Retour à la normale de l’eurodollar. Et maintenant?

Bart Van Craeynest, Econopolis

1 minute de lecture

Depuis début 2017, l’euro s’est renforcé d’environ 18% face au dollar, revenant à sa moyenne de long terme de 1,22 dollar par euro. Le taux de change est autrement dit redevenu normal. Reste à savoir évidemment ce qui nous attend ensuite.

Le différentiel de taux entre les Etats-Unis et l’Europe et la politique monétaire relative, y compris la dynamique des bilans de la Fed et de la BCE, jouent depuis quelque temps en faveur du billet vert. Cependant, les marchés de change semblent peu s’en soucier ces derniers mois. Ils se concentrent davantage sur le regain d’optimisme en Europe, tant sur le plan économique que politique. Ce qui se traduit par un euro plus vigoureux. Reste à savoir combien de temps cet optimisme peut perdurer. Les perspectives économiques de la zone euro sont prometteuses, mais elles le sont aussi aux Etats-Unis. Les plus grands économistes français et allemands ont récemment lancé une proposition visant à faire de la zone euro une union plus forte, avec notamment un euro-fonds pertinent qui peut aider les Etats-membres à surmonter les chocs économiques et les euro-obligations. Pour l’heure, il est peu probable que le tandem Merkel-Macron puisse mettre effectivement en pratique une telle série de mesures.
Les conséquences de la récente évolution de l’euro se font sentir. L’euro plus vigoureux affecte les exportateurs européens. L’incidence sur le redressement de la zone euro reste cependant limité du fait qu’entre-temps, l’activité s’accélère à l’intérieur des frontières. En outre, le dollar faible tire l’inflation américaine à la hausse, ce qui accroît la probabilité de relèvements de taux ultérieurs par la Fed. Bien sûr, pour les investisseurs, l’impact est aussi considérable. Depuis début 2017, le marché boursier américain a progressé de quelque 25%. Reconvertie en euro, la hausse ressort à seulement 7%.
L’optimisme actuel à l’égard de la zone euro peut perdurer un certain temps. Cela dit, il est plus probable que les chiffres froids relatifs aux différentiels de taux entre les Etats-Unis et l’Europe, et le fait que la Fed allège sensiblement son bilan au cours des prochains trimestres, alors que la BCE continue d’imprimer des billets, reprennent le dessus à terme.