Stratégies EM Macro: en rebond, mais pour combien de temps?

Philippe Ferreira, Lyxor Asset Management

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Il existe une solide corrélation entre le crédit souverain émergent et les bons du Trésor.

Dans le sillage de l'évolution globale du marché, les stratégies EM Global Macro se redressent depuis le début du trimestre, tout en demeurant en retrait depuis le début de l'année (-1,3%). Le rebond des devises des pays émergents a également contribué à cette tendance.

Le crédit souverain des marchés émergents a amorcé un rebond ces derniers mois (+3% depuis le début du trimestre). Cela s’est produit sous l'effet du redressement des bons du Trésor américain, qui avaient au préalable accusé leur pire performance trimestrielle depuis le début des années 80 (-4,3% pour l'indice Barclays U.S. Treasuries au premier trimestre).

Il existe en effet une solide corrélation entre le crédit souverain émergent et les bons du Trésor. Par rapport aux bons du Trésor, les emprunts d'État des marchés émergents libellés en USD constituent une alternative qui procure un meilleur rendement, et dont la demande fluctue en fonction des niveaux de tolérance au risque et de la dynamique de rendement associée.

Les conditions de marché devraient rester défavorables car les rendements des bons du Trésor américain s'orienteront vraisemblablement vers le niveau de 2%.

Cela étant, les variations du marché des bons du Trésor ne sont pas les seuls facteurs à influencer la performance du crédit souverain émergent. Celui-ci évolue également dans une large mesure au gré des prix des matières premières, dont l'élan a partiellement absorbé l'impact de la baisse des emprunts américains en début d’année.

Faire preuve de sélectivité

Bien que les stratégies EM Global Macro se redressent depuis le début du trimestre (+1,6% au 7 mai), les conditions de marché devraient rester défavorables car les rendements des bons du Trésor américain s'orienteront vraisemblablement vers le niveau de 2%. De plus, les spreads actuels sont tendus (+333 pb par rapport aux bons du Trésor).

Avec une sous-pondération de la stratégie recommandée, la prudence semble toujours de mise, car les perspectives d'inflation américaine exercent de nouvelles tensions haussières sur les rendements des bons du Trésor et sur le dollar.

Par ailleurs, l'élan fourni par les prix des matières premières peut fournir une impression trompeuse. Malgré l'envolée spectaculaire des cours pétroliers, depuis le début de l'année les indices EMBI d'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de la Russie ou du Qatar affichent un recul compris entre -3% et -5%. Il existe toutefois un certain potentiel pour des opportunités d'arbitrage au regard de la diversité des situations des émetteurs locaux. Par exemple, le Mexique est parvenu à réduire ses taux ces derniers mois et va certainement profiter d'une impulsion de la reprise américaine, tout en bénéficiant d'une situation sanitaire plus favorable que le reste de l'Amérique latine. À l'inverse, le Brésil a procédé à deux relèvements de taux cette année (150 pb au total) alors que les stigmates du Covid-19 risquent d'altérer le profil de crédit de l'État souverain. Ce type d'opportunités peut être mis à profit par des gérants talentueux, et plusieurs stratégies sont couvertes contre la hausse des rendements des bons du Trésor. Cependant, Il faudra faire preuve de sélectivité, car l'ensemble EM Macro devrait sous-performer.

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