Une aide extérieure limitée en zone euro

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

2 minutes de lecture

Il faudra du temps pour éliminer les poches de récession dans les pays et les secteurs les plus dépendants des exportations hors zone euro.

© Keystone

La conjoncture intérieure et les taux bas devraient continuer de soutenir l’activité dans la construction et les services. Notre scénario de base suppose une reprise progressive de la croissance trimestrielle. En moyenne, nous attendons une hausse du PIB de 0,25% chaque trimestre en 2020, puis de 0,3% en 2021. Mais il faudra du temps pour éliminer les poches de récession dans les pays et les secteurs les plus dépendants des exportations hors zone euro. Outre-Rhin, l’industrie automobile et ses fournisseurs allemands ou étrangers subissent une lourde pression d’ajustement des capacités. Les indices des directeurs d’achats (PMI) restent particulièrement moroses en Allemagne et en Autriche. Contrairement aux trois phases de reprise précédentes de la dernière décennie, le moteur d’une forte demande des marchés émergents devrait faire défaut en 2020, les incertitudes sur le commerce international bridant les instincts animaux des entreprises du monde entier. Une relance budgétaire rendrait un immense service à l’activité intérieure en 2020. Le FMI prévoit pour cette année une variation du solde primaire corrigée des variations cycliques et exprimée en pourcentage du PIB particulièrement forte en Grèce, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Après avoir largement profité des mesures de relance en 2019, la France et l’Irlande devront renoncer à toute contribution de la politique budgétaire à leur croissance en 2020.

L’inflation sous-jacente ne devrait croître que petit à petit vers 1,4% en 2021,
même avec la politique monétaire toujours accommodante de la BCE.

Les dynamiques de croissance des deux ans à venir ne devraient pas suffire à accélérer l’inflation sous-jacente et l’objectif actuel de la BCE «non loin, mais en dessous de 2%» reste inatteignable même à fin 2021. Selon nous, l’inflation sous-jacente ne devrait croître que petit à petit vers 1,4% en 2021, même avec la politique monétaire toujours accommodante de la BCE.

Une conjoncture déprimée en Suisse

La vigueur des chiffres préliminaires de la croissance du PIB du troisième trimestre nous a surpris : au lieu de 0,2% comme prévu, le PIB réel aurait augmenté de 0,4%, sa meilleure performance en cinq trimestres. Bien que la tendance sous-jacente des dynamiques économiques du troisième trimestre ait globalement dénoté une stagnation, deux secteurs ont apporté une solide contribution à la croissance. L’énergie n’a jamais été aussi florissante, avec une envolée des exportations portée par des conditions météorologiques favorables. Contrairement aux industries plus cycliques des machines, la pharmacie a enregistré un nouveau bond de sa production et de ses exportations. La production réelle de l’industrie pharmaceutique a ainsi plus que triplé depuis 2004, tandis que celle des machines ne progressait que de 2% en 15 ans. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) vient de créer un nouvel indicateur mensuel du sentiment économique qui permet de mieux évaluer les tendances conjoncturelles du trimestre en cours. Selon ce nouvel indicateur en temps réel, la conjoncture suisse restera déprimée au dernier trimestre 2019. Attention à ne pas surinterpréter les prévisions pour 2020 : le PIB helvétique bénéficiera fortement l’an prochain des grands événements sportifs et des revenus de licences de l’UEFA et du CIO, intégrés dans les comptes nationaux de la Suisse, le pays où se trouvent les sièges de ces organisations.

Après la chute de 2,5% des prix à l’importation et à la production de janvier à novembre, et avec des coûts de l’énergie stables, la pression à la hausse sur les prix à la consommation reste limitée. La prévision d’inflation conditionnelle de la BNS n’annonce qu’une progression de 1,2% jusqu’au troisième trimestre 2022, même avec une politique monétaire inchangée. L’économie suisse restera donc marquée par l’absence d’inflation au cours des prochains trimestres.

A lire aussi...