Ralentissement en vue pour les marchés actions au second semestre

AWP

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Pour Jörn Spillmann, stratégiste à la ZKB, de nombreux éléments laissent penser que l’économie mondiale entre dans sa phase de maturité.

Après un premier semestre tonitruant, les marchés actions devraient poursuivre sur leur lancée positive jusqu’à la fin de l’année. Analystes, stratégistes et économistes sont cependant unanimes sur un point: la cadence - exceptionnelle jusqu’ici - va ralentir.

L’exercice 2021 s’annonce d’ores et déjà comme un excellent cru boursier, les titres à dividende ayant réalisé entre janvier et juin la septième meilleure performance depuis 100 ans. Il faut remercier pour cela les banques centrales, qui ont continué à déverser tous azimuts des flots «d’argent bon marché» via leurs politiques monétaires accommodantes.

Le Swiss Market Index (SMI) a bondi de 12% au premier semestre, repoussant continuellement son plafond historique et franchissant ainsi la barre des 12’000 points. En comparaison internationale, l’indice phare de la Bourse suisse a connu une évolution tout à fait respectable. Ses homologues américains et européens ont enregistré des hausses plus modérées.

Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si ce bond était justifié ou non. La saison des résultats semestriels permettra de vérifier si la valorisation élevée des entreprises correspond effectivement à leur performance opérationnelle.

La rationalité des marchés actions face aux chiffres comporte cependant des limites. Les émotions jouent également un rôle important. De ce point de vue, les choses se présentent assez bien. La tendance positive des places boursières est soutenue par l’assouplissement des restrictions liées à la crise sanitaire en Allemagne et en Europe. Le redressement devrait également se poursuivre aux Etats-Unis et en Chine.

Pour Tobias Kistler, analyste à la Banque cantonale de Saint-Gall (SGKB), les bénéfices des entreprises devraient continuer à augmenter au deuxième semestre malgré un tassement de la courbe. Un scénario identique est prévu pour leur cours boursier.

Des entreprises confiantes

Les avertissements positifs sur résultats publiés par Bossard, Rieter, Schweiter et SFS ne font que renforcer ces perspectives optimistes, souligne Renato Flückiger, de la banque Valiant. Grâce à une forte demande sur les deux premiers trimestres, ces quatre entreprises ont revu à la hausse leurs objectifs financiers pour l’ensemble de 2021.

Les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement devraient s’atténuer et les prix du fret maritime, qui ont bondi depuis l’éclatement de la pandémie, ont entamé un retour graduel à la normale.

La crise sanitaire a cependant marqué les esprits, laissant les marchés actions très à fleur de peau, exacerbant la sensibilité à toute nouvelle négative, avertit Adrian Schneider, de la Banque cantonale des Grisons (GKB). Les craintes s’accumulent quant à la forte valorisation des actions et aux futures décisions des banques centrales.

Pour Jörn Spillmann, stratégiste à la Banque cantonale de Zurich (ZKB), de nombreux éléments laissent penser que l’économie mondiale entre dans sa phase de maturité, accompagnée traditionnellement par une hausse de la volatilité et des phases de consolidation sur les marchés des actions. Un ralentissement boursier est donc à prévoir, selon lui. La place zurichoise pourrait tirer son épingle du jeu, en raison de la qualité des acteurs qui y sont cotés.

Les spécialistes interrogés affirment que ce sont les entreprises du secteur de la santé qui présentent le meilleur potentiel pour ces prochains mois, grâce à un effet de rattrapage lié aux traitements repoussés en raison de la pandémie de COVID-19.

Le secteur financier ne sera pas en reste, à en croire Renato Flückiger et Tobias Kistler. La hausse attendue des taux d’intérêts aux Etats-Unis et la forte activité d’introductions en Bourse (IPO) devraient profiter aux établissements bancaires.

Les petites et moyennes capitalisations sont à suivre d’un oeil attentif, affirme pour sa part Adrian Schneider. Ces acteurs pourront améliorer leur rentabilité à la faveur d’une croissance vigoureuse et mieux s’adapter à des changements susceptibles d’intervenir sur leurs débouchés respectifs.

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