Une embellie pour les semi-conducteurs?

Dmitrii Ponomarev, VanEck

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Le marché des semi-conducteurs devrait voir ses revenus plus que doubler d’ici 2030.

L’intelligence artificielle (IA) sera-t-elle bénéfique ou néfaste pour l’espèce humaine? Quelle que soit la réponse, l’adoption rapide des chatbots tels que ChatGPT donnera un coup de fouet à la demande de semi-conducteurs qui sont au cœur de l’accélération de la numérisation. Il n’est pas exagéré de dire que l’économie numérique moderne dépend d’eux.

Pourtant, le secteur a été marquée par un déclin rapide en 2022, après une montée en flèche en 2020 et 2021. Les stocks de puces excédentaires s’étaient accumulés, rendant le secteur mûr pour un renversement de tendance lorsque les économies se sont rouvertes. En outre, les tensions géopolitiques croissantes entre les États-Unis et la Chine ont joué un rôle dans ce revirement.

Les prix et les valorisations des actions de semi-conducteurs ont fortement chuté en 2022, mais commencent à se redresser, les investisseurs se concentrant sur la croissance probable des bénéfices à long terme. En effet, la demande de semi-conducteurs dans l’économie est telle qu’il peut s’avérer intéressant d’investir alors que les actions de semi-conducteurs sont encore bien en dessous de leur précédent sommet.

Une numérisation effrénée

Avec l’expansion des capacités de calcul, de l’IA et de la connectivité numérique - y compris la nécessité de gérer des volumes de données toujours plus importants et la numérisation croissante des appareils électriques - le marché des semi-conducteurs devrait connaître une croissance rapide. Selon un document du Parlement européen citant les prévisions de McKinsey, ses revenus vont plus que doubler, passant à plus de 1000 milliards de dollars d’ici 2030 contre 550 millions de dollars en 2022.

Le document du Parlement européen décrit les semi-conducteurs comme «étant pour la transition numérique ce que les moteurs à vapeur ont été pour la révolution industrielle: une technologie polyvalente qui définit toute une ère de croissance économique et de progrès».

En effet, les puces sont l’élément vital de la transition numérique. Sans elles, il n’y aura pas de voitures hautement automatisées, de supercalculateurs, d’informatique quantique et d’usines automatisées, sans parler de la nouvelle génération de chatbots.

Une industrie stratégique

Illustrant à quel point les semi-conducteurs sont devenus essentiels à la prospérité économique, l’Europe et les États-Unis s’efforcent de devenir autosuffisants en matière de semi-conducteurs, afin de réduire leur dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement étrangères. En fait, le processus de production d’un semi-conducteur typique peut impliquer des étapes dans plus de cinq pays et trois expéditions ou plus à travers le monde. Des goulets d’étranglement régionaux existent à presque toutes les étapes de la chaîne de valeur en raison de la consolidation de l’industrie, de la dynamique des coûts de main-d’œuvre et de la complexité technique.

Selon le ministère américain du commerce, la pénurie de semi-conducteurs a pesé sur la croissance économique des États-Unis à hauteur de près d’un quart de billion de dollars en 2021. Pour développer la fabrication nationale de semi-conducteurs, la loi américaine sur les puces et la science injectera 50 milliards de dollars d’investissements dans l’industrie sur cinq ans, dont 11 milliards de dollars pour la recherche et le développement de semi-conducteurs avancés ainsi que 39 milliards de dollars pour accélérer et stimuler la production nationale de puces.

En ce qui concerne l’Europe, elle consomme deux fois plus de puces qu’elle n’en fabrique. Cette situation comporte à la fois des risques pour la chaîne d’approvisionnement et des risques géopolitiques, auxquels l’Union Européenne (UE) tente de remédier en adoptant la loi européenne sur les puces de 2022. Cette loi vise à mobiliser 43 milliards d’euros pour le secteur des semi-conducteurs de l’UE d’ici 2030, afin de doubler la part de l’Union dans la production mondiale de puces, la faisant passer à 20% au cours de la prochaine décennie.

Toutefois, la politique industrielle européenne n’est pas claire. Fabriquer des semi-conducteurs dits matures, au bas de l’échelle du marché dans l’économie de l’UE, où les salaires sont élevés et les compétences nombreuses a peu de chances d’être une réussite. Elle ne tire pas parti des avantages concurrentiels européen - il est préférable de laisser la fabrication de puces matures à ceux qui le font déjà.

L’Europe doit jouer sur ses points forts. Ses instituts de recherche permettraient à l’UE de devancer les autres dans la conception de puces avancées et la fabrication de puces d’IA et d’informatique quantique de pointe. En se concentrant sur ces services et produits haut de gamme, l’UE obtiendrait l’assurance géopolitique dont elle a besoin, car ils constituent des goulets d’étranglement stratégiques pour d’autres pays.

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