Premier bilan de l’adoption du Bitcoin par le Salvador

Alexandre Stachtchenko & Stanislas Barthélémi, Blockchain Partner by KPMG

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Chronique blockchain. En trois semaines, Bitcoin a permis l’inclusion financière de plus de Salvadoriens que les banques sur les 50 dernières années.

On attendait Bitcoin sur le volet RSE, et dès sa première utilisation comme monnaie officielle d’un pays, il répond présent: en 3 semaines, Bitcoin a permis l’inclusion financière de plus de Salvadoriens que les banques sur les 50 dernières années.

L’adoption de la loi «Bitcoin» début juin 2021 s’est concrétisée en 4 mois avec quelques enseignements à tirer. Le démarrage est positif, les utilisateurs se comptent en millions, les entreprises locales et internationales acceptent de plus en plus le bitcoin.

Le délai très court d’adoption était la principale source d’inquiétude, mais demeure une probable parade à la pression d’institutions comme le FMI.

Le Salvador est le premier pays de l’Histoire à :

  • Accepter Bitcoin comme monnaie ayant cours légal
  • Distribuer 30 dollars en bitcoins aux citoyens qui téléchargent Chivo (portefeuille numérique proposé par l’Etat)
  • Détenir 700 bitcoins en réserve (acquis à différents niveaux de prix)
  • Installer 200 Bitcoin ATM au Salvador et 50 ATM aux USA pour aider la diaspora à envoyer des flux de paiement
  • Miner du Bitcoin avec la géothermie des volcans, énergie 100% renouvelable pour un investissement de plus de 500 millions de dollars. Le président Bukele évoque cela avec humour sous le terme de «Volcanode», contraction de Volcan et de noeud, maillon essentiel du réseau Bitcoin

Le délai très court d’adoption était la principale source d’inquiétude, mais demeure une probable parade à la pression d’institutions comme le FMI peu enthousiaste sur ce choix alors que des aides sont en cours de discussion. 

En trois semaines, il apparaît que le Salvador a «financiarisé» plus de 2,3 millions d’habitants grâce à un projet open-source vieux de 12 ans, contre 1,7 million possédant un compte bancaire. Même les bitcoiners les plus convaincus auraient probablement eu du mal à croire à de tels chiffres. D’autant que ces statistiques ne concernent que le portefeuille Chivo et pas les alternatives possibles comme Galoy ou Phoenix.

Cette croissance se ressent dans les métriques (les statistiques principales) du Lightning Network, solution technique qui permet d’assurer l’instantanéité des transactions à des frais dérisoires (des poussières de centimes de dollars autrement appelées satoshis). La liquidité augmente, tout comme le nombre de canaux de paiement publics bien que tout ne soit pas quantifiable puisqu’il est possible de créer des canaux privés. Cette fonctionnalité permet par ailleurs d’assurer de la confidentialité dans les échanges et de rendre bitcoin plus fongible par ailleurs.  

Plus globalement, la capacité du réseau lightning a triplé en volume courant 2021 passant de 1’000 à 3’000 bitcoins. 

L’expérience prend un tournant intéressant et clairement positif.

Alex Gladstein, directeur stratégie de la Human Rights Foundation dans un papier (tout en nuance sur le dirigeant du Salvador) montre que l’adoption est réelle sur le terrain et augmente les ventes pour des commerçants locaux et aussi leur offre la capacité d’épargner ce bitcoin. 

Des conséquences se font ressentir au niveau international, et l’exemple du Salvador n’y est pas étranger:

  • Le Laos souhaite utiliser son hydroélectricité pour miner du bitcoin au regard de la sous utilisation de cette énergie et permet le trading de cryptoactifs. La chute du tourisme à cause du COVID a accéléré cette volonté. 
  • L’Ukraine a légalisé Bitcoin et le trading de crypto et considère qu’il s’agit d’une première étape avant d’autres lois sur ce secteur

Que le procédé de faire de bitcoin une monnaie ayant cours légal soit contre l’éthos de certains membres de la communauté est compréhensible. Néanmoins, l’expérience prend un tournant intéressant et clairement positif.

Le contraste est saisissant avec la réaction d’une Christine Lagarde qui, sur un ton péremptoire, explique que les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies, et agrémente son propos d’un subtil «full stop», signe d’une ouverture relative...

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