Flux sans précédent sur les actions américaines et tensions sur le T-note.
La tendance reste indéniablement porteuse pour les actifs risqués. Le S&P évolue sur ses niveaux record au-delà des 3900 points. La technologie et les petites capitalisations continuent de tirer la cote américaine à la hausse. Les cycliques et les banques surperformant sur les marchés européens. La compression des spreads pousse le rendement du high yield à des niveaux historiquement bas, sous les 4% aux Etats-Unis. Le dollar reprend finalement le chemin de la baisse à la veille du nouvel an chinois.
Sur le plan politique, l’Europe reste confrontée aux problématiques liées au Brexit. Bruxelles pointe les manquements des Britanniques au contrôle des flux de marchandises entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord. Ce protocole est central dans l’accord de décembre qui ne sera d’ailleurs ratifié par les européens que fin avril. Entre temps, les négociations se poursuivent au sujet de l’accès de la City aux marchés financiers européens. Le gouverneur de la BoE Andrew Bailey s’en est ému cette semaine arguant du risque de fragmentation des marchés. En Italie, il semble en revanche que Mario Draghi soit en mesure de s’assurer un large soutien politique. Sa mission réformiste sera facilitée par le pilotage des fond européens qui devraient représenter 220 milliards de d’euros pour l’Italie au cours des prochaines années.
hors énergie continue de plonger.
Sur le plan conjoncturel, l’estimation finale de l’inflation en zone euro sera publiée le 23 février. Les effets de recomposition sectorielle de l’indice harmonisé semblent prépondérants dans la surprise haussière. Aux Etats-Unis, l’IPC hors éléments volatiles ressort inchangé en janvier et en décélération à 1,4% sur un an. L’inflation des services hors énergie continue de plonger. Le coût du logement (en particulier le loyer imputé aux propriétaires) est néanmoins une construction statistique hasardeuse qui ne manquera pas d’intégrer progressivement la hausse vertigineuse des prix des maisons (+9,5% sur un an). L’inflation mesurée augmentera bien au-delà des effets de base des prix des matières premières. Par ailleurs, la pénurie de semiconducteurs est un enjeu politique en Europe comme aux Etats-Unis. L’approvisionnement en puces devient critique pour l’automobile, qui subit les effets de bord d’une reprise forte de la demande de hardware.
susceptibles de réamorcer l’investissement.
Sur les marchés de taux, le T-note a consolidé autour d’1,15%, l’émission de la nouvelle référence à 10 ans attirant une solide demande finale avant de reprendre le chemin de la hausse vers 1,20%. Le 30 ans s’approche de 2%. Le maintien des tailles d’emprunts en février et avril atténue temporairement la pression sur les rendements mais les perspectives budgétaires impliquent un risque d’une seconde accélération haussière. Les swaps d’inflation à 10 ans sont inchangés mais la thématique de reflation (pression sur les matières premières) conforte les acheteurs de TIPS sur le segment 2-5 ans. Les points morts courts doivent encore intégrer l’effet logement décrit plus haut. Cependant, le prix du brut s’approche désormais des niveaux susceptibles de réamorcer l’investissement. Les perspectives de forages (Texas, Dakota) se redressent dans le pétrole de schiste. Par ailleurs, la décision de l’Arabie Saoudite de réduire unilatéralement sa production n’est pas éternelle.
En zone euro, le Bund à 30 ans se maintient au-dessus de 0% après près de 5 mois en territoire négatif. Les syndications d’obligations souveraines longues ont donc pesé. Les spreads périphériques amortissent néanmoins la hausse des taux sans risque. Le gouvernement Draghi a déjà gagné la confiance des marchés de sorte que le BTP à 10 ans s’échange déjà à 90pb, notre objectif pour la fin d’année. Quant au crédit, les spreads restent stables sur le segment investment grade, les émissions non-financières ralentissant quelque peu. La compression se confirme au bénéfice du high yield. La surperformance des notations spéculatives s’observe aux Etats-Unis comme en Europe, les spreads y sont d’ailleurs similaires autour de 325pb par rapport aux emprunts d’état. La rareté du papier et la trésorerie à investir continuent de soutenir les dettes risquées. Pour l’anecdote, les ETFs de prêts bancaires ont de nouveau la faveur des investisseurs.
désormais le principal risque baissier.
Les marches d’actions se révèlent particulièrement résilients à la hausse des taux d’intérêt. Des flux records s’investissent sur les fonds d’actions aux États-Unis (36 milliards de dollars sur la semaine écoulée!) ciblant en particulier le secteur de la technologie. Les fonds monétaires décollectent ainsi que l’or. Les FANG et le Russell 2000 mènent la cote dans des volumes extrêmement élevés, caractéristiques des phases de liquidation. Il s’agit en quelque sorte d’un Krach à la hausse. L’exubérance des marchés est telle qu’elle constitue désormais le principal risque baissier. Nous restons donc attentifs à l’évolution des volumes et à l’intervention des investisseurs individuels.
Cela étant, la saison des résultats est objectivement solide avec une croissance annuelle des bénéfices de 6,5% sur le S&P500 et un rebond de 22% sur le Russell 2000. En Europe, les publications du quatrième trimestre 2020 sont de bonne facture. Les principales banques montrent une hausse de leurs revenus et les provisions sont réduites. Cette évolution devrait permettre une amélioration notable des dividendes et des rachats d’actions malgré le conservatisme de la BCE.