Flash spécial élections américaines de Landolt & Cie SA

Mourtaza Asad-Syed & Arthur Jurus, Landolt & Cie

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Joe Biden sera très probablement le prochain Président américain. Il lui suffit de remporter un seul des quatre Etats-clés qui avaient fait défaut à Hillary Clinton en 2016

  • L’épopée Trump est derrière nous et Biden devrait être le 46e Président
  • Les deux surprises possibles: une «vague bleue» au Congrès, ou la contestation de l’élection
  • Les marchés souffrent de l’attentisme des investisseurs encore choqués par l’élection 2016
  • Les actions bénéficieront de la fin de l’incertitude électorale et de la reprise du soutien budgétaire, mais le USD est à risque

Joe Biden sera très probablement le prochain Président américain. Il lui suffit de remporter un seul des quatre Etats-clés qui avaient fait défaut à Hillary Clinton en 2016, et dont il est le favori dans la majorité des sondages. La victoire surprise de Trump en Floride, Pennsylvanie, Caroline du Nord et Arizona en 2016, tenait plus à une défection de l’électorat démocrate qu’à une véritable dynamique de soutien. Le véritable adversaire de Joe Biden sera donc le taux d’abstention dans ces «swing states». Il est certes plébiscité chez les «Millenials», ces jeunes pèsent désormais lourd dans l’électorat américain, mais leur présence aux urnes n’est pas garantie. Pour l’heure, les sondeurs et les parieurs s’accordent sur une probabilité de victoire démocrate à 90%, à partir d’une avance de 10 points de Joe Biden sur son rival dans les sondages.

L’attention porte désormais sur deux surprises potentielles. La première serait une «vague bleue», en cas d’élection de Joe Biden avec une majorité démocrate au Congrès (Sénat & Chambre des Représentants). Ce scénario a une chance sur deux de se concrétiser et permettrait à Joe Biden d’accroître plus rapidement les dépenses publiques. On parle d’un plan d’infrastructure de 1300 milliards de dollars, et de 1700 milliards de dollars pour «verdir l’économie» et de 200 milliards de dollars pour étendre l’assurance-maladie publique et le financement de l’éducation supérieure. Une telle configuration a duré seulement 4 ans sur les 26 dernières années (Obama I).

La seconde surprise porte sur une éventuelle remise en cause de la défaite par le Président actuel. Le caractère inédit du mode d’élection, basé sur plus de 60 millions de votes par correspondance (dont la majorité plébiscite Biden), pourrait être contesté. Un remake du scénario post-électoral de 2000 se jouerait à nouveau à la Cour Suprême dont les juges sont favorables à Trump.

Les investisseurs se méfient des sondages et des prévisions politiques, depuis les victoires inattendues du Brexit et de Trump en 2016. On constate un fort attentisme qui s’est traduit en octobre par une fébrilité de l’ensemble des actifs financiers, actions, obligations, immobilier côté, et matières premières au profit des liquidités. Ces replis récents offrent des opportunités d’achat pour se repositionner sur les actifs de long-terme.

Même avec l’élection surprise de Donald Trump en 2016, la dynamique de marché de 2016 (haussière) s’est poursuivie. Il devrait en être de même en 2020.

Les risques sur l’économie perdurent certes, avec le re-confinement des économies européennes et le risque d’une nouvelle récession, mais cela nous conforte sur l’assurance d’un soutien monétaire durable.

La perspective d’investissement

Les marchés actions bénéficieront des nouveaux plans budgétaires. Nous sommes bien entrés dans l’ère du «bazooka economics» caractérisée par de fortes dépenses publiques et leur monétisation par les banques centrales. L’incertitude sanitaire et économique impose de poursuivre les politiques de relance en 2021, au moins pour stabiliser les économies.

La dépréciation du dollar pourrait se poursuivre avec un déficit fédéral persistant en raison du projet démocrate de relance keynésienne (i.e. stimulation par la demande) et d’une détente géopolitique liée à une approche multilatérale des relations internationales.

L’attractivité des actifs réels devrait se renforcer, avec une perspective de taux d’intérêts nuls ou négatifs en Europe et surtout en Suisse. Cette dynamique pourrait favoriser l’immobilier et les métaux précieux qui réagissent inversement au dollar. A court-terme, néanmoins, l’or pourrait souffrir de l’environnement déflationniste qui s’annonce pour les prochains trimestres.

Les valeurs de qualité, technologiques et issues du secteur de la santé, gardent leur attrait, car les démocrates seraient réticents à défier le monopole de ces industries qui fournissent des emplois dans un contexte social déjà difficile.

En bref, la présidence de Joe Biden ne devrait pas bouleverser les tendances économiques et sociales en place. Vu son âge (77), il est probable qu’il ne fasse qu’un seul mandat. Ce 46e président des Etats-Unis ne devrait donc pas être celui d’un changement structurel majeur. Ainsi, à plus longterme, les maux de la société américaine persisteront.

Le risque de violences dans la société civile est donc là pour durer indépendamment de l’issue de l’élection. La militarisation de la police et l’augmentation de la détention d’armes ne datent pas de l’élection de D.Trump et ne disparaîtront pas avec une élection de J.Biden. Au contraire, les populations risquent de se polariser davantage. Tous les ingrédients resteront réunis pour une flambée de violence dans le pays.

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