Sept pistes pour l’avenir des marchés de taux

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Les choses se tassent sur les titres à revenu fixe; il est temps d’envisager la suite.

©Keystone
1. Des noms de qualité supérieure

Nous nous trouvons actuellement dans une profonde récession qui se traduira très probablement par une croissance négative d'une année sur l'autre jusqu'au deuxième trimestre 2021. Pour les investisseurs en obligations, la récession se traduit généralement par une forte hausse du taux de défection et une forte tendance baissière plutôt qu’à la hausse, des notations. Compte tenu de la nature et de la cause de cette récession, nous devons rester attentifs au fait que certaines sociétés bien notées puissent faire défaut avant même que leurs notations ne soient abaissées. Le temps viendra d’acquérir des sociétés moins bien notées, mais cette heure n’a pas encore sonné ; nous nous en tiendrons donc aux noms de qualité supérieure pour le moment.

2. Les obligations d'État

Les obligations d'État ont joué leur rôle, mais on peut se demander comment celles-ci vont évoluer, maintenant que les taux de base ont atteint les limites inférieures auxquelles s’en tiennent habituellement les décideurs politiques et que les courbes se sont spectaculairement aplanies. Étant donné l’offre extrêmement abondante à venir destinée à financer une expansion budgétaire considérable - avec le risque d'inflation que cela entraîne - nous pouvons estimer que le prochain objectif politique des banques centrales sera de cibler la courbe des taux. Il se pourrait donc que les banques centrales en détiennent la partie longue tandis que les gestionnaires de portefeuille se concentreront sur la partie courte, puisque les obligations «sans risque» vont également devenir…sans rendement.

Sur une base ajustée au risque,
le dollar US semble sensiblement plus cher.
3. Les rendements restent élevés

Les écarts de crédit se sont largement creusés en mars puis ont rebondi début avril pour atteindre un niveau plus harmonieux, mais avec des rendements toujours élevés qui reflètent le contexte économique actuel. Il convient de noter que sur une base ajustée au risque (en tenant compte des différences de notation, d'échéance et de devise), le dollar US semble sensiblement plus cher que la livre sterling et l'euro. Cela s'explique en grande partie par la liquidité, la livre sterling et l'euro ayant pris de l'avance dans le vide commercial du mois de mars.

4. Nouveaux marchés d’émission: une source de liquidités

Les nouveaux marchés d’émission ont été gelés pendant une grande partie du mois de mars, mais ils ont repris avec des quantités considérables d'émissions de catégorie «investment grade» de première qualité. Les nouvelles émissions sont à juste titre assorties de primes substantielles afin d'inciter les acheteurs à se défaire de leurs réserves de liquidités onéreuses. Le manque de liquidités sur les marchés secondaires signifie que les nouvelles émissions peuvent en être une bonne source de liquidités et que les investisseurs peuvent influer sur l'évolution du portefeuille en y participant. La plupart des opérations ont donné de très bons résultats.

5. Le crédit sur les marchés des actions

Nous prévoyons que les marchés du crédit mèneront la reprise - en délaissant les actions -, car les investisseurs auront beaucoup plus confiance dans la solvabilité et la stabilité des coupons que dans le paiement de futurs dividendes et dans les flux de bénéfices des entreprises, alors que les effets du virus et de l'arrêt de l'économie continueront de se faire sentir. Que les investisseurs se tournent vers les actions en raison de la chute des prix dans un pays donné ne nous semble pas être une option plausible.

Nombre de mauvaises nouvelles ont été très rapidement
répercutées sur les marchés obligataires pendant la période de vente.
6. Protection contre une volatilité accrue

Nombre de mauvaises nouvelles ont été très rapidement répercutées sur les marchés obligataires pendant la période de vente. Nous devons nous attendre à ce que ce flux de mauvaises nouvelles se poursuivre, mais nous devons également réfléchir à ce qui est déjà coté, et qui est substantiel. Comme nous prévoyons une plus grande volatilité, les investisseurs ne doivent pas s'attendre à une remontée linéaire des spreads, même pour les crédits qu'ils considèrent comme les plus solides. Toutefois, les revenus de ces obligations peuvent toujours générer des rendements attrayants, même en l'absence de reprise, de sorte que le fait de bloquer des rendements plus élevés qui protégeront contre une plus grande volatilité devrait s'avérer une bonne stratégie à moyen terme.

7. Opportunités de prise

Lorsque les prix des marchés étaient quasiment parfaits en début d'année, les investisseurs n'avaient que très peu d'anomalies ou de situations particulières à examiner, car les entreprises disposaient du temps et des capitaux nécessaires pour les régler le cas échéant. Aujourd'hui, le marché se trouve dans une situation opposée: les investisseurs sont occupés à gérer des problèmes bien plus urgents, tandis que les courtiers sont moins enclins au risque dans un contexte de volatilité très élevée. De notre point de vue, on peut cependant relever un rare point positif, hormis celui des évaluations moins coûteuses: le marché offre aujourd’hui de nombreuses opportunités, quel que soit l’appétit pour le risque - grand ou petit.

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