Jerome Powell devrait souligner sa volonté de rester agile, et à se tenir prêt à augmenter de façon plus agressive ses taux si nécessaire, avec des hausses de plus de 0,25% en cas d’inflation plus forte ou plus persistante.
- Pas de surprise à attendre du prochain FOMC: la Fed devrait annoncer une hausse de taux de 0,25bp pour combattre une inflation toujours plus forte.
- La Réserve fédérale devrait également souligner sa volonté de rester agile, et se tenir prête à augmenter de façon plus agressive ses taux si nécessaire.
- Les marchés devraient rester sereins face à une décision à laquelle ils sont largement préparés.
Il n’y a aucune surprise à attendre de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (Federal Open Market Committee - FOMC), qui devrait annoncer une première hausse de taux de 0,25pb. Tout à sa volonté de ne pas rajouter de stress à des marchés déjà fortement volatils, tant sur les actions que les obligations, Jerome Powell a clairement préempté la décision du Comité. Le 2 mars, face à la Commission des finances de la Chambre des représentants, il a énoncé sa volonté de proposer une hausse de 25pb au Comité1.
Cette décision est cohérente avec une inflation qui ne cesse de progresser et dont le pic pourrait ne pas avoir été encore atteint, les chiffres ne reflétant pas encore les conséquences de l’invasion des forces armées russes en Ukraine. En février, l'indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 0,8% (0,6% en janvier). Sur un an, il affiche une accélération de 7,9%, la plus importante depuis janvier 1982 (7,5% en janvier). L'indice core CPI, hors énergie et produits alimentaires, a augmenté de 0,5% (0,6% en janvier), et de 6,4% sur un an. Elle marque la vigilance de la Reserve fédérale face aux effets de second tour tant sur les salaires que les prix des produits, alors que les entreprises ont gagné un pricing power important, comme souligné dans le dernier Beige Book. Elle est aussi en accord avec un marché de l’emploi sous forte tension, qui laisse entendre que l’objectif de plein emploi est atteint, ouvrant la voie à une politique monétaire moins accommodante. Enfin, il s’agit pour la Fed de réagir aux tensions sur les anticipations d’inflation. Les break-evens d’inflation sur les Treasury 5Y sont passé à 3,5% contre 3% en début d’année, tandis que le swap inflation 5Y5Y est à 2,65%2.
Jerome Powell devrait également souligner sa volonté de rester agile, et à se tenir prêt à augmenter de façon plus agressive ses taux si nécessaire, avec des hausses de plus de 0,25% en cas d’inflation plus forte ou plus persistante. La Fed est passé en mode urgence, alors qu’elle a raté des fenêtres en 2021, dans un contexte où la crise sanitaire continuait de brouiller la visibilité. Malgré un contexte de d’incertitude élevée quant aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine, en termes de croissance et d’inflation, la Fed revient clairement à ses fondamentaux, la stabilité des prix.
Cette hausse de taux ne devrait pas surprendre les marchés qui attendent 6 et 7 hausses de taux en 2022. Nous n’entrons toutefois pas dans un cycle haussier qui pourrait se dérouler sur plusieurs années. Les investisseurs ont bien compris qu’il s’agissait de hausses tactiques liées au dérapage de l’inflation, puisqu’ils anticipent depuis peu des baisses de taux en 2024, face à une probabilité croissante d’entrée en récession de l’économie américaine à moyen terme.
Après le discours de la Banque centrale européenne le 10 mars, les annonces de la Fed marquent un retour aux fondamentaux pour les banques centrales. Face au choc sur les prix, qui atteint les plus fragiles et est aussi, il faut le rappeler, un facteur de déstabilisation des démocraties, la lutte contre l’inflation est considérée par les banques centrales comme un garant de la stabilité politique.