Les taux de défaut de paiement pourraient atteindre leurs plus hauts niveaux, au premier trimestre 2021.
Moody’s a très récemment publié une étude sur les défauts de paiement des entreprises pour le mois de juin et comme prévu, celle-ci indique qu’ils ont commencé à prendre une ampleur mondiale suite au COVID-19. Le taux de défaut sur 12 mois des obligations internationales à haut rendement est passé de 4,8% en mai à 5,4% fin juin, avec un écart qui continue à se creuser par rapport à la moyenne sur le long terme de 4,1%.
L’étude confirme que les cas de défaut se concentrent dans les secteurs et les catégories de notation qui, selon les attentes du consensus, devaient initialement être le plus durement touchés par la crise. Il y a toujours des exceptions (Wirecard en juin étant la plus connue) mais la plupart des défauts sont survenus dans les secteurs du pétrole et du gaz, des loisirs et du commerce de détail. Moody’s a recensé 27 cas de défaut pour le seul mois de juin, ce qui porte le total à 111 pour les six premiers mois de l’année et dépasse donc déjà le chiffre atteint sur l’ensemble de l’année 2019. L’industrie pétrolière et gazière est en tête de classement depuis le début de l'année avec 22 cas de défaut, suivie par le commerce de détail avec 14 cas.
de défaut au premier trimestre 2021.
Selon nous, les différences régionales ont moins d’importance dans ce cycle de défaut car la plupart des pays du monde connaissent les mêmes difficultés, au même moment. En revanche, les biais sectoriels au sein des indices comptent davantage. Cela explique pourquoi le taux de défaut sur 12 mois ressort à 7,3% pour les obligations US à haut rendement contre seulement 2,8% pour leurs homologues européens à la fin du mois de juin. Ce n’est pas parce que les Etats-Unis traversent une récession bien pire qu’en Europe, ou que les réponses budgétaires et monétaires divergent de manière significative. La principale raison tient au fait que le secteur pétrole et gaz pèse beaucoup plus lourd dans l’indice US des obligations à haut rendement que pour son équivalent européen. De plus, l’indice US est davantage exposé aux secteurs des loisirs et des médias et moins aux banques, aux télécoms et à l’immobilier que l’indice européen.
Pour la suite, Moody’s anticipe un pic de 9,6% du taux de défaut au premier trimestre 2021. Au niveau régional, dans ses prévisions pour la fin de cette année, l’agence de notation estime que cette différence entre les USA et l’Europe persistera avec un taux de défaut avoisinant 12% aux USA et 6% en Europe. Sur le plan sectoriel, Moody’s s’attend à ce que les défauts restent élevés dans le commerce de détail ainsi que dans l’industrie pétrolière et gazière, suivis par les secteurs de l’hôtellerie, des jeux et des loisirs et des services aux entreprises. Certains secteurs échappent cependant à ses prévisions pessimistes, comme la banque, l’assurance, les services publics et les REITs.
Notre conclusion est finalement assez simple. Nous souhaitons continuer à éviter les secteurs directement impactés par le COVID-19 car nous sommes convaincus qu’il existe des moyens plus sûrs d’obtenir une exposition cyclique au marché? obligataire.
Les banques se démarquent d’un point de vue sectoriel mais les investisseurs peuvent également accroître la durée des spreads de crédit dans des secteurs plus sûrs, ce qui constitue en soi une stratégie plus cyclique. En outre, le fait que les taux de défaut des obligations US à haut rendement soient beaucoup plus élevés qu’en Europe ne nous conduit pas à préférer les titres européens aux titres américains. Les taux de défaut en dehors des secteurs en difficulté ne devraient pas diverger de manière considérable si la note de crédit est suivie de près, ce qui signifie que la gestion active et la sélection efficace des titres devraient porter leurs fruits.