Mesures de soutien: le chaînon manquant

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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L’arsenal des mesures prises par les autorités est impressionnant, reste à savoir quel sera l’appétit au risque des banques en cas de difficultés.

Après la dernière série de décisions des autorités, et notamment celle de la Fed d’abaisser ses taux de 100 points de base et d’augmenter de 700 milliards de dollars ses rachat d'actifs, les marchés sont à nouveau repartis à la baisse dans un environnement où règne l’incertitude économique et sociale et où les unes des media deviennent de plus en plus spectaculaires.

A leurs niveaux actuels, les marchés peuvent être considérés comme très attrayants pour les investisseurs qui sont en mesure de supporter une certaine volatilité et qui disposent d’un horizon à moyen terme. En ce qui concerne les titres à taux fixe, les principaux marchés obligataires ont vu les rendements chuter pour atteindre zéro, voire passer très en dessous comme dans le cas des emprunts des principaux pays de la zone euro. 

Les établissements financiers détiennent suffisamment de capitaux
pour accorder tous les prêts nécessaires, et même davantage.
Volatilité à court terme

En revanche, les marchés du crédit ont atteint des niveaux où les investisseurs sont réellement bien rémunérés. Par exemple, sur le segment des titres à haut rendement, les emprunts libellés en euros ou en livres sterling sont revenus à des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis la crise de la dette souveraine de 2011. Ces rendements très élevés ont servi de catalyseurs au long rallye des écarts de rendement des emprunts obligataires. Les seuils de rentabilité anticipés paraissant très convaincants, les rendements à moyen terme pourraient donc s’avérer très intéressants. Toutefois, à court terme, les marchés devraient rester volatils.

Le chaînon manquant

Il manque néanmoins un élément à l’arsenal des mesures déployées jusqu’à présent et, si cette lacune venait à être comblée, elle pourrait devenir le catalyseur d’un véritable regain de confiance sur le marché. Les banques disposent de liquidités en quantités pratiquement illimitées et le coût de ces dernières est ridiculement bas. Les établissements financiers détiennent donc suffisamment de capitaux pour accorder tous les prêts nécessaires, et même davantage. Nous ignorons cependant quelle est l’importance de leur appétit au risque. 

Le marché a besoin de davantage de précisions ainsi que de garanties
que les banques prêteront effectivement en cas de difficultés.

Ainsi, lorsqu'une entreprise auparavant en bonne santé voit soudainement ses revenus chuter brutalement et qu’elle devient temporairement insolvable, on peut se demander si sa banque lui consentira un prêt pour assurer sa trésorerie et si le taux d’intérêt de ce prêt sera proche de celui souhaité par les autorités. Si la réponse à ces questions devait être négative, alors le cycle de défauts de paiement tant redouté par tous pourrait s’enclencher très soudainement. Aujourd’hui les autorités promettent de consentir des aides très importantes, toute la question réside dans le fait de savoir comment ces aides parviendront à ceux qui en ont le besoin.  C’est précisément le chaînon manquant dans tout l’arsenal des mesures déployées. 

Des garanties s’imposent

Les banques seraient évidemment plus disposées à prêter l'argent nécessaire si elles avaient la certitude que le risque de crédit à court terme sur les nouvelles facilités de financement était couvert par un programme, un fonds ou voire même une garantie de l'Etat. Si l’on pouvait avoir la certitude que les banques disposent effectivement des liquidités, des capitaux et de l'appétit au risque nécessaires, alors il serait possible de tabler avec une certaine confiance sur une reprise économique en forme de «U» et les marchés pourraient alors commencer à se redresser.

Jusqu'à présent, les autorités ont tenu de beaux discours, mais le marché a besoin de davantage de précisions ainsi que de garanties que les banques prêteront effectivement en cas de difficultés. Une fois cette incertitude levée, nous ne devrions pas être très loin du plus bas. Reste à espérer que cela advienne rapidement, car l’intention semble être présente. 

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