténuent», estime le gérant. Pour l’instant, une rotation sectorielle n’est pas à l’ordre du jour, mais cette nouvelle configuration démontre que le parti bleu a gagné en l’influence. Et les probabilités d’un prochain Président démocrate augmentent.

Il est plus logique d’effectuer de la recherche fondamentale
dans un segment où la compensation est potentiellement supérieure.

Un marché moins guidé par les bruits politiques que par les fondamentaux est propice au stock-picking. Pour dégager de l’alpha, Christopher Hillary investit dans l’univers des petites et moyennes capitalisations (jusqu’à 10 milliards de dollars US): «Il s’agit d’un marché de niche permettant de générer des performances décorrélées», estime le gérant qui s’efforce de dénicher les bons cas d’investissement.

Dans cet univers d’investissement, riche de près de 3'000 sociétés, la plus grande dispersion des performances des titres permet au gérant long-short une génération d’alpha historiquement plus élevée. Ainsi, pour Christopher Hillary, il est plus logique d’effectuer de la recherche fondamentale dans un segment où la compensation est potentiellement supérieure. D’autant que la compétition des analystes financiers y est moins intense. «Il y a moins de recherches sur les petites sociétés car les banques ne les incluent pas dans leur modèle d’affaires. Elles n’investissent plus dans des ressources pour ce type de recherche sell-side. Environ 50% des small caps sont couvertes par moins de 5 analystes», souligne Christopher Hillary, qui, dans cette phase de retrait sans précédent du Quantitative Easing, est devenu plus défensif dans ses positions « long » et plus agressif dans ses positions «short».