Un environnement pour les stock pickers

Noriko Chen, Capital Group

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Quels secteurs pourraient bénéficier des récents changements d’orientation politique et mesures réglementaires en Chine?

Le marché actions chinois a fortement reculé après le durcissement du cadre règlementaire applicable aux sociétés technologiques et aux établissements proposant un soutien scolaire privé.

Alors que l’incertitude s’accumule pour certains secteurs et acteurs économiques, des opportunités d’investissement pourraient apparaître dans d’autres filières, où l’activité est plus en adéquation avec les priorités du gouvernement.

L’énergie verte est une priorité, et les entreprises contribuant à la transition de l’économie chinoise vers des alternatives propres pourraient profiter d’investissements supplémentaires. La réduction des émissions de CO2 est une urgence mondiale et la Chine a pris des mesures dans ce sens, en adoptant notamment des politiques destinées à limiter l’utilisation du charbon au profit du gaz naturel. Alors que la population chinoise vieillit et que la pollution provoque une baisse de la fertilité depuis une dizaine d’années, la qualité de l’air devient un enjeu crucial. 

La Chine est le premier fabricant mondial de véhicules électriques et s’apprête à jouer un rôle encore plus prépondérant.

Les véhicules électriques sont également associés à l’enjeu de la réduction des émissions et de la pollution. Ils nécessitent beaucoup moins de composants que leurs homologues à moteur thermique, et leur modèle économique dépend davantage du coût des batteries et de leur production à grande échelle. Les constructeurs chinois disposent d’un avantage concurrentiel grâce aux subventions qu’ils perçoivent, à un loyer de l’argent inférieur, au développement de batteries et de séparateurs 100% chinois, et à leur capacité à produire en masse. Le pays est le premier fabricant mondial de véhicules électriques et s’apprête à jouer un rôle encore plus prépondérant. 

La pharmaceutique et l’innovation médicale sont un axe stratégique depuis 2015 en Chine, avec un accès à des soins de meilleure qualité et une moindre dépendance aux importations. Les réformes réglementaires ont transformé le paysage des sociétés chinoises et étrangères, et aidé le pays à réduire son retard sur les normes mondiales. De nombreux chercheurs chinois formés et/ou employés aux Etats-Unis et en Europe sont revenus travailler dans des sociétés chinoises de premier ordre actives dans le développement, l’essai et la fabrication de thérapies. Cette politique a également contribué à capter d’importants investissements de capital-risque. 

La substitution aux importations est un enjeu majeur pour la Chine – laquelle souhaite réduire sa dépendance aux fournisseurs étrangers – et s’inscrit dans le cadre de sa stratégie de circulation à double sens. Différents secteurs sont concernés, au premier rang desquels les semi-conducteurs. Le gouvernement chinois souhaite renforcer les capacités en conception et fabrication de semi-conducteurs, en particulier après la mise sous embargo du géant des télécommunications Huawei par les Etats-Unis, qui ont incité d’autres pays à leur emboîter le pas. 

Le pays compte de plus en plus de sociétés de qualité qui innovent en permanence.

Les logiciels et services technologiques sont d’autres secteurs stratégiques aux yeux du gouvernement chinois. Il s’agit de filières peu développées, dans lesquelles des acteurs animés par l’esprit d’entreprise pourraient bénéficier d’investissements supplémentaires tout en évitant les pressions réglementaires ciblant les sociétés de technologies grand public. 

La Chine se soucie-t-elle de ses marchés d’actions et de la rentabilité de ses entreprises?

Notre expérience de l’investissement en Chine nous donne à penser qu’en dépit du caractère énigmatique de ses objectifs, le gouvernement de Beijing est sensible aux préoccupations du marché. Au moment de la contraction boursière de juillet, le vice-premier ministre Liu He et des représentants de l’autorité chinoise de régulation des marchés financiers ont noué un dialogue actif avec des banques d’affaires mondiales et d’autres intervenants de marché pour tenter d’apaiser les marchés. Ils ont renouvelé leur soutien aux marchés cotés et aux entreprises non cotées, y compris à l’international. Et ils ont réaffirmé leur engagement à ouvrir davantage leurs marchés financiers à l’étranger. 

Ce nouvel accès de turbulence boursière souligne les risques supplémentaires associés à l’investissement en Chine. Cela fait une trentaine d’années que Capital Group investit dans ce pays, ce qui nous permet d’affirmer qu’il est possible d’identifier des opportunités pertinentes malgré une réglementation changeante et des ralentissements économiques. La Chine reste un exemple classique de marché pour les «stock pickers», puisqu’elle compte de plus en plus de sociétés de qualité qui innovent en permanence. Il nous paraît donc essentiel d’investir au cas par cas pour parvenir à une exposition adéquate.

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