Pour l’inflation, mourir peut attendre

James Beaumont, Natixis Investment Managers

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L'inflation est transitoire, mais elle devrait rester ancrée à un niveau plus élevé avant de baisser et de se stabiliser. Les ajustements seront progressifs et anticipés par les marchés.

©Keystone

La liste des risques pour les investisseurs ne cesse de s'allonger, mais l'inflation et le tapering sont restés clairement en tête en septembre. Les pressions sur les prix continuent de s'accentuer avec l'envolée des prix de l'énergie, notamment la demande de gaz et de carburant en Europe, les goulets d'étranglement de l'offre ne semblent pas être résolus, les stocks s'épuisent et la demande refoulée continue de se libérer avec la réouverture de l'économie. 

Les chefs d'entreprise parlent de plus en plus de pressions croissantes sur les prix. Cela intensifie les discussions sur la réduction progressive de l’achat d’actifs par les banques centrales qui ont pris note que ces pressions pourraient durer plus longtemps que prévu initialement. La Fed a indiqué «qu’une modération du rythme des achats d'actifs pourrait bientôt être justifiée», et pourrait être annoncée en novembre. Le DOTS a montré une première hausse potentielle des taux dès la fin 2022. De même, la Banque d'Angleterre a relevé sa prévision d'inflation de fin d'année à 4%, et a laissé entendre qu'elle pourrait relever son taux directeur l'année prochaine. La Norges Bank est devenue la première banque centrale européenne à relever son taux directeur. Mais cela ne constituera pas un réel problème et ne fera pas dérailler la reprise. 

Les rendements ont bondi dans le monde entier et sont revenus à leur niveau de juin, le gilt à 10 ans atteignant son plus haut niveau depuis deux ans après le ton plus faucon de la BoE. Nous nous attendons à ce que les rendements continuent d'augmenter à mesure que la normalisation de la politique monétaire se poursuit, que la reprise se déploie et que les pressions inflationnistes restent non résolues. 

Malgré des signes de ralentissement, la reprise économique est sur la bonne voie.

Nous avons probablement dépassé le pic de croissance, mais tout en décélérant, celle-ci restera à un niveau élevé. L'activité manufacturière reste forte et le secteur des services, qui a souffert des inquiétudes liées au variant delta pendant l'été, a encore de la marge pour rattraper son retard et prendre le relais de la croissance. Le soutien budgétaire reste ample avec le paquet bipartisan de 1’000 milliards de dollars pour les infrastructures et le plan budgétaire de 3’500 milliards de dollars axé sur les infrastructures «douces» actuellement en discussion à la Chambre des Représentants après avoir été approuvé le mois dernier au Sénat. La nécessité d'une augmentation de la limite de la dette publique est actuellement discutée au Congrès, mais le Trésor américain a pris des mesures pour fournir le financement nécessaire dans l'intervalle. En Europe, les pays continuent de recevoir leurs premières tranches d'argent du Fonds européen de relance économique, doté de 750 milliards d'euros. Il y a encore beaucoup de liquidités et de demande refoulée à déployer, et la forte demande et les dépenses des consommateurs devraient continuer à soutenir la reprise.

La propagation du variant delta semble s'être stabilisée dans le monde entier et les hospitalisations sont restées sous contrôle jusqu'à présent. Les risques liés à la COVID semblent avoir reculé derrière les inquiétudes liées à l'inflation, au tapering ou aux erreurs de politique monétaire des banques centrales. Les gros titres sur la réglementation chinoise ont fait place aux craintes qu'Evergrande, le deuxième promoteur immobilier de Chine en termes de revenus, ne s'effondre et ne crée un risque systémique. Ce risque n’est pas systémique et nous ne sommes pas dans un cas similaire à Lehman Brothers, car l'exposition financière est limitée et les autorités chinoises veilleront à ce que la contagion reste faible.

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