Sous protection rapprochée – La semaine des marchés par Landolt & Cie

Arthur Jurus, Landolt & Cie

1 minute de lecture

Alors que l’intervention des Etats pourrait freiner la normalisation du marché, les transactions en M&A ont fortement augmenté au second semestre 2020.

Chaque crise est une chance. L’an dernier, les opérations de fusion-acquisitions ont diminué de 9%. Une baisse limitée par le rebond des transactions au second semestre qui étaient concentrées en Europe, en Chine et dans les secteurs technologiques, financiers, des télécommunications, de l’énergie et de la vente au détail. Les plus grandes transactions ont été menées par AON (assurance), Analog Devices (semi-conducteurs), Seven and I (distribution) et Teladoc (télé-médecine). Après une crise, le marché se normalise en 3 étapes: (i) par la cession d’actifs ou des faillites, (ii) par la formation de co-entreprises, et (iii) par la croissance externe. Cette reprise est néanmoins hétérogène entre les secteurs. Les opérations par croissance externe ont surtout concerné les valeurs technologiques, et se reporteront davantage sur les secteurs plus cycliques en 2021.

Cette reprise sera néanmoins limitée par la réglementation. D’une part, les gouvernements ont renforcé les règles d’acquisition d’entreprises nationales pour préserver leurs secteurs stratégiques. D’autre part, leurs soutiens aux entreprises, par le versement d’aides et la suspension des procédures de faillites, ont réduit les opportunités d’achat. Ces deux facteurs contribuent à limiter les opérations de rachat par des entreprises étrangères. Une stratégie de dissuasion qui est déjà ancrée en Chine, s’est généralisée dans les pays anglo-saxons et s’étend désormais à l’Europe : l’an dernier en Allemagne et plus récemment en France. Cette semaine, cela s’est traduit par le refus de son gouvernement de valider le rapprochement entre le canadien Couche-Tard et Carrefour, alors que dans le même temps Alstom annonçait…l’acquisition du canadien Bombardier!

L’ingérence des Etats dans les affaires du secteur privé sera structurelle. Leurs subventions visent à préserver les champions nationaux plutôt que favoriser l’émergence des leaders de demain. En outre, les mesures protectionnistes observées dans le monde sont dorénavant majoritairement expliquées par des subventions. Le renforcement de la régionalisation des échanges n’évitera pas un regain du protectionnisme dans chaque pays. D’une part, la guerre des changes se renforcera puisque la juridiction imposée aux entreprises dépend souvent de la monnaie utilisée dans leurs transactions internationales. C’est le cœur de la stratégie juridico-américaine. Enfin, la protection des entreprises par les Etats est désormais portée en avatar du nationalisme économique, ce qui conduira à une nouvelle forme de mondialisation.

A lire aussi...