Pourquoi l’énergie solaire ne brille pas?

Salima Barragan

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Alexis Sautereau de NS Partners explique les facteurs qui concourent à la performance décevante du secteur.

Malgré les efforts en cours pour la transition climatique et les programmes de relance dédiés, l'enthousiasme pour l'énergie propre semble s'essouffler : l'indice Clean Energy a reculé de -30% depuis le début de l'année, impacté en grande partie par le secteur solaire. Selon Alexis Sautereau, gestionnaire d'un fonds de hedge funds dédié à la thématique de la transition énergétique chez NS Partners, plusieurs facteurs concourent à expliquer cette performance décevante.

UN POINT DE PIVOT

L’ère des investissements des fonds de private equity dans la transition énergétique durant la décennie écoulée se solde par un bilan mitigé, en raison d’un excès d’enthousiasme et d’une consolidation du marché. «Nombre d’entreprises sont devenues publiques et sont listées sur des bourses en Amérique, en Europe et en Asie offrant un panorama de société qui montent…ou qui baissent en fonction de leur capacité à créer de la valeur, d’où l’intérêt de l’utilisation des hedge funds pour investir dans cette thématique», explique Alexis Sautereau. Après un vent d’euphorie sur le secteur, grand nombre d’acteurs sont en train de payer leurs erreurs du passé. «On se rend compte de ce qui marche ou pas», ajoute-t-il.

LE REVERS DU SOLAIRE

Tout prédestinait l’énergie solaire à réussir. Pourtant, le secteur connaît un sérieux revers depuis 18 à 24 mois. Plusieurs raisons y concourent.

Sur le plan technique, la valorisation des installations solaires dépend de l’efficience des réseaux de distribution.

Les particuliers américains désireux d'installer des panneaux photovoltaïques sur leur maison pour bénéficier de l'électricité à faible coût, avaient prévu de rentabiliser leurs investissements en 3 ans, en revendant l'excédent d'énergie au fournisseur local. Mais en avril 2020, l'État de Californie a modifié les contrats. Il a réduit de 3 fois le tarif auquel les fournisseurs publics rachètent l'électricité, allongeant mécaniquement la période d'amortissement à 7 ans. Ce décret a réduit l’attrait du secteur pour les particuliers et provoqué un certain attentisme de la part des autres états.

Les conséquences des décisions politiques ne s’arrêtent pas là. Les États-Unis et la Zone euro avaient annoncé des règles incitatives autour de l’énergie, notamment le Inflation Reduction Act censé créer un cadre incitatif pour toutes les entreprises impliquées dans le développement des énergies renouvelables. «Cependant, le Trésor américain est très en retard sur l’application chiffrée et par conséquent, des pans entiers de l’industrie sont dans les starting block sans aucune visibilité», explique Alexis Sautereau.

Sur le plan technique, la valorisation des installations solaires dépend de l’efficience des réseaux de distribution. Cependant, les panneaux solaires à grande échelle sont contraints par les systèmes de connexion et de transmission. «Étant donné que la plupart des systèmes de distribution sont centralisés, la création d’un cadre incitatif pour toutes les entreprises impliquées dans le développement des énergies renouvelables et l’accès à un réseau reste compliqué», souligne-t-il. L’agence internationale de l’Énergie a calculé que la révision nécessaire des systèmes mondiaux de diffusion – soit 80 millions de kilomètres –, coûterait 1,7 trilliard de dollars US, «soit plus de la moitié des investissements tous secteurs confondus sur les 25 ans à venir».

Gourmandes en liquidité, les sociétés du secteur souffrent de l’élévation du coût de la dette. «La montée des taux assombrit leur potentiel de rentabilité, car leurs business plans sont établis sur la base de taux d’intérêt plus bas», explique-t-il.

Le secteur de la transition énergétique traverserait-il une crise d’adolescence? «Les avancées et les progrès nous rapprochent de la maturité nécessaire afin qu’investisseurs et industriels puissent accéder à la phase 2.0 de cette transition inéluctable avec lucidité et un avenir prospère», conclut-il.

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