Suisse: des données contradictoires

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’indice du Seco pointe vers un ralentissement de la conjoncture, alors que le baromètre du KOF est à nouveau orienté à la hausse. Parallèlement, la reprise en Chine devrait alimenter l’inflation cette année.

La légère récession attendue dans de vastes pans de l’économie mondiale n’affectera la Suisse qu’à la marge. Il nous faudra attendre le 28 février pour connaître les chiffres du PIB au dernier trimestre 2022. L’Allemagne, la Suède et l’Autriche – trois pays à forte part d’exportation comparable – enregistrent sur cette période un repli du PIB; pour la Suisse, nous prévoyons une hausse de 0,3% par rapport au trimestre précédent.

A la différence d’autres en Europe, les ménages et les entreprises suisses restent jusqu’ici moins sévèrement touchés par l’inflation et la hausse des coûts de financement. Les indicateurs, qui tentent déjà d’esquisser la dynamique économique du début de l’année en cours, présentent un tableau contrasté. Après une tendance à la hausse au quatrième trimestre 2022, l’indice relatif à l’activité économique hebdomadaire (AEH) du Secrétariat d’Etat à l’économie Seco pointe aujourd’hui vers un ralentissement de la conjoncture.

A l’inverse, le baromètre conjoncturel du KOF de l’EPF de Zurich est à nouveau orienté à la hausse depuis décembre. Ces signaux confus renforcent l’incertitude des prévisions à la lumière des questions de l’approvisionnement en énergie et de la poursuite de la normalisation de la politique monétaire.

En décembre 2022, les prix à la production et à l’importation ont augmenté de 3,2%. En juin, cette donnée s’inscrivait encore à 6,9%. Cette tendance se traduira également dans les prix à la consommation au cours des prochains mois. D’ici juin 2023, le taux d’inflation devrait glisser sous les 2%. Toutefois, une hausse des loyers est à attendre au quatrième trimestre 2023, ainsi qu’en 2024.

Dans l’intervalle, le taux d’inflation en Suisse dépassera donc à nouveau la barre des 2% au second semestre 2023.

Chine: reprise anticipée

La levée soudaine des mesures de lutte contre la pandémie en Chine a entraîné une hausse fulgurante du nombre de cas de covid, si bien que le sommet de la vague est déjà atteint dans de nombreuses parties du pays. Une situation qui devrait avancer de quelques semaines le rebond économique que nous n’attendions qu’au deuxième trimestre 2023. Les données quotidiennes relatives aux embouteillages et au trafic du métro signalent déjà un net rebond par rapport au mois de décembre.

Une fois la situation sanitaire stabilisée et la confiance économique revenue parmi la population, l’épargne excédentaire des trois années de pandémie devrait dynamiser la consommation. Dans la mesure où la reprise cyclique chinoise sera largement portée par le secteur tertiaire, et non par l’industrie comme de coutume, l’effet bénéfique des exportations sur l’économie mondiale devrait être limité. Les pays dépendants du tourisme connaîtront en revanche un fort stimulus.

Nous estimons la croissance du PIB en 2024 légèrement supérieure à 5%. En comparaison trimestrielle, la dynamique est certes légèrement inférieure à son niveau pré-covid; l’explication est multifactorielle. Le secteur immobilier va moins contribuer à la croissance, la population est vieillissante, le découplage technologique par rapport aux Etats-Unis se poursuit, et la croissance économique se reporte sur la consommation.

La reprise économique en Chine devrait quelque peu alimenter l’inflation cette année, notamment la composante sous-jacente. En 2022, celle-ci stagnait bien en deçà de 1%, et devrait augmenter notamment dans les secteurs du transport et de l’hôtellerie.

En raison d’une inflation plus faible côté matières premières et denrées alimentaires, notre prévision est une inflation globale toujours modérée de 2,4% en 2023.

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